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Écotaxe : mobilisation dans toute la France, des heurts signalés en Bretagne
Mis à jour le 09/11/2013 à 17:55 - Publié le 09/11/2013 à 13:46
Des chauffeurs routiers manifestaient ce matin sur l'autoroute A55 près d'un portique écotaxe près de Martigues (Bouches-du-Rhône).
Des manifestations et opérations escargot étaient organisées ce samedi du nord au sud du pays. Plusieurs équipements ont été endommagés. Dans les Côtes-d'Armor, un tracteur a tenté de forcer un barrage de police.
Le vent de colère ne retombe pas. Son souffle a même largement dépassé les frontières de la Bretagne. Plusieurs manifestations contre l'écotaxe étaient en effet organisées ce samedi du nord au sud du pays. A commencer par un rassemblement d'environ 150 personnes portant des bonnets rouges au pied d'un portique écotaxe à Montauban-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). Venus de ce département, ainsi que des Côtes d'Armor, ces manifestants ont déployé en haut du portique installé sur la RN12, à une trentaine de kilomètres de Rennes, une banderole signée «La Bretagne se meurt, non à l'écotaxe».
Non loin de là, des heurts ont d'ailleurs éclaté entre manifestants et forces de l'ordre à Jugon-les-Lacs dans les Côtes-d'Armor. Un tracteur a tenté de forcer le barrage installé devant le portique par les forces de l'ordre. Des projectiles ont été lancés sur les gendarmes mobiles qui ont répliqué par des jets de grenades lacrymogènes. Environ 700 personnes étaient rassemblées lors de cette manifestation.
A l'autre bout du pays, des chauffeurs routiers ont mené une opération escargot puis manifesté ce matin sur l'autoroute A55 près d'un portique écotaxe près de Martigues (Bouches-du-Rhône). «Stop au racket», «non à l'écotaxe», «escroc'mouv veut ma peau», pouvait-on lire sur leurs banderoles. Même action près de Lyon où des mouvements spontanés de routiers ont eu lieu sur les autoroutes A46 et A43. Deux opérations escargot menées par des transporteurs routiers ont encore eu lieu entre 9 heures et 11 heures, sur l'A1 entre Paris et Lille et sur l'A25 entre Dunkerque et Lille, provoquant d'importants bouchons.
Première attaque d'un portique en Ile-de-France
En marge de ces rassemblements, plusieurs installations écotaxe ont subi des dégradations. Deux bornes écotaxes ont ainsi été endommagées dans la nuit de vendredi à samedi dans le Gard. Les deux bornes, situées d'un côté et de l'autre d'une route départementale sur la commune de Saint-Gilles, ont été incendiée pour l'une et dégradée pour l'autre. Ces assauts ont été revendiqués par le Comité régional d'action viticole (Crav), connu pour d'autres actions violentes dans la région. En outre, une borne écotaxe été brûlée dans la nuit sur la RN7 dans l'Isère. Idem en Charente où deux bornes ont été incendiées, l'une située sur la RN 141 à une cinquantaine de km au nord-est d'Angoulême et l'autre installée à Brossac sur la D731. Des pneus brûlés ont été retrouvés au pied des deux dispositifs.
Et pour la première fois, un portique écotaxe a été attaqué en Ile-de-France, sur le périphérique parisien entre La Muette et Dauphine, a révélé la radio France Bleu 107.1. Trois militants du Printemps français ont été interpellés. Coiffées de bonnets rouges comme les opposants bretons à l'écotaxe, les personnes participant à cette action ont également déployé une banderole hostile à François Hollande.
Les Français exaspérés par les «bonnets rouges»
Ce regain de colère intervient alors que les Français se disent exaspérés par le mouvement de protestation des «bonnets rouges». Selon un sondage BVA pour iTélé/Le Parisien publié ce samedi, 57% d'entre eux estiment que les Bretons doivent arrêter de manifester. Les destructions qui accompagnent parfois les manifestations sont également mal perçues. D'autant plus que l'État - donc le contribuable - paiera la facture des portiques détruits.
Empêtré dans ce bras de fer avec les opposants à l'écotaxe, le gouvernement ne semble pourtant pas prêt à abandonner cette redevance poids lourds. Selon Le Monde, l'exécutif compte bien la mettre en place, mais sans doute pas avant l'été prochain. Le temps de voir la contestation s'apaiser, et de laisser passer les échéances électorales du printemps. Le gouvernement tablerait désormais sur la date du 1er juillet 2014 pour l'application de la taxe. «On est pris en otage sur cette taxe», confie une source du ministère des Transports au quotidien. Il est vrai qu'un abandon pur et simple de l'écotaxe coûterait très cher à l'État, mais aussi aux acteurs privés - comme les sociétés de transport - qui ont déjà investi des millions d'euros pour s'adapter. L'information du Monde a toutefois été démentie par l'Élysée, qui a affirmé en début d'après-midi qu'aucune date n'avait été décidée pour appliquer l'écotaxe dont la mise en oeuvre au 1er janvier 2014 a été reportée sous la pression de la rue.