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Meurtre de deux militaires en Guyane : aveu des suspects
Mis à jour le 29/07/2012 à 12:01 | publié le 28/07/2012 à 15:29
La traque a été menée de concert par les forces franco-brésiliennes.
Les deux Français ont été tués dans une embuscade tendue aux militaires et gendarmes français le 27 juin dans la zone aurifère guyanaise de Dorlin.
Manoel Ferreira Moura a été arrêté vendredi avec un complice dans le nord du Brésil, après un mois de traque. La police brésilienne affirme qu'ils ont avoué avoir tué les deux militaires français le 27 juin.
Sa cavale, digne d'un scenario de polar, aura duré un mois. Et c'est à Macapa, capitale de l'État brésilien de l'Arnapa, que le principal suspect du meurtre de deux militaires français, fin juin lors d'une opération contre les chercheurs d'or clandestins en Guyane, a finalement été arrêté.
Manoel Ferreira Moura, un Brésilien de 25 ans, dirigeait un site d'orpaillage près de Dorlin en Guyane, que les militaires français tentaient de contrôler lorsqu'ils ont été pris en embuscade le 27 juin. Décrit comme frêle et surnommé «Manoelzinho» («petit Manoel»), le jeune homme est soupçonné d'autres crimes au Brésil. Deux de ses complices ont été interpellés en même temps que lui: une jeune femme qui aurait accompagné sa fuite et Ronaldo Silva Lima, un autre Brésilien. Samedi, la police a affirmé que les deux hommes avaient avoué «leur participation dans le meurtre de Sebastien Pissot et Stephane Moralia», les deux militaires tués dans la fusillade.
Près de 120 gendarmes français mobilisés
Après leur crime, les suspects avaient fui à travers la forêt sur plus de 200 km en direction de la frontière brésilienne. Empruntant des voies connues de l'orpaillage illégal, le groupe dérobait pirogues et quads sur son parcours. Depuis 15 jours, près de 120 gendarmes français étaient mobilisés pour les traquer au coeur de la jungle amazonienne, en coopération avec les forces brésiliennes. C'est d'ailleurs l'unité d'élite brésilienne du Bataillon des opérations spéciales (BOPE) qui a procédé à l'interpellation.
Manoelzinho serait entré au Brésil mardi, en franchissant en pirogue, de nuit, le fleuve Oiapoque qui marque la frontière guyanaise. Le lendemain, confiant, il organise pour ses 25 ans «un barbecue avec de la bière», raconte un policier brésilien. Jeudi, il trouve un 4x4 et un chauffeur afin de rallier Macapa, à 600 kilomètres de pistes au sud. Grâce à des témoins, les policiers locaux retrouvent sa trace et avertissent leurs collègues du BOPE à Macapa, qui ont pour consigne de le «prendre vivant».
L'enquête brésilienne a mis au jour plusieurs clichés du jeune Brésilien pris durant sa cavale. Sur certains, il apparaît caché derrière une casquette et des lunettes noires, un col de veste relevé sur ses oreilles. D'autres le montrent à Dorlin, paradant avec ses comparses, toujours en fuite à l'heure actuelle. Quelques jours après leur exaction présumée, on voit les suspects hilares, exhibant des fusils mitrailleurs ou des pistolets automatiques. Au moment de son arrestation, Manoelzinho portait un pistolet, un couteau, ainsi que 5000 dollars en liquide. Son complice, lui, disposait d'un même pistolet et de 275 dollars. La jeune femme qui les accompagnait aurait indiqué aux policiers avoir vu les deux hommes enterrer deux fusils d'assaut semi-automatiques.
En France, la ministre de la Justice Christiane Taubira a dit samedi sa «satisfaction» d'apprendre l'arrestation de ces suspects. «Les actes d'enquête et les poursuites qui doivent intervenir, a-t-elle expliqué, relèvent maintenant de la coopération entre les autorités judiciaires françaises et brésiliennes afin que ces faits graves puissent recevoir une réponse pénale appropriée.» Une information judiciaire a été ouverte par le parquet martiniquais pour «meurtres et tentatives de meurtres en bande organisée, associations de malfaiteurs». Dans ce cadre, huit suspects d'origine brésilienne sont toujours recherchés.