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À Paris, la gauche espère profiter des dissensions à droite
Mis à jour le 23/12/2013 à 18:34 - Publié le 23/12/2013 à 18:31
Pour Ian Brossat, porte-parole adjoint de la candidate socialiste Anne Hidalgo, «la droite parisienne est vérolée depuis longtemps».
Les socialistes de la capitale jugent avec sévérité, et délectation en même temps, la manière dont Nathalie Kosciusko-Morizet gère sa campagne municipale.
Officiellement, l'entourage de la candidate socialiste à la mairie de Paris, Anne Hidalgo, se garde bien de se réjouir des dissensions au sein de la droite parisienne dont pâtit Nathalie Kosciusko-Morizet. En substance: «On n'a pas de commentaire à faire.» Mais tous pensent à voix feutrée que «la droite parisienne est travaillée par les dissensions internes depuis des années». Un élu socialiste explique que le conflit est «ouvert entre la jeune génération de l'Est parisien et les barons des VIIIe, XVe et XVIe arrondissements de la capitale. Ces conflits-là étaient connus, mais NKM n'a pas su les apaiser.»
Porte-parole adjoint de la candidate socialiste, le communiste Ian Brossat juge que la situation à droite «n'est pas surprenante: la droite parisienne est vérolée depuis longtemps. Elle est en proie aux divisions depuis des années», relève le président du groupe communiste Front de gauche au Conseil de Paris. Ian Brossat fustige aussi «une forme d'arrogance» chez NKM qui, selon l'élu communiste, «ne fait pas du tout l'effort de rassembler à Paris». Ce qui, ajoute Ian Brossat, «contraste avec le rassemblement à gauche voulu par Anne Hidalgo, qui n'en est que plus fort et visible».
Le député socialiste de Paris Jean-Christophe Cambadélis est plus sévère encore: «On en est à se demander si Nathalie Kosciusko-Morizet va passer l'hiver vu l'ensemble des contradictions, des contestations, des mises en cause de la candidate. Pour elle qui a un avenir national en tête, le jeu en vaut-il la chandelle?» Cambadélis pense aussi que la guerre des centres à Paris est inévitable car «l'UDI (présidé par Jean-Louis Borloo) veut s'affirmer sous la pression du MoDem», dirigé à Paris par l'eurodéputée Marielle de Sarnez.
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« On en est à se demander si Nathalie Kosciusko-Morizet va passer l'hiver »
Jean-Christophe Cambadélis _____________________________________________________________________________
Lui aussi député PS de Paris, Jean-Marie Le Guen analyse la situation sous l'angle des primaires à droite: «NKM a dû aller chercher l'appui des barons, mais elle n'a jamais installé son leadership.» Le Guen met aussi en exergue le fait que NKM «est dans l'ambiguïté permanente entre ses ambitions à la mairie de Paris et celles qu'elle entretient pour la présidentielle de 2017. Elle prend ainsi le risque d'instrumentaliser les Parisiens et s'oppose avec pas mal des siens». Jean-Marie Le Guen pense que la candidate de l'UMP est «à l'heure de vérité: soit elle s'affirme en imposant ses choix, soit elle recule et n'apparaîtra plus en capacité d'être entendue, écoutée, d'avoir de l'autorité».
La sénatrice de Paris Marie-Noëlle Lienemann se veut pragmatique: «Quand il y a une dynamique de victoire, les gens finissent par s'unir. Or NKM n'a pas su fédérer son camp.» Cofondatrice du courant «Maintenant la gauche», à l'aile gauche du PS, l'ancienne ministre de Lionel Jospin met toutefois en garde ses amis socialistes contre un excès d'optimisme. «Il ne faut pas que la gauche se croit installée car au second tour, la droite a toujours un réflexe d'unité.» Marie-Noëlle Lienemann considère que «la grande incertitude» viendra de l'attitude de l'extrême droite dans l'Ouest parisien. Selon elle, «la droite peut être prise en otage par l'extrême droite et plomber son image».
Le candidat du FN à Paris, Wallerand de Saint-Just, explique de son côté qu'il «a bien l'intention de s'engouffrer dans la brèche» des dissensions de la droite parisienne. Avec l'espoir d'obtenir des élus dans le prochain Conseil de Paris et dans les arrondissements.