WEB - GOOGLE - ACTUALITE > Société
Peugeot-Citroën défend la retraite en or de son PDG
Le 27 novembre 2013 à 11:55 (Mis à jour : 27 novembre 2013 à 16:36)
Philippe Varin, président du directoire de PSA, le 12 juillet 2012 à Paris
Près de 21 millions d'euros ont été provisionnés pour l'actuel patron de Peugeot-Citroën (PSA). Un montant qui relance la polémique sur les retraites-chapeau.
Si Philippe Varin comptait sur une retraite tranquille, c'est manqué. La découverte d'une provision de 21 millions d'euros réalisée par PSA pour assurer les vieux jours de son actuel PDG a provoqué une cascade de réactions indignée. C’est la CGT du site de Sochaux qui, sur son site internet, a attiré l’attention sur cette «retraite chapeau» dont pourrait bénéficier M. Varin. Celui-ci doit être remplacé courant 2014 par Carlos Tavares, ancien numéro 2 de Renault dont l’arrivée chez PSA a été annoncée au début de cette semaine.
Si cette somme indigne, c'est qu'elle est mise en rapport avec la très mauvaise situation du groupe PSA. L'usine d'Aulnay-sous-Bois est en instance de fermeture, et l’accord de compétitivité récemment signé demande de nombreuses concessions aux salariés afin de réaliser 125 millions d’euros d’économies chaque année. De plus, l'Etat a apporté son soutien financier au groupe, notamment par une garantie financière de 7 milliards d'euros. «C’est choquant, bien sûr que [Philippe Varin] devrait renoncer» à ce complément de retraite, a jugé Jean-Pierre Mercier, délégué CGT à l’usine d’Aulnay, en cours de fermeture.
«Idées fausses»
De son côté, le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a jugé cette retraite chapeau «inappropriée». Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg l'a qualifiée d'«inadmissible», demandant à Philippe Varin de «reconsidérer sa décision». Enfin, les députés PS ont annoncé qu'ils s'apprêtaient à relancer «les chantier de la rémunération des hauts dirigeants» : «Peut-être que le dispositif législatif ou réglementaire est insuffisant, a estimé leur porte-parole Thierry Mandon. L'idéal serait d'encadrer les conditions dans lesquelles on peut avoir des avantages annexes, donc de limiter le niveau de ces revenus».
De son côté Philippe Varin a dit «comprendre» les réactions suscitées par sa retraite chapeau, tout en jugeant qu'elles «reposent sur des idées fausses» : «Je ne toucherai ni maintenant, ni plus tard, la somme des 21 millions d’euros dont on parle», a-t-il affirmé. Cette somme a bien été mise en provision par PSA pour assurer un complément de retraite à son dirigeant actuel. Mais elle fera l'objet de prélèvements sociaux. Le reliquat lui sera versé progressivement, en supplément de sa pension légale. De sorte que le total des sommes perçues par Philippe Varin au titre de la retraite atteindra un total de 310 000 euros annuels, sur une durée maximum de vingt-cinq ans.
Pour cela, il devra cependant remplir plusieurs conditions. D'abord, cumuler cinq ans de présence au sein de PSA, ce qui sera le cas en juin 2014. Ensuite, prendre sa retraite immédiatement après son départ de PSA : il ne toucherait donc pas cette somme s'il choisissait de poursuivre sa carrière dans un autre groupe. Enfin, âgé de 61 ans, Philippe Varin ne devrait se retirer qu'à 65 ans pour toucher l'intégralité de sa retraite chapeau. En cas de départ avant cette échéance, il n'en percevrait qu'une partie.
«Auto-régulation»
«C’est choquant de faire du buzz autour de cette histoire, ajoute-t-on du côté de PSA. Quand le groupe était encore dans le CAC 40, la rémunération de Varin [1,3 millions annuels actuellement, ndlr] était tout en bas du classement. Il a même renoncé à la partie variable de cette rémunération. Par ailleurs, rien ne dit qu’il prendrait sa retraite après avoir quitté la tête de PSA». Le constructeur juge par ailleurs que son dispositif en matière de retraite est conforme aux recommandations du code éthique «Afep-Medef». Le Haut comité du gouvernement d’entreprise, chargé de vérifier l’application de ce code, s'est toutefois saisi du dossier.
Pour ses partisans, le système des retraites chapeau contribue à attirer des dirigeants de haut niveau dans les entreprises françaises. Plusieurs cas ont pourtant fait scandale ces dernières années, mettant en jeu des sommes considérables malgré les mauvais résultats des patrons concernés. Durant son mandat, Nicolas Sarkozy avait d’ailleurs augmenté les prélèvements sur ces sommes jusqu’alors peu taxées. L’ancien président avait même, durant la campagne de 2012, proposé l’interdiction pure et simple des retraites chapeau. De son côté, l'actuel gouvernement avait renoncé à légiférer sur la rémunération des dirigeants d'entreprise, faisant confiance à une «auto-régulation exigeante» fondée sur le code Afep-Medef.[/b][/b]