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Sujet: Le démocrate Bill de Blasio élu maire de New York Mer 6 Nov - 9:30
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Le démocrate Bill de Blasio élu maire de New York
Mis à jour le 06/11/2013 à 08:24 - Publié le 06/11/2013 à 06:52
VIDÉO - Désireux de changement, les New-Yorkais ont massivement voté pour le petit poucet de l'élection municipale, résolument ancré à gauche, pour tourner la page de leur maire milliardaire Michael Bloomberg.
Un empereur-maire milliardaire en fin de règne, une dauphine incapable de se hisser à la hauteur de l'évènement, un ex-jeune premier démocrate trahi par ses irrépressibles pulsions sexuelles, un candidat républicain tout droit sorti d'un film de gangsters, des violences policières, la révolte des sans-grade, l'inquiétude de Wall street et pour finir, le triomphe inattendu du plus anonyme et du plus modeste des candidats: l'élection du 109e maire de New York mardi a délivré son lot de surprises, comme seules l'Amérique et Big Apple savent en provoquer.
Le plus étonné est peut-être le vainqueur lui-même, Bill de Blasio, avocat public de 52 ans et ex-directeur de la campagne sénatoriale de Hillary Clinton dans l'Etat de New York en 2000, élu avec 73,3 % des voix (pour 74 % des suffrages dépouillés à minuit, heure de New York, soit 6h du matin à Paris). Un record parmi d'autres pour ce premier maire démocrate depuis deux décennies et la fin des «années de plomb», dans une ville alors en proie au crime et à la corruption généralisée.
Une primaire à laquelle il ne semblait même pas invité
Imaginez plutôt: en juillet dernier, il y a quatre mois à peine, ce défenseur autoproclamé des petits et des faibles semblait condamné à une élimination prématurée, sans gloire, dans une primaire démocrate à couteaux tirés, et à laquelle il ne semblait même pas invité. Face à lui se dressaient deux ténors au tempérament de feu, bien décidés à succéder au républicain Michael Bloomberg sur le trône: l'ex-représentant Anthony Weiner, gloire naissante du parti démocrate rattrapé en pleine ascension par des frasques sexuelles exposées sur internet, et Christine Quinn, conseillère municipale démocrate adoubée par le «roi Mike» et soutenue par le prestigieux New York Times.
Patatras, mi-juillet, Weiner reconnaissait avoir de nouveau «fauté», démasqué après avoir continué ses prédations en ligne sous le pathétique pseudo de «Carlos Danger». Puis Christine Quinn dégringolait dans les sondages, plombée par une campagne trop austère et un soutien peut-être malvenu du maire sortant.
Restait de Blasio, vainqueur par KO et en guerre, justement, contre la gestion élitiste et arrogante de la cité par Bloomberg. Arpentant les quartiers défavorisés et excentrés des cinq boroughs de Big Apple, le père de famille métissée, exaltant la diversité multiraciale de la ville, ressassait une antienne digne de Charles Dickens: «a tale of two cities (deux villes en une)», sombre parabole d'une New York frappée de plein fouet par la crise de 2008, déchirée entre le monde des classes aisées et celui des plus pauvres. «Je pense que les gens de cette ville, déclarait-il mardi, sont conscients du fait que tant de New-Yorkais peinent à joindre les deux bouts. C'est pour ça que nous devons provoquer le changement et s'éloigner des politiques de l'ère Bloomberg, et cela, j'y suis prêt».
Un premier impair
Le changement selon de Blasio? En promettant des hausses d'impôts pour les plus riches et la fin du profilage racial (stop and frisk) du NYPD, en surfant sur la vague du mouvement «Occupy Wall Street», dit des «99 %», il n'aura au final fait qu'une bouchée du candidat républicain, Joe Lhota, livré en victime expiatoire face au phénomène de Blasio. Petit et dégarni, roué et râblé, vieux routier de la politique new-yorkaise, Lhota était déjà maire-adjoint de New York sous Rudy Giuliani, puis patron des transports en commun de la mégapole (MTA). Face au besoin de changement exprimé par la population après douze années de Bloomberg, il ne pouvait pas exister.
Humble, de Blasio a préféré réserver ses commentaires pour la journée de mercredi, annonçant qu'«il y aurait des choses à dire», notamment sur la composition de sa future équipe au City Hall, et prévenant qu'il faudrait «se mettre rapidement au travail». Pour ses dernières heures insouciantes ou presque, il a reçu la visite de sa fille Chiara, étudiante en Californie, qui a débarqué par surprise à leur domicile de Park Slope (Brooklyn) pour célébrer l'évènement avec son père, son jeune frère Dante et sa mère Chirlane.
Le premier impair du futur maire, pourtant, n'a pas traîné: lui qui avait martelé l'importance des syndicats et loué la main d'oeuvre new-yorkaise a confié l'organisation de sa fête de victoire à une agence d'événementiel basée dans l'Ohio et proche des cercles de Barack Obama, le tout pour 63.000 dollars (46.000 euros). Cette craquelure encore bénigne dans l'armure de chevalier blanc dont s'est paré de Blasio n'est rien, finalement, au regard des défis qui l'attendent lorsqu'il entrera de plain-pied dans ses nouvelles fonctions, le 1er janvier prochain.