Le Monde.fr | 19.02.2014 à 19h35 • Mis à jour le 20.02.2014 à 10h04 | Par Marlène Duretz
Xavier prend en photos « uniquement les plats qui [lui] plaisent et qui ont été le vecteur d'une émotion visuelle ».
Photographier le plat que l'on s'apprête à consommer dans un restaurant est une pratique familière des chasseurs d'images culinaires amateurs. A la question « Vous avez pris l'habitude de prendre en photo les plats que vous consommez lors de vos repas pris à l'extérieur. Depuis quand et dans quel but ? », les lecteurs du Monde.fr s'accordent, quasi-unanimement, sur la notion de partage.
Partager « les plats les plus beaux » importe aux gastronomes sensibles à l'esthétisme culinaire, tel Dominique, retraité de l'éducation nationale. « Je trouve que parfois la présentation de nos assiettes ressemble à une œuvre d'art, écrit cet autre Dominique, retraité également. Et je souhaite juste en faire profiter mes proches qui ne m'accompagnent pas toujours. » « Profiter d'une assiette, c'est aussi manger avec les yeux », selon Franck, qui « apprécie le côté graphique des plats proposés par nos chefs français. Avec ou sans étoile. » Marina passe par la photographie pour « mettre l'eau à la bouche » de ses amis. « La vision et le goût d'un plat sont difficiles à décrire, grâce à la photo, tout est dit ! », résume-t-elle.
« TOUT CE QUI SE TROUVE DANS MON ASSIETTE M'APPARTIENT »
Conquis par les plats qu'ils ont consommés, les gastrolâtres photographes tiennent à prolonger leur dégustation. Elle tient souvent en un souvenir qu'un seul cliché est à même de faire (re)surgir. « Nous dégustons à nouveau ces excellents plats », explique Dominique, pour qui regarder avec les siens les photos qu'il en a prises, constitue « un grand moment de convivialité ».
Ces photos permettent aussi d'estomper la distance qui sépare leurs auteurs de leurs enfants et amis chers. « Nous nous échangeons très régulièrement des photos des plats que nous mangeons. C'est simplement l'occasion de partager un moment avec mes amis qui ne sont pas là », avoue Antoine, tandis que Dominique les envoie à ses enfants « pour leur faire envie car ils sont amateurs de bonne cuisine ».
Pragmatique, Edward prend ses assiettes en photo depuis deux ans et justifie son geste par l'aide précieuse qu'il lui apporte : « Cela m'aide à me souvenir de ce que j'ai mangé. » Xavier, lui, prend « uniquement les plats qui [lui] plaisent et qui ont été le vecteur d'une émotion visuelle », assurant que « le restaurant qui m'interdira de prendre des photos perdra indubitablement un client ». Il est rejoint par France, qui ne mâche pas ses mots : « Je n'apprécierais pas que l'on me prive de ce droit puisque, après tout, ce qui se trouve dans mon assiette m'appartient puisque je l'ai payé et parfois plus cher que ce que ça vaut ! »
Lire aussi :
La photo dans les petits plats
http://www.lemonde.fr/vous/article/2014/02/18/la-photo-dans-les-petits-plats_4368442_3238.html
A la table du Web
http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/03/14/a-la-table-du-web_1847954_3246.html
Les paparazzis de l'assiette
http://www.lemonde.fr/style/article/2012/07/27/les-toc-de-l-epoque-les-paparazzis-de-l-assiette_1738619_1575563.html