Le Monde.fr avec AFP | 11.04.2014 à 02h55 • Mis à jour le 11.04.2014 à 08h15
En déplacement à Washington, le ministre des finances a ressuscité l'engagement de la France à ramener son déficit public sous le seuil de tolérance européen.
Michel Sapin, fraîchement nommé ministre des finances et des comptes publics, a ressuscité jeudi 10 avril l'engagement de la France à ramener son déficit public en 2015 sous le seuil de tolérance européen de 3 % du PIB. C'est « est un objectif que nous devons maintenir », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Washington, où il participe à une réunion du Fonds monétaire international (FMI), estimant que le respect des règles européennes sur les déficits était « dans l'ordre du faisable » dès 2015.
Ces déclarations interviennent alors que beaucoup pensent cet objectif définitivement enterré. La Commission européenne ne semble plus y croire, prévoyant de son côté un déficit français à 3,9 % en 2015, alors même que la France a déjà bénéficié de deux reports pour atteindre ce seuil l'an prochain.
Le prédécesseur de Michel Sapin, Pierre Moscovici, évitait soigneusement depuis des mois de prononcer le chiffre fatidique, préférant parler des « engagements de la France ». Il avait lui-même annoncé récemment qu'il voulait « discuter » avec la Commission européenne du « rythme » de la réduction des déficits français, ce qui avait été interprété comme un renoncement au retour aux 3 %.
« DE TRÈS GROSSES ÉCONOMIES »
Les dernières prévisions du FMI, publiées mercredi 9 avril, ont néanmoins évoqué un déficit public français à 3 % en 2015. La marche sera très haute à franchir, puisque la France a un déficit public se montant à 4,3 % du PIB, plus élevé que celui prévu l'an dernier.
Accueil compréhensif à Berlin pour Sapin et Montebourg
Première réunion à Berlin des ministres allemand et français des Finances : Wolfgang Schaeuble et Michel Sapin. Le français, nommé la semaine dernière à ce poste dans le gouvernemenrt Valls, est venu à Berlin vanter les réformes que doit exposer mardi le premier ministre français. La France s’est engagée après deux report acceptés par Bruxelles, à ramener son déficit public sous la barre de 3% du Produit intérieur brut fin 2015, mais plus personne n’y croit. “Nous avons besoin d’une croissance supplémentaire,a expliqué Michel Sapin.C’est indispensable pour faire en sorte que l’ensemble des engagements pris par la France puissent être ainsi respectés dans cet intinéraire 2015, 2016, 2017”. Wolfgang Schaüble, le ministre allemand des finances qui gère un pays en situation d’excédent budgétaire, s’est montré conciliant. “La Francde connaît ses responsabilités, et ça a été confirmé par ce que vient de dire Monsieur Sapin. Nous n’avons pas besoin d’autres preuves, a poursuivi Wolfgang Schaüble. Nous savons que chacun de nos pays dépend de l’autre et l’Allemagne a besoin d’une France forte”. Au cours de son intervention, Wolfgang Schaüble a également souligné son attachement à une “croissance durable”, non fondée sur une croissance des déficits. Michel Sapin est venu à Berlin en compagnie du ministre de français l’Economie Arnaud Montebourg et chacun des deux ministres a fait attention à ne pas empièter sur le pré carré de l’autre.
Pour revenir dans les clous, Michel Sapin a répété à Washington qu'il n'était pas question d'augmenter à nouveau les impôts, mais de passer exclusivement par des économies, d'un montant de 50 milliards d'euros en trois ans. « On peut faire de très grosses économies sans toucher aux droits fondamentaux des Français », a martelé le ministre jeudi, qui a par exemple promis qu'il n'y aurait « aucune diminution » de remboursement des médicaments, l'effort en la matière devant porter sur une réduction de la consommation et une baisse des prix.
Michel Sapin, qui vient aussi à Washington pour assurer le service après-vente des dernières réformes françaises et du programme de Manuel Valls, espère « une forme de choc de confiance de la part de ceux qui nous regardent en Europe et dans le monde ». Les partenaires de la France doivent prendre « bien conscience que quelque chose change », selon lui. Le ministre a prévu des entretiens bilatéraux aussi bien avec la patronne du FMI, Christine Lagarde, qu'avec le secrétaire américain au Trésor, Jacob Lew, ou le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi.