Le Monde.fr | 25.04.2014 à 10h54 • Mis à jour le 25.04.2014 à 11h10 | Par Patrick Roger
Manuel Valls, le 24 avril à Saint-Lubin-des-Joncherets (Eure-et-Loire).
Existe-t-il une majorité alternative pour appuyer le plan d'économies et le pacte de responsabilité et de solidarité mis en oeuvre par le gouvernement de Manuel Valls, qui sera soumis au vote consultatif des députés mardi 29 avril ? Le premier ministre devra-t-il aller chercher dans l'opposition les voix qui lui feront défaut dans la majorité ? A-t-il fait le choix d'aller à l'épreuve de force avec une partie, même, des députés socialistes ?
M. Valls, interrogé par Le Monde, s'en défend :
« Je vois bien que vous, les médias, par un jeu de miroirs, cherchez à installer l'idée que nous pourrions utiliser la droite, dit-il. Ce n'est pas le sujet. J'ai confiance dans le dialogue que nous avons noué avec le groupe socialiste. Pas seulement pour le pacte, mais aussi pour la période à venir. Je compte d'abord et avant tout sur le vote des socialistes, des radicaux de gauche et des écologistes. »
La réunion du groupe socialiste, qui s'est tenue mercredi 23 avril, a témoigné, cependant, d'une véritable déchirure. Jamais, depuis le début du quinquennat, ne s'étaient exprimées autant de voix critiques, encore traumatisées par la débâcle des municipales et qui s'interrogent sur les choix de l'exécutif. A tel point que la contribution de quelques voix de l'opposition, ou, à tout le moins, l'abstention d'une partie d'entre elles, pourrait s'avérer décisive.
« Il n'y a aucun pari sur des voix qui viendraient de la droite ou du centre droit », assure le premier ministre.
« Que la droite et le centre prennent leurs responsabilités vis-à-vis de l'Europe et du pays, c'est autre chose. Il fallait annoncer les 50 milliards d'économies. Il n'y avait pas d'autre choix, il fallait le faire. Après, le rôle du Parlement est tout à fait légitime. Qu'il y ait un rappel pour les catégories C de la fonction publique, qu'il y ait une clause de revoyure, qu'il y ait une mesure pour les salariés les plus modestes et les petites retraites, c'est normal. Nous y travaillons. »
Barnier sur le plan d'économie de Valls: "Je pourrais le voter si j'étais député" - 25/04
Apolline de Malherbe recevait, vendredi matin, Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, dans Bourdin direct sur BFMTV et RMC. Michel Barnier a été interrogé sur sa position vis-à-vis du plan d'économie lancé par Manuel Valls, le Premier ministre. "S'il y a de bonnes mesures dans le plan d'économies de Manuel Valls, je pourrais le voter si j'étais député", a déclaré Michel Barnier, qui ajoute : "il faut même aller plus loin et faire plus de réformes"
Lire le décryptage : Plan d'économies de 50 milliards : si vous avez raté un épisode
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DÉFECTIONS
Le président du groupe socialiste Bruno Le Roux à l'Assemblée, en janvier 2013.
Cela suffira-t-il à convaincre l'ensemble de la majorité ? En dépit des pressions et des rappels à la discipline majoritaire, nombre de députés s'interrogent encore, voire sont déterminés à ne pas voter le programme de stabilité.
Dans une tribune publiée vendredi dans Libération, trois députés PS proches de Martine Aubry, Laurence Dumont, Jean-Marc Germain et Christian Paul, expliquent pourquoi ils ne le voteront pas. « Pour la première fois depuis juin 2012, nous n'apporterons pas notre suffrage au gouvernement issu de la majorité à laquelle nous appartenons », écrivent-ils.
Exceptionnellement, le bureau national (BN) du PS se réunira lundi soir pour arrêter « une position solennelle ». Toutes les mesures d'aménagement proposées par le gouvernement devraient être annoncées lundi. « Il y aura un vote solennel du BN, a annoncé Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, qui se rendra mardi devant le groupe socialiste. Nous demanderons à ce que l'ensemble des parlementaires respectent la décision du BN. Et j'ai confiance, je pense que, très très largement, cela sera entendu. » L'avertissement est clair.