Le HuffPost/AFP | Publication: 12/02/2014 20h31 CET | Mis à jour: 12/02/2014 20h31 CET
GATTAZ - Vertement recadré par le président François Hollande après avoir refusé de s'engager à créer des emplois en échange d'allègements de charges pour les entreprises, le patron des patrons français a finalement reculé mercredi 12 février et évoqué la possibilité d'"engagements chiffrés". "Je n'exclus pas des engagements chiffrés qui seraient des objectifs à partager sur la base d'estimations", a déclaré Pierre Gattaz à la presse à bord de l'avion du président français François Hollande, entre Washington et San Francisco.
Pour autant, "sur les contreparties du pacte de responsabilité", le patron des patrons entend rester "ferme sur les prix". Au premier jour de la visite de François Hollande aux Etats-Unis, placée sous le signe de l'offensive économique, le président du patronat français avait semé le trouble, répétant que les allègements de charges promis ne devaient pas s'accompagner de "contrainte" sur les entreprises.
"Il faut arrêter de gérer par la contrainte"
"Il faut arrêter de gérer par la contrainte. Aujourd'hui, quand on parle de contreparties, j'entends aussi des gens qui disent 'on va vous obliger, vous contraindre, vous mettre des pénalités, si vous ne le faites pas, on va vous punir' ", avait-il dit.
François Hollande, suivi par son Premier ministre Jean-Marc Ayrault et plusieurs ministres, avait rappelé M. Gattaz à l'ordre. "Des engagements, les entreprises doivent également en prendre au niveau approprié pour créer de l'emploi", avait lancé le chef de l'Etat mardi soir au cours d'une conférence de presse à la Maison Blanche. Il faut "être capable de mobiliser l'ensemble du pays pour un objectif", avait insisté le président socialiste.
Le "pacte de responsabilité" entre le patronat et l'Etat français, qui doit donner lieu à de premières discussions le 28 février entre le patronat et des syndicats, prévoit une baisse de 30 milliards d'euros des cotisations patronales en échange de la création d'emplois.
Il y a quelques "bonnes idées"
Dans le passé, le patron du Medef s'était engagé à créer un million d'emplois en cinq ans s'il obtenait 100 milliards de baisse de charges sociales et fiscales. Avant d'affirmer le 17 janvier : "je ne signerai jamais (un document prévoyant) que nos entreprises vont créer un million d'emplois, ce serait suicidaire".
"On ne pourra pas faire n'importe quoi", a expliqué mercredi Pierre Gattaz. "Je ne pourrai jamais prendre un engagement juridique dans un environnement instable, mondialisé et très concurrentiel", a-t-il fait valoir, réaffirmant que le pacte de responsabilité ne devait pas être transformé en un "pacte de contrainte". Mais pour Pierre Gattaz, le "niveau approprié", évoqué par le président Hollande à Washington, des engagements qui seraient pris par les entreprises en échange d'allègements de charges "est une bonne idée".
"Il y aura des engagements de mobilisation sur les apprentis et les emplois à la condition que les choses bougent et que certains verrous se débloquent", assure-t-il, "l'enjeu" étant "la création d'un million d'emplois nets en cinq ans auquel je crois". Mercredi, Didier Migaud, président socialiste de la Cour des comptes, l'organisme officiel chargé du contrôle des dépenses publiques, avait lui aussi tenté d'éteindre l'incendie en souhaitant que "chacun se retrousse les manches et ait un comportement constructif".