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Egypte : l'armée s'apprête à déloger de force les pro-Morsi
Le 11.08.2013 à 16h08 • Mis à jour le 12.08.2013 à 16h22
Des militaires égyptiens bloquent l'entrée de la place Al-Nahda, que des partisans du président déchu Mohammed Morsi occupent depuis plus d'un mois.
La justice égyptienne a annoncé lundi 12 août avoir prolongé de 15 jours la détention préventive du président Mohamed Morsi, destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet.M. Morsi, toujours détenu au secret par l'armée, a été formellement placé en détention préventive le 26 juillet et inculpé d'implication présumée dans des opérations imputées au Hamas et visant les forces de sécurité lors de la révolte contre le président Hosni Moubarak en 2011. Les charges portent en particulier sur l'aide que lui aurait apportée le Hamas pour s'évader d'une prison où le régime Moubarak l'avait incarcéré début 2011, peu avant d'être chassé du pouvoir.
Plus tôt dans la journée, les partisans de Mohamed Morsi ont appelé à de nouvelles manifestations en Egypte alors qu'expire un ultimatum du pouvoir et que les autorités s'apprêtent à disperser de force leurs sit-in sur deux places du Caire. L'Alliance contre le coup d'Etat et pour la démocratie, groupe dirigé principalement par les Frères musulmans, veut organiser
"dix marches" dans toute la capitale pour
"défendre la légitimité des élections". Barricadés avec femmes et enfants, les manifestants réclament depuis plus d'un mois le retour au pouvoir du premier président égyptien élu démocratiquement.
Le nouveau gouvernement intérimaire mis en place par les militaires a promis des élections pour début 2014, mais menace de déloger la foule des places Rabaa Al-Adawiya et Nahda après la fin des quatre jours fériés suivant l'Aïd-el-Fitr, la fête de fin du ramadan. Des sources proches du gouvernement et de la sécurité, citées par Reuters, évoquaient une intervention dès lundi à l'aube, qui n'a finalement pas eu lieu.
BLOCAGES POLITIQUE ET DIPLOMATIQUEL'opération aurait été reportée en raison du grand nombre de manifestants qui ont afflué sur les sites de rassemblement après l'annonce de l'imminence d'une intervention. Selon une responsable égyptienne de la sécurité cité par l'agence Associated Press (AP), les autorités auraient voulu éviter un
"bain de sang". En prévision de cette offensive, les manifestants avaient fortifié leurs camps et édifié des barrières de protection en bois et en béton, selon Al-Jazeera. Ils se seraient également procurés masques à gaz, lunettes protectrices et gants.
Toute la nuit de dimanche à lundi, le centre de presse installé dans une annexe de la mosquée de Rabiya a diffusé des messages, tour à tour bravaches et alarmés
. "De nouvelles marches arrivent à Rabiya pour nous renforcer", a-t-il fait savoir à 4 heures du matin, une heure après avoir annoncé que trente-quatre bataillons de l'armée étaient en mouvement sur la route entre Alexandrie et Le Caire pour venir les déloger. Cette information n'a pas été confirmée.
Les Frères musulmans, qui répètent à l'envi que leurs manifestations sont pacifiques, réclament la libération de M. Morsi et des principaux dirigeants de la confrérie arrêtés depuis le 3 juillet – certains seront jugés le 25 août notamment pour incitation au meurtre – et la restauration du président et de la Constitution suspendue. Le gouvernement intérimaire propose seulement aux Frères musulmans de participer au processus électoral.
LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE REDOUTE UN BAIN DE SANGDans le même temps, le pouvoir intérimaire, relayé par la presse égyptienne quasi unanime, accuse les Frères musulmans d'être des
"terroristes", d'avoir stocké des armes automatiques sur les deux places et de se servir des innombrables femmes et enfants qui s'y trouvent comme de
"boucliers humains".
La communauté internationale, Union européenne et Etats-Unis en tête, a multiplié les tentatives de médiation ces dix derniers jours, en vain pour l'heure. Elle redoute un bain de sang : en un mois, plus de 250 personnes, pour l'essentiel des manifestants pro-Morsi, ont été tuées dans des affrontements avec les forces de l'ordre et des partisans du nouveau pouvoir.