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Andy, 20 ans, rejugé pour le meurtre de sa famille en Corse
Mis à jour le 05/12/2013 à 09:59 - Publié le 05/12/2013 à 09:10
Vue en novembre 2012 de la maison, en Corse-du-Sud, où un adolescent avait abattu ses parents et ses frères jumeaux en août 2009.
Jugé «irresponsable» en première instance en novembre 2012, le jeune homme comparaît à partir de jeudi en appel devant la cour d'assises des mineurs des Bouches-du-Rhône.
Il avait tué par balles ses parents et ses frères jumeaux, en Corse, en août 2009. Jugé «irresponsable» en première instance en novembre 2012, Andy, vingt ans aujourd'hui, comparaît en appel devant la cour d'assises des mineurs des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence, à partir de jeudi. Hospitalisé depuis un an, il se présentera libre devant ses juges. L'audience devrait se tenir à huis-clos, en raison de son âge au moment des faits. Mais le jeune homme ou le parquet pourrait demander la publicité des débats et la cour y faire droit. En première instance, Andy avait demandé en vain que l'audience soit publique. La cour avait refusé en raison de l'opposition des parties civiles et du parquet.
C'est dans la nuit du 11 au 12 août 2009, dans le village d'Albitreccia, sur les hauteurs de Porticcio, que l'adolescent, considéré sans problème, s'était emparé d'un fusil à pompe appartenant à son père et avait abattu dans leur chambre ses parents, puis ses deux frères, des jumeaux âgés de 10 ans. Andy avait ensuite vidé le coffre-fort de la chambre parentale, contenant 2500 euros et une montre de valeur, avant de s'enfuir et de se tailler les veines. En pleine nuit, il avait appelé à l'aide des amis avec son téléphone portable. Originaire de la région cannoise, la famille vivait à l'année dans ce village de Corse-du-Sud, où la mère avait créé une entreprise assurant des travaux de ménage, de repassage et de jardinage, tandis que le père était commercial à Corse hebdo, un journal gratuit de l'île.
Un de ses oncles le retrouve la nuit suivante, sur une plage des environs. Choqué, pieds nus et en short, le garçon avait erré toute la journée. Son oncle le conduit alors à la mairie, où il avoue son crime aux gendarmes. «Je ne savais plus où j'étais. Je n'entendais plus rien et je voyais tout flou. Il y avait quelqu'un d'autre à ma place», explique Andy aux enquêteurs, en évoquant une «irrésistible pulsion». Dans sa déposition, il raconte que ses pas l'ont conduit vers le râtelier d'armes à feu de son père, qu'il a eu envie de tirer, «qu'il devait le faire».
Avis contradictoires des spécialistes
Les investigations ont établi que la famille décimée baignait dans une atmosphère en apparence de bonheur idéal. Mais Andy, en secret, était en proie à d'insondables démons le poussant au morbide. Tenaillé par des bluettes sentimentales qui avaient viré à l'aigre, il était désespéré et pétri d'angoisses.
En première instance, la cour d'assises l'avait jugé «irresponsable pour un trouble mental ayant aboli le discernement au moment des actes» et avait ordonné son hospitalisation. Mais les cinq jours de débats avaient été marqués par les avis contradictoires des spécialistes sur sa santé mentale.Trois collèges d'experts psychiatriques avaient conclu de manières radicalement différentes sur la responsabilité du jeune homme, qui n'avait fourni aucune explication à son geste.
Alors que les parties civiles, en quête de «vérité», étaient ressorties amères de ce procès, le parquet, qui avait réclamé 18 ans de réclusion, avait choisi de faire appel. Depuis, deux nouvelles expertises ont été demandées par le président de la cour d'assises et sept jours d'audience sont prévus à partir de jeudi.
Andy séjourne actuellement à l'hôpital psychiatrique de Montfavet à Avignon, où il ne suit pas de traitement médicamenteux. Il poursuit des études de biologie, après avoir obtenu son baccalauréat scientifique (mention assez bien) en prison, fait du sport et bénéficie de permissions de sortie régulières.