Entre Ayrault et Valls, la guerre des nerfs

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Entre Ayrault et Valls, la guerre des nerfs

Mis à jour le 02/10/2013 à 23:31 - Publié le 02/10/2013 à 20:39


Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls, mercredi à la sortie du Conseil des ministres.

Après avoir recadré Manuel Valls sur ses propos au sujet de l'intégration des Roms, le premier ministre apaise les esprits en réaffirmant sa confiance envers son ministre le plus populaire.

Il faut se méfier de l'eau qui dort. Sous ses airs bonhommes et tranquilles, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, sait sortir la dague du fourreau et piquer quand il le faut. C'est ce qu'il a fait avec le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, à l'occasion de la polémique sur les Roms.

Agacé par l'omniprésence du premier flic de France, qui ne fait pas mystère de ses ambitions pour Matignon, Ayrault a riposté en deux temps. Il a d'abord profité, mardi, de la tribune de l'Assemblée nationale pour recadrer Valls sur le fond, volant au passage le micro à son ministre, qui était nommément interpellé par un député. Le 24 septembre, Valls avait assuré que seule une minorité souhaitait s'intégrer et que les Roms avaient «vocation à retourner dans leur pays». Devant les députés, Ayrault rappelle au contraire que l'intégration des Roms est possible dès lors qu'ils respectent «les lois de la République». Deux visions opposées. «Sur les Roms, Ayrault n'est pas sur la même ligne que Hollande et Valls, observe un poids lourd du gouvernement. Il ne veut pas qu'on réduise l'action du gouvernement à une politique sécuritaire et d'expulsion. Quand il réaffirme la ligne et invoque la circulaire, il le fait pour dire à Valls: “N'oublie pas qu'il y a autre chose que le tout-sécuritaire!”»

Citation :

«Ayrault n'est pas fâché d'affaiblir Valls. Ils sont en concurrence pour exercer l'autorité»

Le premier ministre aurait pu en rester là. Mais il a poursuivi sa guérilla mardi après-midi, en faisant fuiter le contenu de deux échanges avec Valls. D'abord un tête-à-tête à Matignon, lundi, puis un aparté, le soir, en marge de la réunion des leaders de la majorité. Selon ce récit, dévoilé mercredi matin par RTL, Valls aurait reconnu devant Ayrault la «maladresse» de ses propos sur les Roms. «Ayrault n'est pas fâché d'affaiblir Valls, résume un responsable PS. Ils sont en concurrence pour exercer l'autorité. L'un a l'autorité institutionnelle, l'autre a l'autorité médiatique, avec l'opinion derrière lui. Ayrault est gêné par Valls.» Fin août, un conseiller du premier ministre n'en faisait pas mystère: «Valls, confiait-il, est un gros caillou dans la chaussure.»

L'affrontement est-il terminé? Valls a choisi de réagir, au risque de faire perdurer la polémique que tentait de clore le président. Mercredi matin, le ministre a demandé à ses proches de démentir les propos qu'on lui prêtait: «Manuel Valls n'a jamais parlé de maladresse dans ses propos sur les Roms. Il a dit qu'il regrettait la teneur des débats, l'exploitation de ses propos et les attaques dont il a fait l'objet.»

Ayrault et ses équipes sont-ils allés trop loin? Le premier ministre en personne a tenté d'apaiser les esprits, mercredi à l'Assemblée, en réaffirmant sa «confiance dans le ministre de l'Intérieur». Le mal était fait. «Entre Ayrault et Valls, le niveau de confiance est tombé très bas», affirme un conseiller. Qui ajoute: «Ayrault veut asseoir son autorité sur Valls et sur tous les autres ministres. Mais il n'a pas compris qu'avec un Valls si proche du président c'était illusoire.»

Valls n'a pas tort :

http://www.leparisien.fr/faits-divers/wattrelos-le-depute-maire-cambriole-par-des-roms-02-10-2013-3189571.php