Municipales: le Modem de Bayrou écartelé entre PS et UMP
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Petrus.m
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Sujet: Municipales: le Modem de Bayrou écartelé entre PS et UMP Lun 10 Fév - 14:11
Le HuffPost | Par Geoffroy Clavel Publication: 10/02/2014 13h15 CET | Mis à jour: 10/02/2014 13h15 CET
MUNICIPALES - Affaibli par le score décevant de François Bayrou à la présidentielle, désarçonné par le mariage politique avec l'UDI de Jean-Louis Borloo, le Mouvement démocrate est en passe d'imploser sous la pression des élections municipales. Alors que son président, François Bayrou, qui avait voté François Hollande en 2012, a choisi de privilégier des accords de premier tour avec l'UMP, les dissidences et listes autonomes Modem se multiplient sur le terrain, fragilisant chaque jour un peu plus la cohésion d'un parti qui refusait jusqu'ici le clivage gauche-droite.
Dernier coup de théâtre en date: le jeune directeur de la communication du Modem, Matthieu Lamarre, a provoqué une petite onde de choc dans la campagne parisienne en annonçant son soutien à la socialiste Anne Hidalgo. Et ce alors que le Modem a validé un accord de premier tour (très avantageux) avec l'UMP Nathalie Kosciusko-Morizet depuis le mois d'octobre.
TRIBUNE - A Paris comme ailleurs, le Modem doit sortir de l’ambiguïté http://www.huffingtonpost.fr/jerome-dubus/le-modem-doit-sortir-ambiguite_b_4411088.html?utm_hp_ref=modem Non content de prendre le contre-pied de sa famille politique, Matthieu Lamarre est cruel pour la numéro un du Modem parisien et bras droit de François Bayrou, Marielle de Sarnez: "cette alliance est davantage un choix personnel de Marielle de Sarnez qu'une ambition sur un programme commun". Une critique récurrente au Mouvement démocrate, où l'on accuse François Bayrou d'avoir bradé les valeurs du centre indépendant pour retrouver les faveurs des urnes.
"Le Modem n'existe plus en tant que parti centriste"
Le premier à avoir tiré les leçons de ce constat s'appelle Jean-François Martins. Seul conseiller de Paris du Modem, ancien directeur de la communication de François Bayrou, ce jeune élu a très tôt annoncé son soutien à la socialiste Anne Hidalgo, récoltant au passage un an de suspension de son parti politique. Et son jugement sur l'état de décrépitude du Mouvement démocrate est sans appel.
"La définition d'un parti sous la Ve République, c'est de faire des élus. En 2014, le Modem va y arriver mais au prix de divisions et de reniements terribles. Est ce que le Modem existe encore en tant que parti centriste? La réponse est non", tranche-t-il.
Une déception partagée bien au-delà du périphérique par une génération d'élus et de responsables politiques, qui avait été attirés par le "ni droite-ni gauche" de François Bayrou au lendemain de la présidentielle de 2007. A l'époque, l'idée était de refuser "le socialisme irresponsable et la droite réactionnaire" en proposant une troisième voie, fusion de la démocratie-chrétienne, du social-libéralisme et de l'écologie réformiste.
Aujourd'hui, "ces militants ne comprennent pas qu'on se soit opposé à la droite de Sarkozy pour se jeter dans les bras de celle de Copé. Ils voient au contraire, pas partout certes, une gauche prête à changer", plaide encore Jean-François Martins, en dénonçant le "systématisme des accords avec l'UMP".
Pau, Marseille, Belfort... Le Modem divise autant qu'il est divisé
Paris n'est pas une exception. A Marseille, où le Modem devait soutenir la candidature du maire sortant UMP Jean-Claude Gaudin, les cadres démocrates locaux refusent de se ranger et soutiendront la candidature de centre-gauche de Pape Diouf. "L'ensemble des élus du mouvement, ainsi que les militants, regardent avec bienveillance l'initiative de Pape Diouf", a annoncé Christophe Madrolle, secrétaire général adjoint, précisant que leurs listes avaient "vocation à se dissoudre dans cette dynamique".
Ailleurs, le Mouvement démocrate s'est éparpillé façon puzzle. A Lille, il soutient le PS de Martine Aubry, idem à Dijon où ègne le sénateur PS François Rebsamen. À Concarneau, le MoDem fait campagne avec les écologistes. Mais au Mans, le parti de François Bayrou a fermé la porte à un accord avec la liste UDI-UMP.
Ces alliances au coup par coup, plus ou moins encouragées par la direction malgré l'accord scellé avec Jean-Louis Borloo, tournent parfois au marchandage de tapis, ce qui ne contribue pas à éclaircir la ligne politique du Modem. D'autant que les démocrates ne jouent pas toujours franc jeu. A Belfort, la diffusion d'un enregistrement pirate d'une négociation où le chef de file UMP Damien Meslot et les responsables du Modem se partageaient les postes a mis le feu aux poudres. "Comment peut-on aller chez quelqu'un et l'enregistrer à son insu ? C'est moralement et intellectuellement inadmissible", s'est étranglé Damien Meslot.
Bayrou, seul gagnant à Pau?
Au final, seul François Bayrou semble profiter de cet éparpillement électoral, puisqu'il a obtenu d'être le seul candidat du centre et de la droite dans la ville de Pau, où il espère se relancer après sa défaire aux législatives. Un soutien qui coûte cher à l'UMP où on ne lui pardonne pas d'avoir voté contre Sarkozy en 2012.
Mais le prix à payer de ce rassemblement palois est une rupture définitive avec la gauche, même la plus centriste, ce qui nourrit les ressentiments dans sa propre famille politique. "C'est lui le patron, c'est donc lui le responsable de la situation actuelle. Tout seul, il sait qu'il n'y arrive pas. Il a cédé à Borloo sur les accords automatiques avec l'UMP. C'est ça le péché originel de Bayrou", tranche un cadre. Depuis, les effectifs militants fondent, le parti est au bord de l'asphyxie financière et les élus se révoltent.
"Une alliance exclusive, avec l’UMP ou le PS, signerait de facto la fin du chemin atypique qu’a parcouru notre Mouvement Démocrate depuis 2007, et dont nous ne renions rien", prévenait dès février dans une lettre désabusée dévoilée par Le Lab l'ancien écologiste Jean-Luc Bennahmias.
"Sur les valeurs et les idées, le Modem reste le parti dont je me sens le plus proche. Je suis un Bayrou-cardien. Sauf qu'aujourd'hui, sa stratégie politique est à l'inverse de ces valeurs", tranche encore Jean-François Martins.
Si la question explosive d'un ancrage définitif à droite devrait être esquivée aux européennes, où l'UDI et le Modem présenteront des listes autonomes, elle ne manquera pas de resurgir aux régionales de 2015.
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