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Réforme des retraites : tensions en vue dans la fonction publique
Le 10.06.2013 à 10h33 • Mis à jour le 10.06.2013 à 11h40
Au cours d'une manifestation contre la baisse des retraites, à Lyon, le 28 mars 2013. Les pistes de préconisations de la commission Moreau sur les retraites s'annoncent douloureuses pour tout le monde : salariés, fonctionnaires, employeurs et retraités.
A quatre jours de la remise du rapport de la commission Moreau sur l'avenir des retraites qui doit être remis le 14 juin au premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et qui pourrait proposer d'allonger la durée de cotisation, le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, prédit des "tensions" sur ce dossier avec le gouvernement, notamment sur la question des fonctionnaires."Ce sera fonction de ce que décidera le gouvernement. Mais si le gouvernement prend des décisions du même tonneau que le gouvernement précédent, il y aura mouvements sociaux et peut-être grèves aussi", a déclaré lundi Jean-Claude Mailly sur France 2.
Eric Aubin, membre de la direction de la CGT, a estimé lundi qu'il
"faudra une mobilisation des salariés" avant octobre
"pour peser" sur la réforme des retraites.
"Sur le dossier des retraites, il faudra une mobilisation des salariés, (il ne faut) peut-être pas attendre octobre, car le calendrier qui nous est donné, c'est que le 20 septembre on aurait un projet de loi qui serait sur la table. Je pense que les salariés doivent se préparer avant à quelques mobilisations pour peser", a déclaré M. Aubin sur RTL.
Les syndicats de la fonction publique font monter la pression
, rapporte le
Figaro dimanche
. Dans un communiqué, six organisations ayant obtenu les deux tiers des voix aux élections professionnelles (hors CFDT et UNSA)
demandent le statu quo du calcul des pensions des agents du public, rejetant tout nouvel allongement de la durée de cotisation ou report de l'âge légal de départ.
"DANS LE MUR"M. Mailly a jugé inutile de modifier le mode de calcul des retraites des fonctionnaires – sur les trois à dix meilleures années de la carrière au lieu des six derniers mois, une autre piste du rapport Moreau.
"Mme Moreau dit elle-même qu'il n'y a pas de différence entre les fonctionnaires et les gens du privé en termes de taux de remplacement. (...) Alors, pourquoi changer ?" a-t-il dit. Les fonctionnaires FO n'accepteront pas une telle réforme de leur système de retraite, qui ne peut qu'alimente la défiance de la fonction publique à l'égard du gouvernement, a ajouté le dirigeant syndicaliste.
M. Mailly a aussi qualifié d'inacceptable et d'hypocrite l'allongement de la durée de cotisation, peut-être jusqu'à 44 ans – une des pistes évoquées par le rapport tel qu'il a été présenté la semaine dernière aux syndicats.
"Pour une génération née en 1989, qui entre sur le marché du travail en moyenne aujourd'hui à 24 ans, ça signifie qu'il faudra attendre 68 ans pour avoir une retraite à taux plein quand l'espérance de vie en bonne santé est à 62 ans pour les hommes et 63 ans pour les femmes", a-t-il fait valoir.
Le syndicaliste dénonce une logique d'austérité à laquelle le gouvernement français s'est, selon lui, rallié en acceptant le nouveau pacte budgétaire européen. Pour lui, le gouvernement ne va pas seulement
"dans le mur" pour les retraites mais de manière générale en matière de politique macro-économique.
"La logique d'austérité plombe tout (...), donc il faut changer de politique économique", a souligné le secrétaire général de FO, selon qui ce changement doit être effectué au niveau européen.
"BONNE HYPOTHÈSE"Le ministre du travail, Michel Sapin, a qualifié de son côté lundi sur BFM Business de
"bonne hypothèse" l'idée d'un allongement de la durée de cotisation pour contribuer à ramener les régimes de retraite à l'équilibre. Il a en revanche exclu que le gouvernement reporte de nouveau l'âge légal de départ à la retraite, porté de 60 à 62 ans en 2010 par l'ancien président Nicolas Sarkozy.
"Ça ne sert à rien aujourd'hui de repousser l'âge de départ à la retraite si ce n'est à créer des inégalités", a-t-il dit.
Dimanche, la ministre des affaires sociales, Marisol Touriane, a prévenu dans un entretien au
Parisien-Aujourd'hui en France que des efforts
"sont nécessaires" et
"devront être partagés par tous" dans la future réforme des retraites.
"Quand on vit plus longtemps, on peut travailler plus longtemps", a déclaré la ministre.