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EELV au gouvernement : Placé s'interroge, Hollande ambigu
Mis à jour le 09/11/2012 à 12:01 | publié le 09/11/2012 à 10:12
Jean-Vincent Placé, dans la cour de l'Élysée.
Selon le patron des sénateurs EELV, les écologistes s'interrogent sur leur participation au gouvernement depuis le «virage» du pacte sur la compétitivité. Hollande juge «possible» leur départ, mais «ne le souhaite pas».Jean-Vincent Placé met les pieds dans le plat. Trois jours après les annonces de Jean-Marc Ayrault sur le pacte de compétitivité, décriées par une partie de la gauche, le patron des sénateurs EELV assure que «de plus en plus d'écologistes» se posent «la question de savoir ce que nous faisons au sein du gouvernement». «Depuis le virage post-rapport Gallois et les annonces très en faveur des entreprises sans contreparties et sans conversion écologique, je suis moi-même de plus en plus perplexe quant à cette participation gouvernementale», a-t-il assuré lundi sur Radio Classique. Et de renchérir en dénonçant le «bilan bien maigre» des socialistes, six mois après leur arrivée au pouvoir.
Le sénateur de l'Essonne parle-t-il au nom de tous les écologistes, notamment au nom de Cécile Duflot, ministre du Logement? «Elle est ministre. Elle est tenue à un devoir de réserve. Elle est très solidaire, à l'égard du gouvernement et elle est loyale à l'égard des écologistes», a-t-il répondu, laissant ainsi entendre que la ministre pouvait partager certaines de ses inquiétudes.
Le porte-parole d'EELV a rapidement réagi: les propos de Jean-Vincent Placé «sont personnels et n'engagent que lui», a déclaré Jean-Philippe Magnen vendredi matin. «Nos ministres font leur boulot. (...) Nous ne sommes pas sur un strapontin, nous sommes légitimes. Nous avons fait le choix d'assumer une coalition avec nos convergences et nos divergences», a ajouté le porte-parole.
Pourtant, mardi, le député Noël Mamère avait très ouvertement pesté contre un pacte de compétitivité qui «exclut tout ce qui ressortit à la transition énergétique» et avait remis en question la présence des écologistes au gouvernement: «S'il n'y a pas une réponse apportée sur le sujet par le gouvernement d'ici 2013 ou 2014, nous serons en droit de nous interroger sur notre utilité dans cette majorité.»
«On n'attend pas de nous qu'on s'interroge devant les micros»Parmi les mesures qui passent mal chez les écologistes figure le choix de repousser à 2016 la mise en place d'une fiscalité écologiste. «C'est trop tard!» s'est permis de critiquer, dans Le Nouvel Observateur, le ministre délégué au Développement Pascal Canfin. «C'est incompréhensible et inacceptable, pour nous, écologistes», estime pour sa part François de Rugy, coprésident du groupe EELV à l'Assemblée.
Lequel n'a cependant pas trop apprécié la sortie matinale de son homologue sénateur et s'est offert une tournée des médias pour les tempérer. «On n'attend pas de nous qu'on s'interroge devant les micros, mais que l'on propose, qu'on agisse, que l'on décide», a-t-il indiqué sur i-Télé. «Notre participation au gouvernement et à la majorité n'a pas été faite à la légère, sur un coup de tête. Il n'est pas question pour nous de la remettre en cause tous les quatre matins», a-t-il ajouté sur Europe 1.
«Dans tous les cas, pas de panique!»Conscient des désaccords entre écologistes et PS, le chef de l'État a jugé «possible» un départ des écologistes du gouvernement, mais «ne le souhaite pas», dans un entretien à l'hebdomadaire
Marianne réalisé avant que le chef de file des sénateurs EELV ne rue dans les brancards. «Enfin, nous verrons bien… Dans tous les cas, pas de panique!» répond le chef de l'État comme on lui demande «si les écolos vont quitter» le gouvernement.
Côté PS, on cherche à faire passer le coup de semonce du sénateur écologiste pour une initiative isolée. «Les ministres écologistes n'ont pas l'air de se poser des questions. Ils ont l'air épanoui, ils sont utiles», a noté le porte-parole du PS, David Assouline. «Peut-être que Jean-Vincent Placé se poserait d'autant moins la question s'il était ministre lui-même…», a ironisé le socialiste parisien, référence aux efforts déployés cet été par l'écologiste pour entrer au gouvernement. Pour Manuel Valls, «il n'y a que lui qui s'interroge». «Si seulement c'était le cas!» lui a répondu l'élu écologiste sur Twitter.
Pour le gouvernement, cette rébellion écologiste tombe au plus mauvais moment. L'exécutif est également confronté aux crispations croissantes du Front de gauche, qui se sont traduites notamment par le rejet récent au Sénat de deux textes importants par les sénateurs communistes.