Le Monde.fr avec AFP | 04.03.2014 à 05h59 • Mis à jour le 04.03.2014 à 10h19
La Sibérie.
Un nouveau type de virus géant a survécu plus de trente mille ans à la congélation, dans une couche de permafrost sibérien contemporaine de l'extinction de l'homme de Neandertal, selon une étude publiée dans les comptes rendus de l'Académie des sciences américaines, les PNAS, lundi 2 mars.
Baptisé Pithovirus, ce virus très ancien, capable d'infecter des amibes mais inoffensif pour l'homme et les animaux, porte désormais à trois le nombre de familles connues de virus géants. Découvert dans le sol gelé en permanence de l'extrême Nord-Est sibérien, Pithovirus est bien différent des autres virus géants, comme les Mimivirus, découverts en 2003 en Grande-Bretagne, ou les Pandoravirus, décrits dans la revue Science en juillet 2013. Son génome, de moins de 500 gènes, est notamment plus petit que celui du Pandoravirus, qui en a plus de 2 500.
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Les virus géants, d'un diamètre supérieur à 0,5 millionième de mètre, sont aisément visibles avec un simple microscope optique. Ils renferment un très grand nombre de gènes par rapport aux virus courants – ceux de la grippe ou du sida n'en contiennent qu'une dizaine. Leur taille et leur génome est comparable à ceux de nombreuses bactéries.
LA FONTE DES GLACES, UN RISQUE POUR LA SANTÉ PUBLIQUE
« La démonstration que des virus enfouis dans le sol il y a plus de trente mille ans puissent survivre et être encore infectieux suggère que la fonte du permafrost due au réchauffement climatique et l'exploitation minière et industrielle des régions arctiques pourraient comporter des risques pour la santé publique », souligne Jean-Michel Claverie (laboratoire Information génomique et structurale au CNRS à Marseille), coauteur de l'étude.
Hormis la fonte des glaces, susceptible de libérer des pathogènes, la région de Choukotka, d'où provient ce virus géant, abrite en effet de grandes réserves de pétrole, de gaz naturel, de charbon, d'or et de tungstène. « En creusant pour trouver du pétrole ou du gaz, des hommes pourraient bien involontairement entrer en contact avec des microbes (...) être contaminés et devenir des vecteurs », disent aussi les chercheurs dans Le Figaro.
La possibilité d'une réémergence de virus considérés comme éradiqués à partir de ce grand frigo qu'est le permafrost ne relève donc plus d'un scénario de science-fiction, estime M. Claverie. Celui de la variole par exemple, qui a sévi jadis en Sibérie, se multiplie de façon similaire aux Pithovirus, et pourrait toujours exister sous terre. Récemment, c'est un nouveau parasite protozoaire séquestré par la glace qui a émergé, selon Le Figaro, et a affecté otaries, morses et ours de l'Arctique au Canada.
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