La Cour de révision annule deux condamnations pour meurtre

WEB - GOOGLE - ACTUALITE > Société

La Cour de révision annule deux condamnations pour meurtre

Publié le 15/05/2013 à 17:04


Abdelkader Azzimani et Abderrahim el-Jabri.

Abdelkader Azzimani et Abderrahim el-Jabri ont obtenu mercredi l'annulation du verdict prononcé en 2003, en raison des aveux de deux autres suspects. Depuis 1945, la procédure de révision n'a abouti qu'à huit acquittements.

Deux hommes condamnés à 20 ans de réclusion criminelle viennent d'obtenir l'annulation de ce verdict prononcé en 2003. Abdelkader Azzimani, bientôt 48 ans, et Abderrahim el-Jabri, 47 ans dans quelques jours, purgeaient une peine pour un meurtre commis à Lunel, dans l'Hérault, à la fin des années 1990. En 2009, le dossier avait été rouvert suite au revirement d'un suspect. L'affaire avait rebondi en 2011 avec l'arrestation, les aveux et la mise en examen pour assassinat d'un manutentionnaire et d'un directeur de centre de loisirs d'une trentaine d'années.

Les deux condamnés, remis en liberté conditionnelle en 2009 et en 2011, avaient alors demandé l'annulation de leur condamnation. L'avocat général Patrick Bonnet avait soutenu cette demande le mois dernier, recommandant la tenue d'un nouveau procès pour les acquitter. «Attendu que sont ainsi établis des faits nouveaux ou inconnus de la juridiction de nature à faire naître un doute sur [leur] culpabilité, [la Cour de révision] annule leur condamnation», écrivent les juges mercredi.

Abderrahim el-Jabri est sorti de la cour en faisant le V de la victoire, dédiant ce succès à son père, décédé durant sa détention. «C'est un combat enfin gagné, on s'est battu comme des lions», commente-t-il. «C'est l'humanité de ces deux hommes, leur abnégation, leur ténacité, leur correction, qui nous a fait tenir, qui nous a fascinés», ajoute l'un de leurs avocats.

Abderrahim el-Jabri se décrit aujourd'hui «sans haine», même s'il reconnaît que la reconstruction est difficile et que la détention l'a marqué durablement. Abdelkader Azzimani, entouré au palais de justice d'une fille qu'il n'a pas vue grandir, a subi un infarctus il y a quelques mois et souffre, selon ses avocats, de maladies psychosomatiques qui l'empêchent de travailler.

Revirement de situation

Les faits remontent à 1997. Abdelaziz Jhilal, un petit dealer de cannabis de 22 ans, est tué de 108 coups de couteau. A l'époque, tout accuse Abdelkader Azzimani et Abderrahim el-Jabri. Impliqués eux-aussi dans un trafic de stupéfiants, ils sont parmi les derniers à avoir vu la victime vivante, selon des témoins. Mais les deux hommes clament leur innocence. Après six ans de réclusion pour la vente de drogue, ils écopent en 2003 d'une peine de vingt ans pour meurtre. Une décision confirmée en appel dès 2004, après la requalification du chef d'accusation en «complicité» d'homicide, l'auteur principal n'étant pas identifié avec certitude.

Après plusieurs années derrière les barreaux, le revirement d'un témoin à charge dont le récit comportait dès l'origine des imprécisions, vient faire basculer l'affaire. Notamment sur l'heure à laquelle se sont déroulés les événements. Alors que le légiste estimait que la mort avait eu lieu dans la soirée, il affirmait de son côté avoir assisté à la scène dans l'après-midi. Des incohérences qui poussent la justice à rouvrir le dossier en 2009. Les traces ADN figurant dans les scellés sont versées au fichier des empreintes génétiques et les nouveaux suspects sont confondus. Ces derniers sont aujourd'hui en attente de jugement.

La date du nouveau procès, par la cour d'assises du Gard, d'Abdelkader Azzimini et d'Abderrahim el-Jabri, n'est pas encore fixée. Les deux hommes attendent un acquittement. Depuis 1945, la procédure de révision n'a abouti qu'à huit acquittements, le dernier en date étant celui de Marc Machin, blanchi en décembre pour un meurtre qu'il n'avait pas commis.