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Délinquants remis en liberté : Manuel Valls soutient ses policiers
Mis à jour le 04/08/2013 à 23:15 - Publié le 04/08/2013 à 17:33
Manuel Valls lors d'une visite, mercredi dernier, aux hommes du GIGN à Versailles.
Le ministre a téléphoné au commandant de police de Dreux, auteur du rapport révélé par Le Figaro. La garde des Sceaux enquête.L'affaire de Dreux entre dans l'arène politique. Vendredi soir,
Le Figaro avait révélé le contenu du rapport alarmant d'un commandant de police de Dreux adressé à sa plus haute hiérarchie. L'officier, numéro deux du commissariat, protestait contre la remise en liberté dans sa ville, le 1er août dernier, de trois malfaiteurs censés être placés sous écrou par le parquet de Chartres au prétexte que la prison locale était pleine.
La réaction du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, ne s'est pas fait attendre. Il a appelé personnellement, dès samedi, le commandant de police pour écouter son récit. Et au sujet du comportement du magistrat mis en cause, il s'est déclaré «très surpris de cette décision et inquiet de ses conséquences». L'hôte de Beauvau a ajouté: «Cette décision très étonnante va à l'encontre de la stratégie décidée conjointement par la Chancellerie et l'Intérieur qui vise à accroître le concours des forces de sécurité pour faire exécuter les peines.»
Embarras immédiat Place Vendôme, où la ministre de la Justice, Christiane Taubira, s'est fendue, le 3 août, d'un court communiqué confirmant à demi-mots les événements relatés par le fonctionnaire de Dreux: la garde des Sceaux «a pris connaissance de la décision du parquet du tribunal de grande instance de Chartres de différer la mise à exécution des peines de trois personnes condamnées», est-il indiqué.
«Des informations contradictoires ayant été portées à sa connaissance, explique-t-elle confusément, elle a demandé au parquet général de la cour d'appel de Versailles de bien vouloir lui rendre compte des conditions dans lesquelles le parquet de Chartres avait été amené à prendre cette décision au regard notamment des conditions d'application de la circulaire de politique pénale du 19 septembre 2012.» Une circulaire où la ministre demande, de façon très explicite, aux magistrats placés sous sa tutelle de «veiller tout particulièrement à l'aménagement des peines d'emprisonnement. Cette priorité devra être déclinée lors de l'audience, après le prononcé de la condamnation et lors de sa mise à exécution.»
Le député maire UMP de Nice, Christian Estrosi, s'est dit «indigné et révolté» par ce qui s'est passé à Dreux. Il a annoncé qu'il avait écrit à la garde des Sceaux «pour lui demander des explications». Bruno Beschizza, le secrétaire national de l'UMP chargé des questions de sécurité a renchéri sur le réseau social Twitter: «Les policiers confirment ce que nous dénonçons depuis des mois: l'impunité institutionnellement instaurée!» Cet ancien syndicaliste policier apporte d'ailleurs cette précision: «Mme Taubira nous trompe lorsqu'elle prétend que le parquet de Chartres n'a fait que différer la mise à exécution des peines des trois voyous. Il les a tout simplement remis dehors!»
Dans son compte rendu à son directeur central à Paris, le commandant d'Eure-et-Loir rappelle que ce n'est pas la police qui décide des mises sous écrou, mais la justice. Et celle-ci les réclamait initialement dans cette affaire, obligeant le commissariat à mobiliser des effectifs pour arrêter ces trois délinquants.
L'un d'eux devait purger trois mois pour rébellion, violences sur personne dépositaire de l'autorité publique et outrage, le deuxième, deux mois de prison ferme pour violence avec arme et le troisième, trois mois d'incarcération pour inexécution d'une peine précédente de travail d'intérêt général.
- Citation :
- « Les policiers confirment ce que nous dénonçons depuis des mois : l'impunité institutionnellement instaurée ! »
Le rapport de police relate ce qui s'est passé, après le placement en rétention des trois voyous au commissariat: «Au moment de l'avis à M. le substitut de permanence et après avoir vérifié que ces mises sous écrou étaient toujours valides, quelle ne fut pas la surprise de l'officier de police judiciaire de se voir signifier par le magistrat de libérer sans délai les mis en cause, sans suites judiciaires, au prétexte que la maison d'arrêt de Chartres était pleine et qu'il ne fallait plus mettre en exécution le moindre écrou jusqu'au moins au 1er septembre.»
Au tribunal de grande instance de Chartres, on disait, ce week-end, «n'avoir pas reçu la consigne» de ne plus enregistrer d'écrou jusqu'au 1er septembre à la maison d'arrêt de Chartres. «Nous n'avons aucune instruction visant à ne plus écrouer de personnes à la maison d'arrêt de Chartres. Preuve en est, des personnes jugées en comparution immédiate cette semaine ont été condamnées à des peines de prison avec mise sous mandat de dépôt», affirme le parquet.
Pour les trois voyous du 1er août, «on serait donc bien dans le cadre des directives de la Chancellerie», dit une source judiciaire locale. Ce qui fait dire au député UMP Éric Ciotti que «cette affaire n'est pas un fait isolé, mais la conséquence inévitable de la politique pénale de Mme Taubira depuis maintenant plus d'un an». À l'entendre, «il y aura d'autres Dreux en France». Et même de plus en plus.