Nouvelles stratégies contre le cancer de la prostate

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Nouvelles stratégies contre le cancer de la prostate

Publié le 06/02/2012


Image en haute résolution de cellules cancéreuses de la prostate obtenue par microscopie électronique à balayage. Sur les 70.000 cancers diagnostiqués chaque année, entre 20 à 40% évolueront lentement, voire pas du tout.

Pour les cancers peu évolutifs, les médecins testent des médicaments, des régimes avant un traitement plus agressif.

Médicament, régime, traitements focaux… Quelles sont les pistes pour ralentir la progression d'un cancer de la prostate dépisté à un stade précoce? Tous les cancers de la prostate n'évoluent pas vers des formes agressives. Sur les 70.000 cancers diagnostiqués chaque année, entre 20 à 40% évolueront lentement, voire pas du tout. C'est pourquoi lorsque le cancer est détecté à un stade précoce, le traitement n'est plus systématique. Le patient est alors mis sous surveillance en dosant le taux de PSA et en pratiquant des biopsies à intervalles réguliers. «La problématique actuelle est d'identifier les cancers agressifs, qui menacent la vie du patient, de ceux non significatifs et d'évolution lente. Différencier les deux reste difficile car le résultat des biopsies identifie le cancer mais mal son pronostic», explique le professeur Alexandre de la Taille, urologue à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil. L'enjeu, selon lui, est de développer des biomarqueurs ou de l'imagerie permettant cette distinction.

Dans ce contexte, l'étude publiée mardi 24 janvier sur le site du Lancet démontrant qu'un médicament habituellement prescrit dans le traitement de l'adénome de la prostate, le dutastéride, ralentit la croissance du cancer de la prostate peut paraître séduisante. Mais ses résultats, prometteurs à première vue, laissent les urologues dubitatifs. «Ils confirment ce que nous savions déjà sur cette classe de médicaments (la classe des 5alpha réductase). Ces molécules possèdent un effet positif sur les cancers peu agressifs. Afin d'éviter des cancers qui n'évolueront pas ou peu, vous prescrivez donc aux patients un traitement avec des effets secondaires», commente Alexandre de la Taille.

Troubles de l'érection et diminution de la libido

Des effets secondaires qui concernent principalement des troubles de l'érection et une diminution de la libido. «Les effets secondaires sexuels concernent de 20 à 30% des hommes sous dutastéride», insiste le professeur François Desgranchamp, urologue à l'hôpital Saint-Louis (Paris). Il met également en garde contre le risque d'augmentation de cancer de haut grade avec ce médicament. «La Food and Drug Administration a lancé, il y a quelques mois, une alerte à ce sujet.» Le traitement médicamenteux ralentissant la progression du cancer de la prostate n'est donc pas pour demain.

Est-ce que cela signifie que seule la surveillance demeure envisageable pour les cancers détectés à un stade précoce? Les médecins divergent sur la question. Pour François Desgranchamps, une modification du régime alimentaire permet de ralentir l'évolution de la maladie. Pour cela, il conseille de diminuer les graisses saturées (viande rouge et beurre), et d'augmenter la consommation de poissons gras et de légumes. D'autres urologues préconisent les traitements dits «focaux» par ultrasons, curiethérapie et cryothérapie. Il s'agit d'utiliser ces techniques, non plus sur l'ensemble de l'organe, mais focalisées sur la zone malade. «Nous commençons par traiter les foyers. Cela permet de garder toutes les autres techniques, comme l'ablation de la prostate ou la radiothérapie, en cas d'évolution du cancer», explique le professeur Guy Vallencien, urologue à l'Institut Montsouris (Paris).