Hommage : Adieu Salah Mouhoubi !

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Mardi, 17 Septembre 2013 09:50

Hommage : Adieu Salah Mouhoubi !

Par : Rédaction Nationale



Dimanche dernier nous quittait à jamais Salah Mouhoubi à l’âge de 64 ans. Économiste, expert financier, politologue et écrivain, le regretté a aussi occupé plusieurs postes de responsabilité à la Banque centrale, au Centre africain d’études monétaires à Dakar, dans des cabinets ministériels et à la présidence de la République.

Cet article, je le voulais un hommage à celui qui a été mon consultant, puis mon ami. Voilà huit ans que j’ai rencontré Salah Mouhoubi. Au fil des semaines, je me rendais compte de la valeur de l’homme. Au fil des mois, sa pertinence dans l’analyse de la situation politico-économique de l’Algérie devenait une évidence. À travers ses nombreux ouvrages, à travers ses multiples interventions à la télévision et à la radio, je m’étais dit quelle chance j’avais d’avoir un invité de marque à l’occasion de chaque débat. L’homme aimait l’Algérie, tout simplement. Il croyait en l’Algérie. Son amour était sincère. Il voulait voir son pays développé. Les progrès enregistrés chez nos voisins les plus proches le rendaient jaloux.

Il me disait : “On peut faire mieux qu’eux et pourtant !!”

Diplômé de Sciences-Po de Paris et de l’Institut de hautes études internationales à la Sorbonne, sa modestie était remarquable. J’étais parfois gêné devant lui, vu mon jeune âge, mais j’apprenais beaucoup de sa longue expérience de la vie. Parmi les grandes qualités aussi que j’ai appréciées chez Salah Mouhoubi, son honnêteté intellectuelle, qualité rarissime de nos jours chez notre élite. En effet, étant journaliste animateur de débat, j’ai eu à constater le double langage de certaines personnalités. Dans les coulisses, elles tiennent un discours critiquant le système de gouvernance, une fois en direct face caméra ou micro, c’est une autre histoire. Déplorable ! Salah Mouhoubi n’était pas de ce genre-là. Il disait les choses telles quelles étaient. Il décrivait la stricte réalité sans avoir froid aux yeux. Des vérités qu’il a dévoilées avec une grande subtilité. Ce n’était pas quelqu’un qui aspirait à un poste.

Deux idées m’ont fortement marqué durant toutes ces années-là avec le regretté. La première est relative aux subventions de l’État, un mot qu’il détestait tant. Pour lui subventionner certains produits voulait dire encourager l’assistanat, diminuer la productivité, et il réitérait à chaque fois que l’Algérie allait droit au mur avec cette politique. La deuxième idée sur laquelle il insistait tellement concernait l’agriculture. La seule véritable alternative selon lui aux maudits hydrocarbures. Un pays comme le nôtre avec la richesse de notre terre, quelle chance, malheureusement sous-exploitée. C’était un homme à conviction, avec des opinions fortes inflexibles. Le jour de l’enterrement, une foule nombreuse l’accompagnait à sa dernière demeure. Sa famille, ses amis, ses proches, mais pas ces nombreux officiels qu’il connaissait pourtant tous. Aucun n’a fait le déplacement pour cet homme qui aurait pu être ministre dans un autre pays.

Mes pensées aujourd’hui vont pour sa formidable famille. Son épouse et sa fille pour l’espoir qu’elles avaient de le maintenir en vie après sa dure maladie. Sa mère, ses frères et sœurs pour leur soutien jusqu’à la dernière minute. Son gendre pour son dévouement au beau-père. Sa petite-fille pour ses sourires qui lui faisaient tant plaisir. Ses livres sont tellement riches, tellement utiles pour l’Algérie de demain, j’espère qu’ils ne resteront pas lettre morte. Salah Mouhoubi a dit une fois à son épouse : “Ma plume s’arrêtera le jour où je ne serai plus de ce monde.” Ce jour-là est malheureusement arrivé, ses écrits vont laisser un vide difficile à combler.

Repose en paix cher ami, l’Algérie ne t’oubliera jamais.

A. Lahri, Journaliste