Le HuffPost | Par Geoffroy Clavel Publication: 21/03/2014 16h46 CET | Mis à jour: 21/03/2014 16h46 CET
NICOLAS SARKOZY - Nicolas Sarkozy a-t-il vraiment aidé sa famille politique en publiant une tribune au kärcher à seulement trois jours du premier tour des municipales? Au vu du soutien plus que mitigé que lui a adressé l'UMP depuis, on peut sérieusement en douter.
Hormis certains sarkozystes historiques, rares ont été les ténors du parti conservateur à prendre la parole dans les médias pour soutenir l'ancien président de la République alors que la gauche se déchaînait contre lui. Une discrétion qui tranche avec l'indignation générale qui avait accueilli les révélations sur l'affaire des écoutes.
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Parmi les hauts responsables de l'UMP, seul Jean-François Copé est monté au créneau pour afficher sa solidarité. "C'était important pour notre famille politique d'entendre sa voix", a jugé de député-maire de Meaux tout en appelant les Français à voter massivement dimanche pour les candidats de l'UMP.
Un autre grand brûlé de l'ère Sarkozy a volé au secours de l'ancien président. "Sarkozy a un énorme défaut: quand on l'attaque il ose se défendre", a tweeté l'ancien ministre Eric Woerth, mis en examen dans l'affaire Bettencourt..
Brice Hortefeux, Henri Guaino, Nadine Morano les chefs de file de la Droite forte ont certes retroussé leurs manches. Mais ailleurs, c'est silence radio. Y compris chez certains sarkozystes de la première heure concentrés sur leur campagne, comme Christian Estrosi, qui vise une réélection dès le premier tour à Nice. "Copé a fait le service minimum. Mais au fond, c'est l'embarras général", reconnait un élu copéiste qui désapprouve la riposte au lance-flamme de l'ancien président.
"Sarkozy est entré dans une stratégie de survie"
Si personne n'ose prendre la parole contre l'ancien président de la République, le timing de cette contre-attaque, décidé seul, et surtout le ton incendiaire choisis par Nicolas Sarkozy ont décontenancé une droite convalescente. Alors que tout le monde espérait que le climat des affaires ne se ferait pas (trop) ressentir dans les urnes ce dimanche, la tribune de Nicolas Sarkozy a fait l'effet d'une douche froide.
"C'était too much. Sarkozy est entré dans une stratégie de survie sans se soucier de l'UMP", déplore un ancien ministre sous couvert d'anonymat. Pour autant, assure cette même source, "cela n'aura probablement pas beaucoup d'effet sur des élections locales".
Raison de plus pour ne pas en rajouter. Comme Jean-Pierre Raffarin, François Fillon n'a toujours pas réagi officiellement. Un de ses proches s'est borné à relever que la défense de Nicolas Sarkozy était "compréhensible" et que l'ancien président avait "raison de vouloir être respecté dans ses droits". Même Nathalie Kosciusko-Morizet, qui faisait déjà référence la veille aux méthodes de la Stasi, n'a pas commenté la diatribe de l'ancien président. "Et c'est la seule candidate que Nicolas Sarkozy a ouvertement soutenue", raille au passage un député de l'opposition.
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Juppé du bout des lèvres
Si Nicolas Sarkozy n'a apparemment consulté personne à l'UMP, sa tribune pourrait ne pas être totalement déconnectée des enjeux municipaux. Selon un proche de l'ancien président cité par Le Monde, Nicolas Sarkozy aurait ainsi cherché à devancer la réélection triomphale de la seule personne capable de rivaliser avec lui en 2017, à savoir Alain Juppé.
"A partir de dimanche, ça va être le début de la séquence Juppé. Nicolas Sarkozy ne pouvait pas continuer à prendre des coups tous les jours et assister ébahi à la montée en puissance de Juppé sans réagir", relève ce fidèle.
Un éclairage qui pourrait expliquer la réaction toute en nuance de l'ancien premier ministre à la tribune de Nicolas Sarkozy. "Jai lu ce texte attentivement, c'est un beau texte. On y sent une indignation sincère. Je comprends. Puis parfois il y a un mot qui dépasse la pensée, sans doute", a confié Alain Juppé à Europe1.