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Tunisie : un manifestant tué dans des heurts entre les salafistes et la police
Publié le 19.05.2013, 12h47 | Mise à jour : 20h16
Des heurts se sont produits en forces de l'ordre et jeunes de la cité Ettadhamen, bastion salafiste à 15 km à l'ouest de Tunis.
Un manifestant salafiste de 27 ans a été tué en Tunisie ce dimanche dans les heurts avec la police dans la cité Ettadhamem, un bastion salafiste à 15 km à l'ouest de Tunis, déjà théâtre d'affrontements la semaine dernière. C'est là-bas que les partisans du mouvement salafiste jihadiste Ansar Ashariaa avaient délocalisé leur mobilisation, initialement prévue à Kairouan (150 km au sud de Tunis) mais annulée par le mouvement lui-même, en raison d'une interdiction gouvernementale. Dimanche soir, pour la première fois, le Premier ministre tunisien a qualifié de «terroriste» ce groupe salafiste.
Sur place, les heurts ont éclaté entre les 400 à 500 militants et les forces de police. Des centaines de salafistes, qui ont érigé des barricades à l'aide de pneus en feu dans les rues de ce quartier, jetaient des pierres et des cocktails Molotov sur les policiers qui répondaient par des tirs de gaz lacrymogènes.
Un manifestant a été tué au cours de ces affrontements. La surveillante générale de l'hôpital où avait été évacuée la victime a confirmé sa mort des suites d'une blessure par balle. Un bilan du ministère de l'Intérieur en fin de journée évoquait quinze policiers blessés, trois grièvement dont un en réanimation, ainsi que deux manifestants blessés.
VIDEO. Heurts en Tunisie entre forces de l'ordre et manifestantshttps://www.dailymotion.com/video/x10176j_heurts-entre-salafistes-et-policiers-en-tunisie_news
Un mouvement qui appelle au jihadLe mouvement Ansar Ashariaa (Partisans de la loi islamique), la principale organisation salafiste jihadiste de Tunisie, a été créé après la révolution de 2011 par Abou Iyadh, un vétéran d'Al-Qaïda en Afghanistan, que les autorités accusent de plusieurs attaques dans le pays. En retour, les autorités ont interdit le congrès annuel de dimanche à Kairouan d'Ansar Ashariaa, qui a décidé de défier l'interdiction.
Ce mouvement n'a pas d'existence légale en Tunisie faute d'en avoir fait la demande car il ne reconnaît pas l'autorité de l'Etat, la seule source de légitimité selon ses militants étant Dieu. Il est néanmoins très présent sur le terrain, notamment dans les quartiers populaires où ses partisans mènent des campagnes de prédication et d'aide caritative.
Contrairement aux salafistes «scientifiques», qui prônent l'instauration de la loi islamique par des moyens pacifiques, Ansar Ashariaa, comme tous les jihadistes, considèrent que le recours aux armes peut être un moyen légitime d'arriver à leurs fins. Ansar Ashariaa, qui revendique quelque 40 000 membres, n'a jusqu'à présent pas appelé à une rébellion armée en Tunisie, mais ses relations avec les islamistes d'Ennahda qui dirigent le gouvernement tunisien se sont dégradées au fil des mois...jusqu'à la confrontation physique.
VIDEO. Les salafistes empêchés de tenir congrès à Kairouanhttps://www.dailymotion.com/video/x100xyh_les-salafistes-empeches-de-tenir-congres-a-kairouan_news