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Immigration : les conséquences néfastes de l'affaire Leonarda
Mis à jour le 13/11/2013 à 22:36 - Publié le 13/11/2013 à 19:45
Les centres d'accueil des demandeurs sont saturés par des déboutés du droit d'asile difficilement expulsables, ce qui nécessite de loger les nouveaux demandeurs dans l'hébergement d'urgence de droit commun.
Les rédacteurs de la synthèse des préfets du 25 octobre 2013 assurent que le cas Leonarda «a permis de mettre en lumière une nouvelle fois les difficultés du système d'asile».
Dans la synthèse des préfets du 25 octobre 2013 publiée par Le Figaro, un large encart est réservé à l'affaire Leonarda, du nom de cette jeune Rom expulsée de France avec sa famille vers le Kosovo, le 9 octobre dernier. Et le texte l'affirme: «À rebours du traitement médiatique national, “l'affaire Leonarda” n'a pas semblé émouvoir l'opinion publique dans les territoires».
Bien sûr, ce document est rédigé par des hauts fonctionnaires que l'on pourrait considérer comme juges et parties, puisque leur ministre, Manuel Valls, a été très attaqué dans cette affaire par une partie de la gauche. Les préfets du secrétariat général de la Place Beauvau pensent ainsi pouvoir écrire que: «Très majoritairement légaliste, la population a soutenu la position du gouvernement, soucieux de voir s'appliquer les lois de la République.»
Mais leurs arguments sont développés. Selon ce qui remonte des préfets dans les départements, «l'ampleur de la polémique est apparue comme complètement déconnectée des préoccupations quotidiennes des citoyens, plus inquiets de la situation économique et sociale, ce qui n'a pas manqué d'aviver leur exaspération».
À en croire ce qu'écrivent ces analystes de haut niveau, «les élus se sont dits inquiets de la progression des opinions bienveillantes à l'égard du Front national auprès de leurs administrés, tout en estimant que l'impact électoral sera le plus significatif pour les européennes». De quoi nourrir les stratégies électorales à l'approche des municipales.
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«Certains ressortissants étrangers reçus en préfecture se sont montrés plus agressifs, allant jusqu'à refuser le paiement de la taxe sur les titres de séjour»_________________________________________________________________________________________________________
Les préfets le disent également sur le terrain: «L'affaire Leonarda a également servi à remobiliser les associations de défense des étrangers en situation irrégulière, qui ont multiplié les demandes de régularisation pour des familles dont la reconduite ne posait, jusque-là, pas de difficultés de principe.» À les lire, «certains ressortissants étrangers reçus en préfecture se sont montrés plus agressifs, allant jusqu'à refuser le paiement de la taxe sur les titres de séjour, tandis que d'autres ont exprimé des inquiétudes sans fondement sur le renouvellement de leur titre de séjour».
Revenant sur le système de traitement des quelque 60.000 demandeurs de statut de réfugié en France chaque année, les rédacteurs de la synthèse des préfets du 25 octobre 2013 assurent que le cas Leonarda «a permis de mettre en lumière une nouvelle fois les difficultés du système d'asile: les centres d'accueil des demandeurs (Cada) sont saturés par des déboutés du droit d'asile difficilement expulsables, ce qui nécessite de loger les nouveaux demandeurs dans l'hébergement d'urgence de droit commun, également saturé alors que la saison hivernale n'a pas encore commencé». La Place Beauvau met en avant dans ses écrits le témoignage du préfet de Savoie, qui «résume bien la situation, lorsqu'il explique que “pour continuer à accueillir des demandeurs d'asile, il est indispensable de parvenir à reconduire les déboutés”». Pour l'heure, un vœu pieux, sachant que 90% des déboutés au moins restent en France après avoir épuisé toutes les voies de recours.
Reconduites à la frontière de plus en plus difficiles
Le dernier point de la synthèse du 25 octobre relatif à l'affaire Leonarda est sans doute le plus polémique. Dans leur souci de vérité, les préfets estiment que «les reconduites à la frontière sont de plus en plus difficiles à mettre en œuvre». De quoi refréner l'enthousiasme de Manuel Valls, quand il explique crânement qu'il fera mieux que ses prédécesseurs en matière d'éloignement.
Et ses préfets de lui expliquer l'une des causes de leurs difficultés avec les clandestins: «Les services de police dénoncent des décisions “incompréhensibles” des juges de liberté et de la détention visant à faire échec systématiquement aux procédures d'éloignement en refusant la prolongation de rétention ou en annulant les arrêtés.» Comme au temps de Sarkozy…