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Hollande : un "an II de l'offensive" pour ramener la croissance
Le 16.05.2013 à 18h07 • Mis à jour le 16.05.2013 à 19h50 François Hollande donne sa deuxième grande conférence de presse au palais de l'Elysée à Paris, le 16 mai.
Se présentant, jeudi 16 mai, devant les journalistes pour la deuxième conférence de presse de son quinquennat, au lendemain de l'annonce d'une récession en France au début de 2013, François Hollande a défendu sa politique économique et sociale. Souhaitant un "an II du quinquennat" sous le signe de "l'offensive", le président de la République a plaidé pour un gouvernement économique européen et a maintenu son objectif d'inverser la courbe du chômage.SON BILAN DE PRÉSIDENT
- Depuis un an, "de grandes réformes ont été engagées"
François Hollande a commencé par défendre le bilan de la première année de son quinquennat.
"De grandes réformes ont été engagées", a-t-il rappelé, citant notamment
"le sérieux budgétaire", "le pacte de compétitivité", "la maîtrise du monde de la finance" et
"l'accord sur la sécurisation de l'emploi". Le chef de l'Etat a résumé cette première année par
"la défense de [la] souveraineté, la remise en ordre de l'économie, la sauvegarde [du] modèle social et la réparation des injustices".SON STYLE PRÉSIDENTIEL
- "Je n'ai pas cherché à être populaire"
La cote de popularité de François Hollande est la plus basse qu'ait connu un président de la V
e République un an après son élection. Mais le chef de l'Etat assure ne pas être préoccupé par ces mauvais chiffres à répétition.
"Je n'ai pas cherché à être populaire mais plutôt à prendre les bonnes décisions, a-t-il assuré.
Je suis président au pire moment. Ce qui sera déterminant sera l'état du pays à la fin mandat. C'est sur ces résultats que je demande à être jugé."
- Un remaniement est "possible" mais "pas d'actualité"
Interrogé sur un possible remaniement ministériel – qu'il avait lui-même évoqué dans un entretien à
Paris Match au début de mai –, François Hollande a exclu cette hypothèse dans l'immédiat.
"C'est possible, mais ce n'est pas aujourd'hui, et ce n'est pas maintenant, et ce n'est pas d'actualité", a affirmé le président de la République. Il a, par ailleurs,
"renouvelé toute [s]
a confiance au premier ministre", Jean-Marc Ayrault, dont il a dit :
"Il est courageux, loyal et désintéressé, dans une période difficile.
"
- Jérôme Cahuzac "ne devrait pas se présenter"
Moins de deux mois après son départ du gouvernement et sa mise en examen pour "blanchiment de fraude fiscale", Jérôme Cahuzac songe désormais à se présenter à sa propre succession lors de l'élection législative partielle dans le Lot-et-Garonne.
"Le mensonge déshonore la politique, a asséné François Hollande à l'égard de l'ancien ministre du budget, qui avait nié pendant des mois, avant de finalement avouer, avoir possédé un compte secret en Suisse.
Jérôme Cahuzac ne devrait pas se présenter à quelque élection que ce soit."SA POLITIQUE ÉCONOMIQUE
- Inverser la courbe du chômage : "Je m'y tiens"
Lors de ses vœux à la fin de l'année 2012, François Hollande avait érigé comme objectif pour 2013 d'
"inverser la courbe du chômage". Alors que le nombre de demandeurs d'emploi a atteint un niveau record en mars, le chef de l'Etat a maintenant cette ligne directrice.
"Je m'y tiens, a-t-il affirmé.
La courbe du chômage peut s'inverser d'ici à la fin de l'année, mais la bataille ne sera gagnée dans la durée que si la croissance revient."Le président a listé l'ensemble des dispositifs de politique de l'emploi adoptés depuis un an, notamment les emplois d'avenir, les contrats de génération ou l'accord sur le marché du travail. Il a confirmé que Michel Sapin, son ministre du travail, avait demandé certains assouplissements autour des emplois d'avenir et des contrats de génération pour favoriser leur décollage, jusqu'ici plutôt lent. Mais il n'a fait aucune nouvelle annonce.
"Tout doit être mis en œuvre pour que les mesures qui ont déjà été engagées puissent être amplifiées pour faire reculer le chômage à la fin de l'année", a-t-il ainsi expliqué, renvoyant visiblement au retour de la croissance tout espoir de faire baisser le chômage.
- La réforme des retraites abordera "les inégalités entre régimes"
François Hollande n'a pas voulu se dérober sur la prochaine reforme des retraites.
"Est-ce que, comme président de la République, je peux laisser 20 milliards d'euros de déficit en 2020 ?" a-t-il plaidé, confirmant implicitement son intention d'augmenter la durée de cotisation.
"Dès lors que l'on vit plus longtemps, on devra travailler aussi un peu plus longtemps", a-t-il expliqué tout en se gardant bien de rentrer dans les détails.
Une concertation avec les partenaires sociaux doit démarrer lors de la conférence sociale le 20 et 21 juin, avec pour objectif de présenter un projet de loi en septembre. François Hollande a, par ailleurs, plusieurs fois assuré que sa réforme concernera aussi
"les inégalités entre régimes", ou celles qui
"frappent les femmes". Un sujet potentiellement explosif.
L'amnistie sociale possible dans "des cas exceptionnels"Le président de la République a justifié son opposition à l'"amnistie sociale" prônée par le Front de gauche, qui prévoit d'amnistier les syndicalistes et militants associatifs condamnés sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Le rejet en commission du texte par l'Assemblée nationale, ce jeudi 16 mai, a été interprété par le parti de Jean-Luc Mélenchon comme un
"enterrement" et une
"trahison". "Par expérience, je ne suis pas favorable au droit d'amnistie, parce qu'il favorise certains et pas les autres, a expliqué François Hollande.
Le texte présenté au Sénat n'était pas parfait. (...) Il y a des actes qui ne sont pas tolérables : quand on détruit un bien, ce n'est pas tolérable. Aucun conflit ne justifie qu'on détruise." Le chef de l'Etat a toutefois gardé la porte ouverte à une amnistie dans
"des cas exceptionnels, que nous pouvons regarder."SES AMBITIONS POUR L'EUROPE
- Un "gouvernement économique" pour la zone euro
Pour son
"an II de l'offensive", François Hollande entend
"lancer une initiative européenne" en quatre points :
- L'instauration, avec les pays de la zone euro, d'un "gouvernement économique avec un véritable président qui se réunirait tous les mois" et dont la tâche serait d'"harmoniser la fiscalité et les convergences sociales par le haut". Il engagerait également "un plan de lutte contre la fraude fiscale" ;
- Un "plan européen pour l'insertion des jeunes", doté de 6 milliards d'euros ;
- Le développement d'une "communauté européenne de l'énergie pour assurer la transition énergétique" ;
- L'ouverture d'une "nouvelle étape d'intégration, avec une capacité budgétaire" pour la zone euro et "la possibilité progressivement de lever l'emprunt".
- Avec Merkel, "nous arriverons à trouver un accord"
Quelques semaines après la polémique engendrée par un texte du Parti socialiste dénonçant
"l'intransigeance égoïste de la chancelière Merkel", François Hollande a reconnu des différends avec la dirigeante allemande.
"Nous n'avons pas les mêmes idées, mais nous avons la même responsabilité", a-t-il déclaré, ajoutant que
"l'Allemagne a été plus touchée que la France par la récession". "Il faut trouver le compromis, sur tous les sujets. Nous arriverons à trouver un accord sur la relance européenne, sans attendre les élections allemandes à l'automne", a assuré le chef de l'Etat. A Berlin, Mme Merkel avait dit, presque au même moment, que sa relation avec François Hollande était "bonnes", même si des divergences existaient.
- Une zone de libre-échange avec la Chine "à deux conditions"
M. Hollande n'a pas fermé la porte à l'idée d'une zone de libre-échange entre la Chine et l'Union européenne,
"à deux conditions". "La première condition, c'est la réciprocité, les règles doivent être les mêmes pour chaque partenaire, a-t-il expliqué.
L'autre condition, c'est le juste échange, que nous obéissions aux même principes."SA POLITIQUE ÉTRANGÈRE
- Sur la Syrie, "avoir une discussion franche avec la Russie"
En Syrie,
"actuellement, la guerre l'emporte sur tout le reste", a regretté le chef de l'Etat.
"Notre ligne rouge, c'est l'utilisation des armes chimiques. Nous avons des indices, mais pas encore de preuve." M.Hollande a regretté qu'
"au moment même où la Russie accepte l'idée d'une conférence pour la paix, elle continue de livrer des armes au régime d'Al-Assad". "C'est pourquoi nous devons avoir une discussion franche avec elle, pour la convaincre que son intérêt est aussi d'en finir avec Bachar Al-Assad", a assuré le président de la République.
- Otages français : "La France n'a pas versé la moindre rançon"
Saluant l'action du président camerounais Biya,
"qui a été essentielle", M. Hollande a assuré que
"la France n'a[vait]
pas versé la moindre rançon pour libérer les otages" enlevés en février dans le nord du Cameroun et libérés à la mi-avril grâce à l'entremise du Cameroun.