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Syrie : François Hollande lâché par l'Europe au G20
Mis à jour le 05/09/2013 à 22:33 - Publié le 05/09/2013 à 18:49François Hollande au G20
L'Union européenne a rejeté jeudi l'usage de la force en Syrie, souhaitant une solution politique dans le cadre de l'ONU. Une position déjà défendue par l'Allemagne.
La mission s'annonce difficile. Si ce n'est impossible. Au sommet du G20 de Saint-Pétersbourg, François Hollande ne s'est fixé qu'un seul objectif: rallier «la coalition la plus large possible» de pays en faveur d'une intervention punitive en Syrie, aux côtés des Américains. «Nous comptons sur le soutien des Européens et des pays arabes», assurait l'entourage du chef de l'État. Peine perdue. François Hollande avait à peine posé le pied sur le tarmac de l'aéroport de Saint-Pétersbourg qu'il était déjà lâché par ses plus proches alliés, les Européens.
Membre du G20, représentant les 28 États membres de l'UE, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, flanqué du président de la Commission José Manuel Barroso a clairement rejeté l'usage de la force en Syrie. «Il n'y a pas de solution militaire au conflit en Syrie» a-t-il déclaré à Saint-Pétersbourg, «seule une solution politique peut arrêter les massacres, les violations de droits de l'homme et la destruction de la Syrie».
Le président de l'UE a calqué sa position sur celle d'Angela Merkel, hostile aux frappes en Syrie, comme 70 % des Allemands, et favorable à une «solution politique dans le cadre de l'ONU».
Le camouflet est sévère pour le président français, venu en force au G20, accompagné de Laurent Fabius, Pierre Moscovici et Michel Sapin. Après avoir subi la poignée de main glaciale de Vladimir Poutine, François Hollande espérait un soutien, au moins moral de ses amis européens, à sa décision d'intervenir militairement en Syrie. Il n'en est rien. «À ce jour, la France est le seul pays de l'UE» à vouloir punir militairement la Syrie, a rappelé Herman Van Rompuy, soulignant l'isolement de la France.
Rapport de force défavorable
«Au nom de qui s'exprime Van Rompuy?» interroge-t-on, agacé, dans l'entourage du président. «Il est président du Conseil européen, mais il n'y a pas eu de consultation des dirigeants européens sur la Syrie!» Le chef de l'Etat souhaitait organiser une «réunion à 5» des membres européens du G20 (Allemagne, Italie, Royaume-Uni, France, UE), en marge du sommet. Faute de temps, le «mini sommet» entre Hollande, Merkel, et Cameron a eu lieu, dans le car, conduisant les dirigeants du G20 au dîner organisé au palais de Peterhof. L'Italien Enrico Letta et l'Espagnol Mariano Rajoy les ont rejoint peu après pour un aparté rapide. A défaut d'un soutien à une action militaire, Francois Hollande aurait obtenu de ses alliés européens une «position commune» condamnant fermement l'utilisation des armes chimiques - ce qui avait été déjà fait par le président de l'UE- et condamnant le régime syrien.
Angela Merkel serait «persuadée» de l'implication du régime, confie-t-on côté français, mais elle demanderait «que l'ONU fournisse des preuves le plus vite possible».
Le président russe Vladimir Poutine a rencontré le président chinois Xi Jinping à Saint-Pétersbourg avant le sommet. Les deux pays posent leur veto à toute intervention de l'ONU en Syrie.
Alors que la situation est plus que tendue entre les deux pays, le président russe Vladimir Poutine accueille le président américain Barack Obama au début du sommet du G20, jeudi, à Saint-Pétersbourg.
Les États-Unis envisagent de mener des frappes aériennes punitives contre le régime de Bachar el-Assad après l'emploi d'armes chimiques dans la banlieue de Damas le 21 août. La Russie est hostile à une telle option.
Vladimir Poutine a mis en garde le Congrès américain contre l'approbation de frappes en Syrie qui constitueraient une «agression» si elles avaient lieu «en dehors du cadre des Nations unies», où la Russie et la Chine posent leur veto à toute intervention.
Le président russe et le Premier ministre turc Tayyip Erdogan, favorable à une intervention de grande ampleur en Syrie. Il rencontrera François Hollande en marge du programme officiel.
Le président français est arrivé jeudi à Saint-Pétersbourg avec la volonté de tirer profit du G20 pour élargir la coalition internationale contre le régime de Bachar el-Assad.
Le président russe accueille la chancelière allemande Angela Merkel. Cette dernière, qui a exclu toute participation de son pays à une éventuelle action militaire en Syrie, a dit espérer, lors du G20, un consensus international pour répliquer à l'attaque chimique présumée.
Le président russe avec le Premier ministre britannique avant la première séance de travail du sommet. David Cameron appelle les États-Unis à agir, craignant qu'en l'absence de réaction,il n'y ait de nouvelles «attaques aux armes chimiques perpétrées par le régime». Il répète que le Royaume-Uni ne participera pas à des frappes, conformément à la décision prise par la Chambre des Communes.
Le président russe et Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international.
L'oeuvre de l'artiste Alexei Sergienko en l'honneur du sommet. Elle représente les dirigeants du G20 avec pour titre: «Quelle joie d'être tous réunis aujourd'hui!»
Voilà la balle partie dans le camp de l'ONU… «L'intervention militaire n'est pas un objectif en soi», rappelle-t-on dans l'entourage de François Hollande. «Elle vise à sanctionner l'utilisation d'armes chimiques, à changer la donne sur le terrain, afin d'aboutir à une solution politique…»
Le président français serait-il en train de reculer? Rien n'est moins sûr. Mais il est vrai, qu'au G20, le rapport de force n'est pas du tout favorable à une intervention militaire. Hormis les États-Unis et la France, les va-t-en-guerre se comptent sur les doigts d'une main: Turquie, Arabie saoudite, Australie, Canada. Les pays des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont tous opposés à une intervention militaire, pour des raisons de non-ingérence, par hostilité à l'Occident ou pour des motifs purement économiques. C'est ce dernier aspect qu'ils ont mis en avant, au G20, dans un communiqué commun, soulignant «l'impact extrêmement négatif sur l'économie mondiale» qu'aurait «une intervention étrangère» en Syrie.