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Présidentielle 2017 : Fillon ne croit pas à «l'homme providentiel»
Mis à jour le 11/07/2013 à 21:07 - Publié le 11/07/2013 à 21:04François Fillon pendant le meeting à La Grande-Motte, jeudi soir.
En meeting dans l'Hérault, l'ancien premier ministre a répondu avec vigueur au retour de Nicolas Sarkozy : «L'UMP ne peut vivre immobile, congelée, au garde à vous, dans l'attente d'un homme providentiel !»Le gant est donc relevé. Nicolas Sarkozy, lundi, est sorti de sa retraite politique et a sévèrement rabroué tous ceux qui, à droite, ambitionnent de le remplacer. François Fillon, jeudi soir, lui a répondu, en des termes qui ne laissent pas de place au doute: l'ancien premier ministre est déterminé à se présenter à la présidentielle de 2017, y compris si l'ex-chef de l'État se trouve sur la route.
La logique défendue par le député de Paris devant 500 personnes réunies au théâtre de verdure de La Grande-Motte est simple. Le candidat de la droite sera désigné au terme d'une primaire. Les militants en ont décidé ainsi. «Chacun a le droit de vouloir servir son pays et chacun aura le droit d'être candidat aux primaires, mais personne ne peut dire «circulez! Il n'y a rien à voir, le recours c'est moi!»», a-t-il défendu. Grâce à la primaire, «les conciliabules secrets pour désigner notre candidat, c'est fini! Le choix par les sondages redressés, c'est fini! L'auto-proclamation, c'est fini!»
Si le message n'était pas suffisamment clair, Fillon rappelle qu'il était à l'UMP, lundi, quand Nicolas Sarkozy a fait son retour politique. «Je l'ai écouté avec intérêt et respect, et l'accueil qui lui fut réservé fut chaleureux. Cependant, je ne lie pas l'avenir de l'UMP à un homme, a-t-il expliqué. L'UMP ne peut vivre immobile, congelée, au garde à vous, dans l'attente d'un homme providentiel!» Dans le match qui se dessine, «nous devons tous refaire nos preuves, moi le premier», estime Fillon. «Rester sur son piédestal en attendant que la gauche s'effondre et en espérant être plébiscité des Français, c'est l'assurance de l'échec», lance-t-il sentencieux. Pour lui, de toute façon, «la France de 2013 est très différente de celle de 2007». «Et que sera-t-elle en 2017?», dix ans après l'élection de Nicolas Sarkozy à l'Elysée.
«Il faut solder le passé»
L'ancien premier ministre profite de sa tribune pour recadrer ceux qui à droite - et les sarkozystes les premiers - ont multiplié les critiques contre les institutions et, singulièrement, contre le Conseil constitutionnel depuis qu'il a rejeté les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. «La sanction est sévère, concède-t-il, et peut paraitre disproportionnée par rapport à des événements similaires qui ont pu se produire dans le passé, mais notre famille politique est un parti de gouvernement qui se doit d'appliquer la loi républicaine et de respecter les juridictions.»
«On ne peut exiger des Français qu'ils respectent les règles, si nous même nous les réfutons», ajoute-t-il. Pour sa part, François Fillon s'engage à tout faire pour «aider l'UMP à remettre de l'ordre dans ses finances». «Il faut solder le passé», lâche-t-il enfin, laissant chacun interpréter de quel «passé» il s'agit.
Sur le chemin de la présidentielle de 2017, Nicolas Sarkozy a fait le premier pas en rompant lundi avec le silence qu'il s'imposait depuis un an. François Fillon a fait un pas de plus jeudi soir. «Il y a un avant et un après, estime Jérôme Chartier en marge du meeting de La Grande-Motte. Cela se voit sur le visage de Francois Fillon, dans ses mots. Il est parti et il a les crocs.»
«Je me demande si Nicolas Sarkozy n'a pas fait une erreur, s'interroge un ancien ministre. Il en a trop fait. L'orgueil de Fillon est froissé et c'est un moteur qu'il est risqué d'avoir fait démarrer.» Coïncidence: lors de la réunion du bureau politique lundi à l'UMP, Gérard Longuet a glissé un petit opuscule à François Fillon. Dans «Le catéchisme de l'abbé Fillion», que l'ancien premier ministre a feuilleté, il est tombé sur la définition de l'orgueil.