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Egypte : le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira en urgence
Le 15.08.2013 à 09h25 • Mis à jour le 15.08.2013 à 21h53 François Hollande et Laurent Fabius estiment désormais devoir faire face au risque d'une guerre civile en Egypte.
Au lendemain de la répression menée par l'armée en Egypte, qui a coûté la vie à plus de six cents personnes, les quinze pays membres du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies tiendront jeudi 15 août au soir des consultations d'urgence à huis clos à New York sur la crise qui agite le pays. Cette réunion, qui commencera à 23 h 30 heure française (17 h 30 à New York) est organisée à la demande conjointe de la France, du Royaume-Uni et de l'Australie, à la suite de la répression sanglante par la police et l'armée des manifestations au Caire, largement dénoncée par la communauté internationale.Au cours de cette rencontre, les ambassadeurs des quinze Etats membres seront informés de la situation en Egypte par le vice-secrétaire général de l'ONU, Jan Eliasson, en l'absence du secrétaire général, Ban Ki-moon, actuellement en tournée au Proche-Orient. D'après des diplomates interrogés par l'Agence France-presse le Conseil ne devrait pas publier une déclaration formelle à l'issue de ces consultations.
Dans une première réaction mercredi, le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon, avait dénoncé le bain de sang au Caire. La haute-commissaire de l'ONU aux droits humains, Navi Pillay, a quant à elle demandé jeudi une enquête sur les agissements des forces de sécurité lors des affrontements. La Turquie avait elle aussi réclamé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.
FRANÇOIS HOLLANDE CRAINT UNE "GUERRE CIVILE"De son côté, François Hollande a convoqué, jeudi matin, l'ambassadeur d'Egypte en France, Mohamed Mostafa Kamal. Il lui a demandé de tout mettre
"en œuvre pour éviter la guerre civile, a condamné avec la plus grande fermeté les violences sanglantes et demandé un arrêt immédiat de la répression".
"La libération de prisonniers [...] pourrait constituer un premier pas vers la reprise de pourparlers", déclare l'Elysée, qui plaide pour une
"solution politique" et souhaite que
"des élections soient organisées dans les meilleurs délais".
Le chef de l'Etat a également appelé les autorités égyptiennes à assurer la sécurité des ressortissants français et des représentations diplomatiques. A la fin de 2012, 6 284 Français étaient inscrits au registre des expatriés, sans compter ceux de passage pour des missions professionelles ou le tourisme. Les ambassadeurs d'Egypte à Berlin, Londres et Rome ont également été convoqués, mais pas par des chefs d'Etat ou de gouvernement.
La veille, la France avait, comme l'ensemble de la communauté internationale, condamné les actions du gouvernement provisoire égyptien. La chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a réclamé la levée de l'état d'urgence
"dès que possible", tandis que Washington a fustigé la répression
"lamentable" dont les partisans de M. Morsi sont la cible, portant un
"grave coup à la réconciliation et aux espoirs du peuple égyptien pour une transition démocratique".TOUT D'UN "COUP D'ÉTAT MILITAIRE", SELON LA NORVÈGESi la Turquie juge que l'Egypte a été le théâtre d'un
"coup d'Etat" qui a renversé Mohamed Morsi, les pays occidentaux évitent jusqu'à présent d'employer ce terme, qui obligerait notamment les Etats-Unis à suspendre leur aide militaire au Caire – qui s'élève à 1,3 milliard de dollars par an.
Le chef de la diplomatie norvégienne, Espen Barth Eide, a toutefois estimé jeudi que la situation présentait
"toutes les caractéristiques d'un coup d'Etat militaire" :
"Un président élu a été démis, un vice-président a démissionné et l'homme fort est un chef militaire, a constaté le ministre.
Les militaires prétendent qu'ils ont un plan de retour rapide à un gouvernement civil. Ils disent les bonnes choses, mais presque tout ce qui s'est produit depuis la prise de pouvoir va dans le mauvais sens."
La Chine appelle à la "retenue"
Après un concert de condamnations internationales mercredi, c'est désormais au tour de la Chine de réagir jeudi.
"Très préoccupé", Pékin
"espère que toutes les parties vont faire primer l'intérêt de la nation et de la population, en faisant preuve de toute la retenue possible, afin d'éviter de nouvelles victimes", a déclaré le ministère des affaires étrangères.
Pékin et Le Caire ont fortement renforcé leurs relations économiques ces dernières années et, pour sa première grande sortie hors du monde arabe, le président Morsi s'était rendu en août 2012 en Chine. Le développement des échanges avec la Chine était déjà un axe prioritaire durant les dernières années au pouvoir du président Hosni Moubarak, renversé en février 2011.