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La semaine où le gouvernement Ayrault a dépensé 5 milliards
Publié le 09/11/2013 à 06:00
Aucune piste n'a été évoquée pour le financement des nouvelles dépenses annoncées.
Recul sur l'écotaxe, pacte d'avenir de la Bretagne, transports marseillais... Le gouvernement a engagé près de 5 milliards d'euros cette semaine. Mais où trouvera-t-il l'argent ?
C'est ce qui s'appelle être pris à contre-pied. Alors que Bruxelles somme la France de s'employer à réduire son déficit et que Standard & Poor's adresse un avertissement retentissant au gouvernement, celui-ci dépense sans compter. Faisant fi des plaintes de l'Europe et des institutions financières, il a engagé près de 5 milliards d'euros de dépenses cette semaine.
Jean-Marc Ayrault a promis «plus de 3 milliards d'euros» d'investissements dans les transports marseillais. La Bretagne, secouée par la mobilisation des bonnets rouges et minée par les plans sociaux, récoltera elle près d'un milliard dans le cadre du «pacte d'avenir» pour la région. Soit environ 4 milliards d'euros piochés dans les caisses publiques destinés à financer des projets locaux.
Un coûteux recul sur l'écotaxe
Le recul du gouvernement sur l'écotaxe grèvera lui aussi le budget de l'Etat. Non seulement l'Etat renonce - au moins provisoirement - aux 900 millions annuels qu'il aurait dû récolter grâce à la levée de cet impôt mais il s'est en outre engagé à payer la note des infrastructures détruites. La réparation d'un portique est facturée entre 500.000 et 1 million d'euros et celle d'une borne, 250.000 euros. Avec 4 portiques dégradés et 11 bornes endommagées, ce sont près de 6 millions qui devront être consacrés à la réparation de ces équipements. Sans compter les frais de remise en état ou de remplacement des 28 radars routiers détruits en Bretagne suite au mouvement contestataire.
Si, comme il l'affirme, l'Etat entreprend la renégociation du contrat qui le lie à Ecomouv', il pourrait récupérer jusqu'à 32 millions d'euros au titre du retard pris par le projet. Et si Bernard Cazeneuve promettait il y a encore quelques jours «d'anticiper des mesures d'économies en compensation» de l'abandon de l'écotaxe, aucune piste n'a pour l'instant été évoquée à propos du financement des autres projets.
Le ministre du Budget a d'ailleurs discrètement rappelé ses collègues à l'ordre en estimant qu'il allait falloir intégrer «qu'on est entré dans une période où l'argent public sera durablement rare». Pour l'instant, il semble couler à flot et il sera d'autant plus difficile d'expliquer ensuite que les caisses sont vides.