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Budget de l'Elysée : Hollande amplifie les efforts de Sarkozy
Le 15.07.2013 à 19h19 • Mis à jour le 16.07.2013 à 07h49 Une fois de plus, François Hollande n'est pas entré dans le jeu de ceux qui l'exhortent à adopter un ton "churchillien" annonciateur de "sang" et de "larmes". "La reprise, elle est là", a-t-il affirmé.
Au jeu des économies sur le budget de l'Elysée, François Hollande l'emporte d'une courte tête sur Nicolas Sarkozy. C'est ce qu'il ressort de l'examen du rapport de la Cour des comptes sur les dépenses de la présidence de la République en 2012. Après une année marquée par la transition entre les deux chefs de l'Etat, les Sages de la rue Cambon ont ausculté les comptes du palais, en établissant une distinction entre l'avant et l'après-15 mai 2012.En langage de magistrat, le verdict s'énonce ainsi :
- Citation :
- "La Cour constate que la recherche d'économies a été poursuivie, avec une amplification au cours du second semestre en raison des mesures prises."
Les efforts consentis par les deux présidents permettent de ramener la dotation de l'Elysée de 108,9 millions d'euros à 102,9 millions. Près de 6 millions d'euros seront ainsi reversés au budget de l'Etat. Selon le rapport remis par Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, cette baisse globale des dépenses est principalement due à la diminution des coûts de déplacements et à la réduction des charges de personnel.
20 000 EUROS EN MOINS POUR ALLER À BRUXELLESLes dépenses effectives de déplacement sont tombées à 14,3 millions d'euros en 2012, contre 17,7 millions en 2011. La Cour souligne le poids des nouvelles mesures annoncées par François Hollande dans cette réduction des coûts. Le fait de prendre le train pour aller à Bruxelles au lieu de l'avion a permis d'économiser plus de 20 000 euros pour M. Hollande, par rapport à un déplacement similaire de Nicolas Sarkozy en janvier 2012.
De manière générale, la limitation de l'utilisation de l'Airbus A330-200 pour les longues distances et le choix de la voiture pour les courts trajets a permis de réaliser des économies. En revanche, l'utilisation du TGV –
"largement médiatisée", note le rapport – pour les voyages en France, est
"restée marginale" avec un seul voyage.
L'allègement des dépenses de personnel est également significatif. La diminution des effectifs, engagée en 2007, s'est poursuivie sous Hollande, avec 13 membres de cabinet en moins, par rapport à 2011. Le rapport note également l'importance de la réduction du traitement du chef de l'Etat de 30 %, ainsi que le plafonnement du salaire de ses collaborateurs. Une économie de 900 000 euros a été réalisée en 2012, malgré l'augmentation de 500 000 euros des charges patronales.
RATIONALISATION DES COMMANDES DE FLEURSLa grosse distinction entre le premier semestre de M. Sarkozy et le deuxième de M. Hollande est surtout visible dans des sous-rubriques du budget. Plusieurs postes de dépenses ont considérablement diminué, voire ont été supprimés, après le 15 mai 2012. Il en va ainsi des sondages et études – l'ancien président en était friand – qui ont été supprimés par le nouveau chef de l'Etat.
Le rapport note également que 73 % des dépenses de presse (buffets, cars, etc.) ont été effectuées lors du premier semestre. Idem pour les aménagements audiovisuels, dont 78 % concernent la période sarkozyste (0,93 million d'euros sur un coût total de 1,2 million d'euros). La cellule Internet a dépensé beaucoup moins lors du 2
e semestre (180 000 euros contre 373 809 euros) notamment grâce à la suppression du site dédié à la première dame.
Soucieux du moindre détail, le rapport note également que les coûts de fleurs sont passés de 230 000 euros en 2011 à 130 000 euros en 2012,
"grâce à l'utilisation d'un logiciel de gestion". La fête de Noël a, elle, été ramenée de 310 000 à 170 000 euros.
DES PISTES D'ÉCONOMIES EXISTENT ENCORELa diminution des dépenses, engagée sous l'ère Sarkozy, qui avait ouvert l'examen du budget de l'Elysée à la Cour des comptes, doit néanmoins se poursuivre, selon les magistrats. Le rapport pointe ainsi plusieurs pistes d'économies. Il s'intéresse particulièrement
"à la commande publique", engageant l'Etat à poursuivre les progrès vers plus de transparence.
Les Sages appellent par ailleurs à une refonte complète du système d'heures supplémentaires, qui coûte 1,8 million d'euros, avec de nombreuses
"anomalies". L'occupation du palais de l'Alma, qui comprend une soixantaine d'appartements dévolus aux proches collaborateurs du président, doit également être clarifiée. La Cour prône la mise en place d'un nouveau régime d'occupation plus transparent, qui
"doit permettre de régler la situation de personnes dont le maintien dans les lieux ne se justifie plus". Enfin elle suggère
"un contrôle strict des dépenses à la table du palais", dont le budget représente 4,4 millions d'euros, et un audit du parc de véhicules ainsi que de la correspondance présidentielle.
La situation ambiguë du pavillon de la Lanterne n'a pas échappé non plus aux auteurs. Cette résidence, habituellement réservée au premier ministre, avait été préemptée par Nicolas Sarkozy. La convention a depuis été prolongée, et François Hollande n'a pas pour l'instant émis le souhait de rétrocéder le pavillon de chasse du XVIII
e siècle, doté depuis la période Rocard d'une piscine et d'un tennis, à Jean-Marc Ayrault.