WEB - GOOGLE - ACTUALITE > Société Clément Méric est décédé, ses agresseurs présumés arrêtés
Mis à jour le 06/06/2013 à 18:04 - Publié le 06/06/2013 à 07:53
Un rassemblement a eu lieu ce jeudi sur les lieux de l'agression.
VIDÉO - Ce militant d'extrême gauche de 18 ans a été frappé par des skinheads, mercredi vers 18 heures, en plein centre de Paris. Sept personnes, dont l'auteur probable du coup fatal, ont été interpellées.
Au lendemain d'une très violente agression en plein coeur de Paris, Clément Méric, un jeune militant d'extrême-gauche de 18 ans, est décédé. Le jeune homme, étudiant à Sciences-Po originaire de Bretagne, était en état de mort cérébrale à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière depuis mercredi soir.
Quelques heures plus tôt, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a annoncé l'interpellation de plusieurs personnes, «dont l'auteur probable» du coup fatal. Les personnes arrêtées sont au nombre de sept, dont une femme. Quatre d'entre elles ont été interpellées par la Brigade de recherche et d'intervention (BRI, antigang) dans une rue de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), et sont âgés de 21 à 37 ans. Selon une source policière, l'auteur présumé des coups serait né en 1992 et graviterait dans la mouvance d'extrême droite. Il aurait déclaré ne pas avoir eu l'intention de tuer le jeune homme.
L'altercation s'est produite vers 18 heures au numéro 60 de la rue Caumartin, dans le IXe arrondissement, où une vente de vêtements privée, de la marque Fred Perry, prisée par les milieux skinheads, était organisée. La victime était accompagnée par trois camarades. Trois jeunes gens «de type skinhead», ainsi qu'une femme, sont arrivés sur les lieux. Crânes rasés, portant des vestes «bombers» et des chaussures montantes de type «rangers», ils auraient, selon une source policière jointe par
Le Figaro, «été apostrophés par la victime, qui leur aurait lancé des noms d'oiseaux avant de les traiter de “fachos”». Il y a eu invectives, bousculades entre les deux groupes, selon les premiers éléments de l'enquête, qui se base pour l'heure sur de «nombreux témoignages directs».
Rixe généraleJosé, qui travaille dans un des bureaux du bâtiment, non loin de la vente privée, raconte: «Je suis monté dans les appartements où sont organisées les ventes. Il y avait un skinhead, crâné râsé, costaud, habillé tout en noir avec sa copine qui avait un look identique. A la caisse, il y avait un jeune qui semblait être accompagné de son père. Ce jeune allait sans cesse provoquer le skinhead qui lui aurait dit: «Je suis comme toi ici pour faire des achats». Il y avait une véritable tension. Le skinhead a quitté la vente et a attendu sous le porche, rejoint par deux autres skinheads. L'un avait une tenue militaire, l'autre un tatouage au coude. Le service de sécurité de la vente privée était aux fenêtres, pressentant visiblement que cela pouvait dégénérer.»
Dans des circonstances encore confuses, les «skins» restés dans le showroom auraient été attendus à la sortie par les militants d'extrême gauche. D'autres témoignages indiquent que c'est le contraire qui s'est produit. Au niveau du numéro 65, une rixe générale s'est déclenchée. Pris à partie par un des agresseurs, Clément Méric aurait été frappé à plusieurs reprises au niveau du visage par ce qui pourrait être un «poing américain». Le «militant antifasciste», dont la tête a heurté un poteau, est tombé inanimé.
Hauda, une jeune femme d'une vingtaine d'années, travaille pour un groupe de cosmétologie. Mercredi, elle quittait son travail pour rejoindre le RER, quand elle a assisté au drame. Elle a été entendue dans la soirée par la police, et ce jeudi matin, elle est revenue sur les lieux , sous le choc. Elle est effondrée, en larmes. Selon elle, les skinheads sont sortis de la vente et ont attendu Clément et ses copains dehors. Elle raconte, bouleversée: «On a entendu crier, on a essayé de protéger le jeune homme , tenté de faire barrage… Il y avait foule, tout le monde s'est mobilisé pour le secourir. Les gens ont même tenté de le ranimer pendant une heure. Les 4 agresseurs avaient tous le même profil. Je me souviens en particulier de l'un d'eux, trapu, rasé, en bombers». Devant l'Eglise de la rue Caumartin, Houda désigne le plot d'une poubelle sur laquelle s'est heurté la tête du jeune homme, sous ses yeux. Sur le banc voisin, des roses ont été déposées.
«Cette violence met gravement en danger notre pacte républicain»Les investigations s'orienteraient vers une agression à «connotation politique» dans cette affaire «extrême droite contre extrême gauche». L'enquête a été confiée au 1er district de police judiciaire (DPJ).
«Cette violence porte la marque de l'extrême droite et met gravement en danger notre pacte républicain», a souligné Manuel Valls dans un communiqué.
Dans un entretien au
Figaro, Serge Ayoub, leader des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) a réfuté toute implication de son groupe dans cette bagarre. «C'est une certitude absolue, j'ai appelé chaque membre des JNR pour en être certain, et les personnes qui semblent impliquées ont l'air beaucoup plus jeunes que mes troupes», a-t-il dit, tout en soutenant que la bagarre avait été initiée par des militants d'extrême gauche. Serge Ayoub, alias «Batskin», ancien leader des skins parisiens qui a gardé une forte influence sur le milieu, affirme que les trois hommes et la fille impliqués dans l'agression sont des jeunes d'une vingtaine d'années, «dont un n'est même pas politisé». Selon lui, ils ont été «pris à partie par cinq militants d'extrême gauche qui leur ont promis de les massacrer à la sortie. Le service d'ordre de la vente privée en a été témoin. Il a proposé à ces trois jeunes plus la gamine d'attendre.» Toujours selon «Batskin», «quand ils sont descendus dans la cour - la vente se situait dans les étages -, les jeunes d'extrême gauche les attendaient. La sécurité est sortie une deuxième fois pour les accompagner dehors.»