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Hollande et le gouvernement dessinent la France rêvée de 2025
Mis à jour le 18/08/2013 à 23:54 - Publié le 18/08/2013 à 20:33
Les membres du gouvernement réunis à l'Élysée pour un séminaire sur l'emploi, en janvier dernier.
La rentrée de l'exécutif s'effectue lundi, à l'Élysée, lors d'un séminaire destiné à donner « de l'espoir aux Français ». Mais les propositions des ministres semblent parfois peu réalistes.
L'heure de la rentrée a sonné pour l'exécutif. Après de courtes vacances, l'équipe gouvernementale a rendez-vous ce lundi matin à l'Élysée, autour de François Hollande, pour un séminaire consacré à la France de 2025. Annoncé le 14 Juillet par le président, le thème n'avait pas été choisi au hasard. Sur fond de crise persistante et de chômage record, l'idée était de donner un peu d'oxygène à l'exécutif et, aux Français, des raisons d'y croire. À l'époque, Hollande était bien loin d'imaginer que la France allait enregistrer une croissance de 0,5 % au deuxième trimestre, ce «spasme», selon les mots de Jean-Luc Mélenchon. Anne Lauvergeon, qui préside la commission Innovation 2030, se félicite de cette initiative. «Un des problèmes de la France, c'est cette difficulté à se projeter. Nous ne pouvons pas être dans un pays sans stratégie de long terme. La Grande-Bretagne a beau être un pays libéral, elle a des stratégies bien arrêtées sur certains secteurs», confie au
Figaro l'ancienne conseillère de François Mitterrand, laquelle s'exprimera au cours du séminaire, tout comme Jean Pisani-Ferry, commissaire général à la stratégie et à la prospective. «Nous voulons, argumente un conseiller élyséen, que la France retrouve toute sa place et redonner de l'espoir à tous les Français.»
Cet espoir transpire des contributions des ministres sur ce vaste sujet. Zappant l'exercice de prospective, certains ont choisi de faire preuve d'un optimisme béat et d'un certain angélisme vis-à-vis de ce que sera la situation de la France dans dix ans. Le ministre de l'Économie, Pierre Moscovici, qui révisait encore la croissance à la baisse voilà dix jours, juge ainsi que «le plein-emploi est un objectif réaliste». Pour Cécile Duflot, ministre du Logement, «chacun disposera d'un toit et d'un environnement de qualité» et «les logements vacants seront devenus très rares». Trouver un logement sera alors une «étape plaisante de la vie», assure même Duflot. Le poids de l'industrie dans la richesse nationale ne cesse de reculer depuis les années 1970. Mais Arnaud Montebourg en charge du Redressement productif, parie sur une industrie requinquée à l'horizon de dix ans, revenant à «20 %» du PIB. Comment? Grâce à la politique qu'il conduit depuis Bercy. «La grandeur de la politique, plaide un conseiller ministériel, c'est de se fixer des objectifs ambitieux.»
À l'inverse, certains ministres font preuve de réalisme. Quitte à apparaître comme des rabat-joie. C'est le cas de Geneviève Fioraso. «Tout porte à croire qu'à l'horizon 2025 les énergies renouvelables n'auront malheureusement pas encore atteint le stade de maturité», écrit la ministre de l'Enseignement supérieur dans sa contribution, dont
Le Figaro a pris connaissance. La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, se livre également à un travail prospectif. Partant du constat que les générations ayant vécu la démocratisation de la culture voulue par Malraux vieillissent, elle s'interroge sur la relève. Qui seront les grands lecteurs, les spectateurs d'opéra ou les auditeurs de la musique classique de demain?
«Tourner la page»
À l'Élysée et à Matignon, on admet en creux que certains ministres ont peut-être vendu trop de rêve aux Français. «Les contributions sont des documents de travail. Ils n'ont pas vocation à constituer l'essence même du séminaire», tempère l'entourage du président, faisant valoir au passage que si «le plein-emploi est bien l'objectif», «il sera difficile à atteindre». Anne Lauvergeon est bien décidée à ne pas bâtir des châteaux en Espagne: «Moi, je ne vais pas faire un topo sur l'innovation rêvée. Je vais parler de la France, mais de façon réaliste.»
Durant le séminaire, trois débats sont prévus: le rôle et la place de la France dans le monde, les mutations à conduire et le «vivre ensemble» en 2025. Une première étape sera alors franchie et «moins d'une dizaine de secteurs prioritaires auront été identifiés», dit l'Élysée. D'autres étapes suivront, avec la remise d'un rapport de Lauvergeon courant septembre et de celui de Pisani-Ferry fin 2013. L'Élysée et Matignon répètent en cœur que «le temps court et le temps long sont complémentaires». Et qu'il «faut tourner la page d'une décennie noire». La politique n'est jamais bien loin.