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Vers une boîte noire dans les voitures françaises
Mis à jour le 21/06/2013 à 09:16 - Publié le 20/06/2013 à 19:29
La boîte noire d'une Toyota impliquée dans un accident mortel aux États-Unis en 2009. Bien qu'il soit encore optionnel, ce dispositif a la faveur de 96 % des automobilistes américains.
Des études vont être lancées pour doter les véhicules d'un appareil restituant des données captées trente secondes avant l'accident.
Comme les avions, les voitures françaises pourraient dans quelque temps être équipées d'une boîte noire. C'est en tout cas la piste que compte explorer le Conseil national de la sécurité routière (CNSR). Se réunissant en séance ce vendredi, son président, Armand Jung, devrait demander aux deux commissions concernées, vitesse et outils technologiques, d'étudier cet appareil dans un cadre déjà quelque peu délimité.
Car, précise Armand Jung, «cet outil ne contiendra que des données techniques», relatives au freinage, à la vitesse, au port de la ceinture ou encore au déclenchement des airbags. Exit donc toute information portant atteinte à la vie privée: il n'y aura pas d'enregistrement vocal et d'image. Par ailleurs, cet appareil ne délivrera des renseignements que sur les trente secondes précédant l'accident, unique cas au cours duquel les seules forces de l'ordre seront autorisées à les exploiter.
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- Deux avantages : responsabiliser l'automobiliste et obtenir des données précises sur les circonstances et la vitesse en cas d'accident
Ce projet est aujourd'hui celui qui est privilégié pour combattre la vitesse même si, selon Armand Jung, une baisse éventuelle de certaines limitations est toujours étudiée. Plus consensuelle, cette boîte noire, plus justement baptisée «enregistreur de données d'accidents» recueille les faveurs d'un grand nombre d'acteurs de la sécurité routière dont Frédéric Péchenard, le délégué interministériel à la sécurité routière. «Elle offre de nombreux avantages», explique ce dernier. Le premier serait d'avoir un impact direct sur le comportement de l'automobiliste. Sachant que ses faits et gestes sont enregistrés, il pourrait être plus respectueux des règles. «Nous voulons ainsi le responsabiliser», indique Armand Jung. Le second intérêt est d'ordre épidémiologique: «En cas d'accident, on aura des données précises sur les circonstances et la vitesse», souligne Frédéric Péchenard.
À ce jour, les États-Unis se sont lancés dans la généralisation des boîtes noires. Encore optionnelles et peut-être bientôt obligatoires, elles sont déjà adoptées par 96 % des automobilistes américains. «En Europe, la police de Berlin en avait équipé ses véhicules. En quelques mois, les accrochages avaient chuté de 36 %, preuve que cet outil joue sur les comportements», relate Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière. Mais ce projet est dans l'air du temps: «Ces enregistreurs dans les véhicules sont l'une des propositions du plan 2011-2020 de la sécurité routière de la Commission européenne», rappelle Christophe Ramond, directeur des études et recherches à la Prévention routière.
Quant à l'installation de ce boîtier, elle ne présenterait guère de difficulté, selon Jean-Charles Sarbach, directeur technique à la Fédération des industries des équipements pour véhicules: «le prix du dispositif ne devrait excéder les 150 euros».
En parallèle de ce projet, plusieurs recommandations devraient être soumises au vote lors de ce CNSR. Deux d'entre elles porteront sur la taille des plaques d'immatriculation des deux roues et sur le port du gilet pour les motards, avec obligation de l'avoir avec soi et non sur soi. Les deux autres concerneront le téléphone au volant et le développement de la conduite accompagnée pour passer le permis.
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L'éthylotest antidémarrage en panne
L'alcool au volant pourrait être mieux combattu, estime l'association Quarante millions d'automobilistes. Dans un rapport remis aux parlementaires, cette dernière rappelle qu'il existe dans l'arsenal juridique des dispositions qui aujourd'hui restent lettre morte. Il s'agit de l'installation de l'éthylotest antidémarrage (EAD), utilisé comme substitution à une peine ou en peine complémentaire. Concrètement, un automobiliste qui a conduit après avoir bu peut se voir imposer l'installation de ce dispositif dans sa voiture. Il devra donc souffler dans la machine calée à un taux d'alcool autorisé très faible et prouver qu'il est «sobre» avant de démarrer. Mais, à ce jour, les magistrats n'y ont pas recours. «Parce qu'il n'y a pas de centre agréé pour équiper les véhicules», explique Pierre Chasseray, délégué général de l'association qui en dénombre seulement deux en France. Pourtant, l'EAD est efficace: utilisé à Annecy, il a permis de diminuer le taux de récidive de 10 à 2 %.