La bronchopneumopathie chronique obstructive, ou BPCO, est une maladie qui peut passer inaperçue et qu'il est nécessaire de diagnostique au plus tôt.
La bronchite chronique ne doit pas être prise à la légère
Par Damien Mascret - le 26/10/2011
Selon une étude, un pourcentage élevé de fumeurs ignorent souffrir d'une bronchopneumopathie chronique obstructive. Imaginez une étrange maladie qui détruise vos poumons sans provoquer plus de symptômes que de la toux, des crachats ou de l'essoufflement? En fait, il y a de fortes chances, surtout si vous êtes fumeur ou ancien fumeur, que ce soit une BPCO ou bronchopneumopathie chronique obstructive, une affection qui peut conduire à une insuffisance respiratoire grave, responsable d'un essoufflement au moindre geste.
D'ailleurs, même votre médecin peut ignorer votre maladie. Pour preuve, une étude hollandaise publiée cette semaine dans le Journal of the American Medical Association révèle qu'il n'est pas rare de détecter une BPCO lors d'un scanner thoracique fait pour rechercher… un cancer du poumon. Le Pr Pim de Jong et ses collègues du centre médical de l'université d'Utrecht (Pays-Bas) soulignent ainsi l'intérêt de profiter du scanner pour diagnostiquer la BPCO.
Une journée de sensibilisation Ainsi, ces médecins ont soumis 1000 fumeurs à un scanner thoracique pour détecter une éventuelle tumeur pulmonaire. Cet examen a permis d'observer chez 27% des personnes examinées une BPCO. Les auteurs estiment que lors d'un scanner thoracique, quelle que soit la raison pour laquelle il est effectué, la BPCO devrait être recherchée, lorsqu'il s'agit notamment de patients souffrant d'addiction au tabac. Dans tous les cas, le dépistage de la BPCO peut être réalisé beaucoup plus simplement, chez un généraliste, par la mesure des capacités respiratoires en utilisant un spiromètre électronique.
En France, on estime que de 5 à 10% de la population est atteinte d'une BPCO et qu'une bonne partie l'ignore. Car la maladie n'alerte pas toujours ses victimes. Quel quinquagénaire s'étonne d'être essoufflé au moindre effort alors qu'il a pris 10 kg et ne fait plus de sport depuis belle lurette? Quel ancien fumeur signale à son médecin qu'il tousse et crache plusieurs fois par jour depuis des mois? Pourtant, la maladie peut déjà être là, fauchant allégrement du tissu pulmonaire, tant que l'on ne fait rien pour enrayer le processus par un traitement approprié et l'arrêt du tabac.
Car, si la chronologie du déclenchement de la maladie n'est pas parfaitement éclaircie -une équipe canadienne vient de relancer le débat dans l'une des principales revues internationales (New England Journal of Medicine) -, l'essentiel est bien connu : les parois de l'arbre respiratoire s'épaississent et les alvéoles, ces petits sacs qui servent aux échanges respiratoires dans les poumons, sont irrémédiablement détruits. Au total on se retrouve avec une capacité pulmonaire amputée d'un tiers ou plus si l'on ne traite pas la maladie et si l'on continue à fumer. «C'est pourquoi faire le diagnostic le plus tôt possible est important», insiste le Pr Gérard Huchon, président du Comité national contre les maladies respiratoires. D'autant que la destruction pulmonaire peut commencer tôt si l'on a commencé à fumer jeune.
«Dans la majorité des cas, les gens ignorent la sévérité potentielle de la maladie. On fait parfois le diagnostic au moment où des malades arrivent en réanimation au stade d'insuffisance respiratoire sévère!» remarque encore le Pr Huchon. Les pneumologues lanceront un appel à la prise de conscience le 16 novembre prochain, lors de la Journée mondiale contre la BPCO. «Le tabac a deux assassins à sa solde: le cancer et la BPCO», expliqueront-ils.
Un peu mélodramatique? Sans doute, mais comment sensibiliser la population à une maladie qui tue d'autant plus efficacement, qu'elle le fait discrètement?