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Japon : la prière du Premier ministre provoque la colère de la Chine
Publié le 26.12.2013, 08h00 | Mise à jour : 08h31
Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, se rend au sanctuaire Yasukuni, le 26 décembre 2013 à Tokyo (Japon).
Une visite polémique. Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a prié jeudi au sanctuaire Yasukuni, un lieu de mémoire et d'hommage aux soldats morts pour le Japon, au risque d'aggraver la tension avec la Chine qui a jugé cette visite «inacceptable».
Shinzo Abe, un conservateur aux convictions nationalistes, s'est rendu dans ce lieu de culte shintoïste situé au coeur de Tokyo en fin de matinée, un an tout juste après son retour au pouvoir le 26 décembre 2012.
Vêtu d'un costume à queue de pie, il a passé une dizaine de minutes dans le sanctuaire, où deux bouquets de fleurs blanches portant son nom et son titre ont été déposées. A sa sortie, il a déclaré avoir voulu montrer sa «détermination à ce que personne ne souffre à nouveau de la guerre». Aucun chef de gouvernement japonais en exercice n'avait effectué une telle visite au Yasukuni depuis celle de Junichiro Koizumi le 15 août 2006, jour anniversaire de la capitulation du Japon à la fin de la Seconde guerre mondiale.
Des criminels de guerre y sont honorés
Le Yasukuni honore les âmes de 2,5 millions de soldats morts pour le Japon. Il souffre d'une mauvaise réputation à l'étranger depuis l'inscription en 1978 des noms de 14 criminels de guerre, condamnés après 1945 par les Alliés. Parmi eux figure celui du général Hideki Tojo, Premier ministre du Japon lors de l'attaque sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941 qui précipita l'entrée en guerre des Etats-Unis.
Ce vaste sanctuaire est abhorré par la Chine, mais aussi par la Corée du Sud, dont les relations avec le Japon restent marquées par le souvenir des atrocités commises par les troupes impériales nippones pendant la colonisation de la péninsule coréenne (1910-1945) et l'occupation partielle de la Chine (1931-1945).
La visite de Shinzo Abe «est absolument inacceptable pour le peuple chinois» et le Japon devra «en assumer les conséquences», a ainsi réagi le directeur général des Affaires asiatiques du ministère chinois des Affaires étrangères, Luo Zhaohui. Il a ajouté que ce geste faisait «beaucoup de mal» aux peuples d'Asie, bien que Shinzo Abe ait assuré n'avoir pas voulu «blesser les Chinois et les Sud-Coréens».
Shinzo Abe : «Le Japon avait construit un pays libre, démocratique et pacifique»
La réaction courroucée de Pékin était pourtant d'autant plus prévisible que les rapports avec Tokyo sont tendus depuis l'année dernière à cause d'une querelle territoriale. Les deux voisins se disputent la souveraineté sur un archipel inhabité de mer de Chine orientale, administré par le Japon sous le nom de Senkaku mais revendiqué avec force par la Chine qui les appelle Diaoyu.
La Chine envoie régulièrement des navires dans les eaux territoriales de ces îlots situés à 200 km au nord-est de Taïwan et à 400 km à l'ouest d'Okinawa (sud du Japon), où croisent aussi des garde-côtes japonais, ce qui fait craindre un éventuel incident armé entre les deux puissances asiatiques.
Pour dissiper les craintes d'un bégaiement de l'histoire, Shinzo Abe a rappelé dans une communiqué que «le Japon avait construit un pays libre, démocratique et pacifique depuis la fin de la guerre». «Il n'y a absolument aucun doute sur le fait que nous poursuivrons dans cette voie.» Mais certains lui reprochent d'avoir très mal choisi son moment.