WEB - GOOGLE - SPORT > Football > Ligue 1 > PSG Casseurs du PSG : l'insuffisance du dispositif policier fait polémique
Mis à jour le 14/05/2013 à 00:22 - Publié le 13/05/2013 à 21:52
La Préfecture de police avait sans doute sous-estimé la menace.
Les heurts du Trocadéro, qui signent le retour des casseurs dans la capitale, mettent en évidence un défaut d'anticipation de la préfecture de police de Paris. De premiers incidents, dès dimanche, auraient pourtant dû mettre les autorités en alerte.
«C'est parti très fort.» Cette confidence d'un syndicaliste policier très lié à la Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris en dit long sur l'embarras et les explications sérieuses que réclamera inévitablement mardi aux aurores le ministre de l'Intérieur, en personne, au sujet des débordements des supporteurs du PSG.
Lundi, en tout cas, avant que la nuit ne tombe sur la capitale, les policiers disaient nourrir de «vives inquiétudes » pour la soirée. Ils assuraient que «les casseurs sont organisés et savent utiliser à leur profit les mouvements de foule». Vers 20 h 20, alors que le public s'était dispersé, «un groupe de 400 à 500 personnes, sans doute des supporteurs ultras, harcelaient toujours les forces de l'ordre près du podium. Et un autre groupe, de 100 à 200 personnes, bloquait en partie la circulation sur les Champs-Élysées en marchant sur la chaussée», témoignait alors une source de la préfecture. À 20 h 30, plusieurs groupes continuaient à affronter les CRS, leur lançant des barrières de sécurité ou du verre pilé, tandis que les forces de l'ordre répliquaient en jetant des grenades assourdissantes.
Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie-officiers, estimait de son côté que «le dispositif policier avait été bien dimensionné. En revanche, le renseignement a peut-être péché par excès d'optimisme ». En clair : la riposte initiale était adaptée pour des heurts que la direction du renseignement de la préfecture estimait sans doute moins importants.
Dès dimanche, de premiers incidents auraient pourtant dû mettre les autorités en alerte. Car noyés dans une foule de 3000 personnes, une bonne centaine d'énergumènes avaient déjà semé le trouble dans les beaux quartiers de la capitale, au prétexte de fêter la victoire de leur club fétiche. «Le problème, c'est que lundi soir, la foule comptait 5000 à 6000 personnes et que les trublions était des centaines. Et là, ce n'est plus la même organisation pour les forces mobiles et les unités d'interpellation qui savent gérer, à condition qu'il y ait eu un minimum d'anticipation », explique un officier de police.
Au plus fort du rassemblement, la préfecture de police estime que 10.000 à 15.000 personnes se trouvaient au Trocadéro. «On aurait pu prévoir l'ampleur de l'événement mais cela a été sous-estimé», a déclaré Fabien Vanhemelryck, secrétaire national d'Alliance, le second syndicat des gardiens de la paix. «Nous avons été débordés », alors que «nous savions tous ce qui aurait pu se passer », a-t-il ajouté.
De son côté, la préfecture de police de Paris défendait hier soir le dispositif mis en place. «Nous sommes en soutien de l'organisateur et nous avions un dispositif très conséquent de sept unités mobiles », soit 490 CRS et gendarmes mobiles, «sans compter les forces de police locales », au nombre de 800, a détaillé une source à la préfecture. Côté organisateur, le club du PSG avait déployé des stewards, mais manifestement en nombre insuffisant, comme ont pu le constater les journalistes sur place, contraints d'évacuer l'estrade dédiée à la presse quand celle-ci a été prise d'assaut par la foule.
L'ancien ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, qui avait beaucoup œuvré pour endiguer la violence dans le football, a regretté «un déplorable retour en arrière. Nous avions réussi à éradiquer la violence des stades, à rendre le football aux familles. Et le spectacle auquel nous assistons désormais en plein Paris témoigne d'un échec patent de nos successeurs.»
Répondant au Figaro, l'ex-premier flic de France a ajouté: «Je ne sais pas quels effectifs de sécurité ont été déployés par la Préfecture de police pour encadrer cet événement. Mais à l'évidence, une expertise s'impose pour déterminer si le nombre de membres des forces de l'ordre, l'organisation et les moyens ont été suffisamment anticipés.»
Depuis l'arrivée de Manuel Valls en 2012 Place Beauvau, cette affaire du PSG signe en tout cas le retour des casseurs dans la capitale. Un fait suffisamment marquant pour qu'il appelle de la part des autorités à une réponse énergique.