Le Monde.fr avec AFP | 05.03.2014 à 06h13 • Mis à jour le 05.03.2014 à 06h37
Des soldats de l'Armée populaire de libération de Chine lors d'une session de formation sur la base militaire de Yinchuan, dans la région autonome de Ningxia Hui.
Pékin a prévu d'augmenter de 12,2 % son budget militaire en 2014, alors que la Chine est impliquée dans de vifs différends territoriaux avec plusieurs de ses voisins. Les dépenses militaires du pays atteindront cette année l'équivalent de 95,9 milliards d'euros, selon le ministère chinois des finances.
Témoin de ses ambitions de conforter son statut de puissance militaire, Pékin a, ces dernières années, régulièrement renforcé ses dépenses dévolues à la défense, qui ont gonflé de 11,2 % en 2012, puis de 10,7 % en 2013. Le budget de la défense chinoise est le deuxième plus élevé du monde, même s'il reste nettement derrière celui des Etats-Unis, qui atteind cette année 460 milliards d'euros.
Mais les experts occidentaux se disent convaincus que les dépenses militaires réelles de Pékin dépassent très largement les montants annoncés. Le Pentagone a ainsi estimé que la Chine avait dépensé en 2012 pour sa défense entre 98 à 156 milliards d'euros.
« MOTIF DE PRÉOCCUPATION »
Cette forte augmentation des dépenses militaires chinoises, annoncée mercredi, n'a pas manqué de faire réagir le Japon. « Le gouvernement prend note et nous continuerons à surveiller l'évolution » de ce budget, a déclaré le secrétaire général du gouvernement, Yoshihide Suga.
« La transparence, ou plutôt l'absence de transparence, de la politique de défense et des capacités militaires de la Chine est devenue un motif de préoccupation pour la communauté internationale, dont le Japon », a aussi noté M. Suga.
En visite à Pékin le 14 février, le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait aussi exigé de la Chine davantage de « transparence » en matière de défense, après les tensions causées par l'instauration unilatérale par Pékin d'une « zone d'identification de la défense aérienne » (ADIZ) en mer de Chine orientale.
LE JAPON AUGMENTE AUSSI SON BUDGET DÉFENSE
Signe de la montée des tensions régionales, le gouvernement japonais avait lui aussi décidé, mi-décembre, d'augmenter de 5 % ses dépenses militaires sur les cinq ans à venir, avec un budget de 175 milliards d'euros pour la période 2014-2019. Tokyo s'était alors attiré les foudres de Pékin : la décision du Japon « ne peut que provoquer de vives inquiétudes parmi les pays riverains en Asie et dans la communauté internationale », avait réagi le ministère chinois de la défense.
M. Suga en a profité mercredi pour répéter que le Japon n'avait aucune intention « militariste », comme l'en accuse régulièrement Pékin, et qu'au contraire, il « marche sur le chemin de la liberté, la paix et la démocratie » depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.
Les relations entre la Chine et le Japon sont exécrables depuis septembre 2012 en raison d'un différend territorial sur les îles Senkaku en mer de Chine orientale, mais aussi de polémiques autour de la mémoire des guerres qui les ont opposés au vingtième siècle, avec notamment la visite, par le premier ministre Shinzo Abe, du très controversé sanctuaire Yasukuni, où sont honorés les « morts pour la patrie » à Tokyo.