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Pourquoi les prothèses auditives ont peu de succès
Publié le 24/02/2012En France, 750.000 à 1 millions de personnes porteraient des prothèses auditives.
Seulement 15% des personnes ayant des problème d'audition se font appareiller. En cause: des problèmes de prix, d'image et d'efficacité.
Les prothèses auditives ne font pas recette aux États-Unis, comme dans beaucoup d'autres pays d'ailleurs. Parmi les personnes âgées de plus de 50 ans et souffrant d'une perte d'audition, 14 % seulement sont équipées d'un de ces petits appareils. Chez celles âgées entre 50 et 59 ans, la proportion tombe à 4,3 %. C'est ce que révèle la première étude réalisée outre Atlantique à partir de données publiques et non de sondages financés par les industriels (
Archives of Internal Medicine, en ligne le 15 février).
La situation est quasi identique en France où il y aurait près de 6,3 millions de personnes ayant des problèmes d'audition, le taux d'appareillage étant estimé à 17 %, soit 750.000 à 1 million de personnes. L'OMS considère que l'on a des problèmes d'audition à partir du moment où on a des difficultés à entendre des sons de 20 décibels.
Aux États-Unis, les motifs invoqués par les personnes qui ne veulent pas s'appareiller sont d'abord des raisons financières et un manque d'informations. Beaucoup considèrent aussi que la perte d'audition est inévitable avec l'âge et que ce n'est pas un problème majeur, comme l'indique Wade Chien, de l'université John Hopkins. Ce dernier mène actuellement des recherches pour savoir dans quelles mesures les prothèses auditives peuvent favoriser la vie sociale, la mémoire et les capacités cognitives des personnes âgées qui en sont équipées. On sait en effet que le fait de ne pas bien entendre peut conduire à l'isolement et au retrait.
Les performances jugées insuffisantes«En France, dans l'inconscient collectif, celui qui n'entend plus bien est perçu comme quelqu'un qui est au bout du rouleau. C'est pour cette raison que les gens ne veulent pas d'aide auditive», avance aussi Christian Hugonnet, ingénieur acousticien et président fondateur de la Semaine du son, organisée chaque année au mois de janvier. Tous les commentaires autour de l'appareil auditif de Jacques Chirac sont révélateurs de ce regard porté sur la surdité due à l'âge. Les industriels l'ont d'ailleurs bien compris qui se sont lancés dans une véritable course à la miniaturisation.
Les performances des prothèses expliquent aussi en partie la désaffection dont elles sont l'objet. «Beaucoup de gens me disent qu'ils ont acheté un appareil, qu'ils l'ont essayée mais qu'ils l'ont rangée dans un tiroir au bout de quelques semaines pour ne plus jamais la ressortir», souligne le chercheur américain. Rien ne remplacera le son naturel perçu par l'oreille et que le cerveau a appris à traiter depuis le plus jeune âge.
Même si des progrès dans l'audibilité ont été réalisés par plusieurs fabricants au cours des dernières, Christian Hugonnet évoque notamment la gêne ressentie dans les milieux bruyants, faute de discrimination entre le bruit de fond et le son émis à proximité. Il note aussi que certaines personnes souffrent parfois de ne pas reconnaître la voix de leurs proches à travers les filtres des appareils.