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Le député PS Malek Boutih : « Il faut remplacer Jean-Marc Ayrault d’urgence »
Publié le 11.11.2013, 22h08 | Mise à jour : 22h40
«Le jour où la crise atteindra son paroxysme, la dissolution sera incontournable», estime le député socialiste de l'Essonne.
Cote de popularité présidentielle au plus bas, chef de l'Etat hué lors des cérémonies du 11 Novembre. ..A l'issue d'une nouvelle journée compliquée pour l'exécutif, le député socialiste de l’Essonne Malek Boutih, réputé pour son franc-parler, réclame un remaniement gouvernemental en profondeur.
Que vous inspire les huées ayant visé le président de la République ce 11 novembre?MALEK BOUTIH. Outre l’incroyable provocation de l’extrême droite, qui s’invite ainsi pour la première fois dans la commémoration de la Grande Guerre, cette journée est terriblement révélatrice.
Révélatrice de quoi ?
On est dans une crise exponentielle. Chaque événement nourrit la crise du lendemain. Le gouvernement semble à la fois être devenu sourd et ne plus être entendu : le dialogue avec le pays est rompu. Les arguments, le discours, les explications, plus rien ne passe avec les Français.
Comment sortir de cette impasse ?Il faut envoyer un signal d’urgence aux Français, afin de rétablir le dialogue. Cette urgence doit se traduire par un remaniement gouvernemental. Mais un remaniement fort, pas un simple changement d’équipe autour du Premier ministre.
Vous souhaitez donc le départ de Jean-Marc Ayrault de Matignon ?
Oui. Il faut remplacer le Premier ministre d’urgence. Ce signal serait le préalable indispensable à toute discussion avec le pays. Car nos élus ont un grand besoin de soutien, à l’approche des municipales. Là, ils sont débordés par la crise nationale, par la colère des Français. Le pays est dans une situation très grave, il faut agir.
Et qui voyez-vous à Matignon ? Je ne roule pour personne. Si j’exprimais ma préférence, cela prendrait l’allure d’une opération coordonnée. Mais, nous ne manquons pas au PS de personnalités d’expérience ou populaires. Manuel Valls a un puissant écho dans le pays, Martine Aubry a pour elle son expérience, sa place de deuxième à la primaire de 2011 et, donc, sa popularité à gauche. Comme président de l’Assemblée Claude Bartolone est un fin connaisseur de la majorité, il sait faire entendre sa voix sur l’Europe ou sur l’Allemagne et, en tant qu’élu de Seine-Saint-Denis, il possède une fibre populaire. Et il y en a d’autres encore…
La personnalité de François Hollande est-elle en cause ?Pas encore totalement. Mais il est fragilisé par sa pratique institutionnelle : à partir du moment où c’est lui qui contrôle tout, sa personne et sa légitimité finiront par être mises en cause si la crise perdure, s’il n’agit pas. Il doit remanier, accepter de s’entourer de personnalités plus fortes avec qui partager le pouvoir et qui pourront le protéger. S’il reste dans un pouvoir personnel, dans la cage dorée de l’Elysée, isolé du pays, il aura un grave problème.
Faut-il dissoudre l’Assemblée ?Le jour où la crise atteindra son paroxysme, la dissolution sera incontournable. On n’en est pas là, mais si la situation s’aggrave, alors, la nécessité de retrouver un élan et un mandat politique s’imposera…