Le HuffPost | Par Geoffroy Clavel Publication: 29/04/2014 11h15 CEST | Mis à jour: 29/04/2014 11h16 CEST
PROGRAMME DE STABILITÉ - Personne (ou presque) ne dérogera à la règle. Alors que l'UMP promet de lancer un plan d'économies de 120 milliards d'euros en cas d'alternance, la quasi-totalité de ses parlementaires voteront contre le programme de stabilité du gouvernement Valls, qui prévoit lui-même 50 milliards de coupes budgétaires pour financer les pactes de responsabilité et de solidarité.
Une posture politique alors que la droite n'a elle même jamais conduit un plan d'économies aussi drastique? Pas du tout, assure l'UMP dont les ténors se sont relayés ce mardi dans les médias pour justifier cette décision. Sans toujours réussir à éviter le grand écart.
"Il y a un progrès incontestable par rapport à son prédécesseur", reconnaissait ainsi François Fillon à Manuel Valls ce matin sur France Inter. "Pour autant, je ne peux pas soutenir un plan qui est présenté à Bruxelles et qui repose sur des hypothèses [de croissance] totalement fantaisistes", a exclu l'ancien premier ministre.
François Fillon : "Geler les retraites n'est... par franceinter
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Pour Jean-François Copé, qui défendra la position du groupe UMP cet après-midi à l'Assemblée, pas question de soutenir un plan de "rationnement sans réforme". "On gère la pénurie au lieu de changer de modèle. On gèle les pensions sans réformer les retraites, on gèle les traitements des fonctionnaires mais on augmente les effectifs de la fonction publique", explique-t-il dans un entretien accordé aux Echos.
De NKM à Raffarin en passant par Baroin
Exception notable, le député des Français de l'étranger Frédéric Lefebvre a annoncé qu'il voterait pour le programme de stabilité. "Les Français sont prioritaires et doivent passer avant les considérations partisanes. Notre opposition se doit d'être constructive", prêche (dans le désert) l'ancien secrétaire d'Etat de Nicolas Sarkozy. Le filloniste Jérôme Chartier devrait quant à lui s'abstenir, estimant dans Le Monde que le plan Valls s'inscrit dans la continuité du programme de rigueur présenté par... François Fillon et Nicolas Sarkozy en novembre 2011.
Partout ailleurs, c'est le front du refus qui l'emporte. "Non mais", résumait le sénateur Jean-Pierre Raffarin sur RTL. en écartant "l'austérité sans les réformes".
"Réformer plutôt que rationner", plaide Nathalie Kosciusko-Morizet dans une tribune publiée sur Le HuffPost.
En clair: l'UMP reproche à Manuel Valls de ne pas appliquer son propre programme mais veut surtout éviter de soutenir le virage social-libéral de François Hollande. L'ancien ministre du Budget, François Baroin, assume d'ailleurs crânement le paradoxe. "Je voterai contre, non parce qu'elles [ces mesures] ne sont pas nécessaires, mais parce que ces mesures disent tellement de choses de ces deux ans de pouvoir de François Hollande", a justifié le député UMP sur BFMTV.
Les centristes opteront pour une "abstention d'encouragement"
Un pas de deux qui tranche avec "l'opposition constructive" prônée par certains députés centristes, qui pourraient s'abstenir cet après-midi lors du vote consultatif programmé à l'Assemblée nationale.
Certes, l'UDI n'ira pas jusqu'à voter le plan d'économies de Manuel Valls/ Le député UDI Yves Jégo, qui fait l'intérim de Jean-Louis Borloo à la tête du parti, a mis en avant deux conditions préalables à un vote favorable: accélérer la réforme des retraites fixant l'âge légal à 62 ans ainsi que le calendrier de la baisse des cotisations pour les entreprises.
Mais faute d'obtenir gain de cause, la majorité des députés centristes ne devrait pas voter contre le programme de stabilité. Ce qui marquerait déjà un soutien tacite au gouvernement. Mathématiquement, plus il y d'abstentions, plus le seuil requis pour la majorité s'abaisse, ce qui peut donc faire l'affaire de Manuel Valls, qui redoute une abstention sanction d'une partie de sa majorité, hostile au pacte de responsabilité.