Ouest-Tribune Le Premier Quotidien de l'OranieRelations algéro-françaises
Jamais Paris n’a été aussi proche d’Alger
L’Association, qui assure «rester garante de la crédibilité d’un axe entre Paris et Alger dans les décennies à venir, inéluctable et bénéfique pour les deux sociétés», n’a jamais été aussi proche de son but que ces dernières années où les rapports entre Alger et Paris ont connu une embellie sans précédent. L’ Association France-Algérie (AFA), présidée par l’ancien ministre français Jean-Pierre Chevènement, organise samedi prochain à Paris un colloque intitulé «50 ans après: ouvrir une nouvelle page des relations franco-algériennes». Cette rencontre est assez significative puisqu’elle intervient au lendemain de la visite de Ramtane Lamamra à Paris et à la veille du déplacement à Alger de Jean-Marc Ayrault.
Prendront part au colloque des experts, mais aussi des officiels des deux pays, à l’image du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Madjid Bouguerra. Cela donne à la manifestation organisée à l’occasion du cinquantenaire de l’AFA, un cachet particulier qui verra, en principe les débats s’orienter non pas sur les contentieux qui minent le rapprochement entre les deux pays, mais en direction d’une vision rénovée. «50 ans après, la relation franco-algérienne est dominée par la nécessité d’une concertation» relève l’association de Chevènement dans un communiqué de présentation du colloque.
C’est ainsi que lors de cette rencontre qui se tiendra à la Bibliothèque nationale de France (BNF), des spécialistes français et algériens s’exprimeront sur trois thèmes principaux que l’association qualifie de «tests de la nouvelle page à écrire» entre les deux pays.
La dimension de «concertation» revendiquée par l’AFA, tient du fait que l’Algérie et la France sont «confrontées aux mêmes défis et enjeux qui bouleversent le monde, mais d’abord l’Europe, l’Afrique du Nord, le Monde arabe, l’Afrique», souligne le communiqué. Pour l’AFA, les deux pays évoluent dans une zone géopolitique et font face à un contexte qui «exige entre l’Algérie et la France une relation forte, une consultation mutuelle fréquente, que seule la confiance dans les relations entre les sociétés civiles peut garantir et pérenniser» lit-on dans le communiqué. Il y a là un élément nouveau que Jean-Pierre Chevènement voudrait associer à l’œuvre de rapprochement algéro-français. En effet, les sociétés civiles portent en elles une vigueur et une volonté saine que les politiques n’ont pas, car ils sont souvent appelés à réagir à des faits d’actualité immédiate. Aussi, considère l’AFA, les sociétés civiles «peuvent donner un sens à une forme d’entente +exceptionnelle+, nécessaire pour affronter les bouleversements technologiques et économiques futurs et les nouvelles modalités géopolitiques et culturelles du monde à venir».
L’ambition de l’AFA est donc assez importante. L’Association, qui assure «rester garante de la crédibilité d’un axe entre Paris et Alger dans les décennies à venir, inéluctable et bénéfique pour les deux sociétés», n’a jamais été aussi proche de son but que ces dernières années où les rapports entre Alger et Paris ont connu une embellie sans précédent. L’on n’entend plus les voix discordantes de l’extrême droite, ni les petites phrases assassines des islamistes. La demande de repentance n’a pas été officiellement retirée du côté algérien, mais le ton est plutôt constructif.
Le nouveau contexte géopolitique recommande une démarche rationnelle des politiques, d’autant que la France a vraiment besoin d’une «assistance» dans la gestion de la région du Sahel qui est sous son influence pour des raisons stratégiques et économiques.
Bref, le souhait de l’AFA d’ouvrir une nouvelle page dans les relations entre l’Algérie et la France est en train de devenir une réalité.