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Sida : quatre groupes très exposés
Publié le 29/11/2013
Un quart des prostituées n'ont jamais bénéficié de frottis de dépistage.
Le dernier « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » analyse en détail les populations françaises les plus vulnérables face à l'infection par le VIH en France.
Quelques jours avant la Journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre, l'Institut de veille sanitaire publie dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 26 novembre les résultats de quatre études consacrées à quatre populations particulièrement exposées au risque d'infection par le virus du sida (VIH) en France: les homosexuels masculins, les prostituées, les toxicomanes et les habitants des départements français d'Amérique (DFA), Guadeloupe, Martinique et Guyane.
L'inquiétude concernant l'épidémie de VIH/sida en France parmi les homosexuels masculins n'est pas nouvelle. Ils représentent un tiers des nouvelles contaminations survenant annuellement. Le dernier BEH n'est guère rassurant. D'abord, le Dr Annie Velter et ses collègues de l'Institut de veille sanitaire rappellent qu'en France les rapports sexuels entre hommes sont le seul mode de contamination qui ne diminue pas depuis 2003. «L'incidence (la survenue de nouveaux cas) est 200 fois plus élevée que chez les hétérosexuels français», précisent les auteurs.
Ensuite, l'analyse de l'Enquête presse gay et lesbiennes (EPGL) réalisée en 2011 grâce au concours de plus de 10.000 homosexuels volontaires et anonymes montre que plus d'un homosexuel masculin sur trois déclarait avoir eu au moins un partenaire occasionnel masculin au cours des douze derniers mois. Ceux qui se savaient séropositifs (17 % de l'échantillon) affichaient aussi un grand nombre de partenaires sexuels (au moins vingt dans l'année pour la moitié d'entre eux), mais une majorité d'entre eux (86 %) étaient sous traitement antirétroviral et avaient une charge virale indétectable, ce qui réduit leur risque d'être contaminants. Néanmoins, près d'un quart d'entre eux avaient eu au moins un rapport anal sans aucune pratique de réduction de risque (préservatifs ou autres). C'était aussi le cas de 16 % des répondants séronégatifs de l'enquête.
L'étude ProSanté, réalisée auprès de 251 personnes prostituées avec l'aide de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale, témoigne d'une prévalence (nombre de cas existants à un moment donné) déclarée de séropositivité beaucoup plus faible chez les femmes (1,2 %) que chez les personnes transgenre (44 %). Les pensées suicidaires sont particulièrement fréquentes (29 %) et la vulnérabilité gynécologique est évidente. Un quart des prostituées n'ont jamais bénéficié de frottis de dépistage, et elles sont trois fois plus nombreuses à avoir dû recourir à l'IVG que la population générale (61 %, contre 22 %). Elles ont, pour la moitié d'entre elles, subi des violences physiques.
Par comparaison, la situation dans les DFA est encourageante puisque l'usage du préservatif continue de progresser, mais les auteurs s'inquiètent tout de même d'un recul des opinions très favorables sur le préservatif.
Enfin, les usagers de drogue restent une population à la fois précaire et très vulnérable, avec certes moins d'infections par le virus de l'hépatite, notamment chez les moins de 30 ans, mais une prévalence de l'infection par le VIH qui reste élevée (10 %).