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La BPCO, une maladie respiratoire mal connue
Publié le 29/04/2013 Radiographie pulmonaire d'un fumeur atteint de broncho-pneumopathie chronique obstruc­tive.
AVIS D'EXPERT - Le diagnostic de cette affection grave survient souvent trop tard, expliquent les docteurs Christophe Pinet et Alain Bernardy, membres du conseil scientifique de la Société de pneumologie de langue française.
Qui connaît la broncho-pneumopathie chronique obstruc­tive ou BPCO? Pour le grand public, cette affection respiratoire est souvent une inconnue. Selon un micro-trottoir effectué après le plan gouvernemental BPCO de 2005-2010 (1) qui était censé faire connaître cette maladie, l'acronyme BPCO évoquait plus une banque qu'une maladie! De plus, la BPCO, affection très fréquente, n'est pas toujours bien connue des médecins.
En France, la BPCO touche 3,5 millions de personnes, plus de 20 % des fumeurs, est responsable de nombreuses hospitalisations et de 17 000 morts environ par an. Dans les pays occidentaux, à l'orée de 2020, des projections de l'OMS en font la troi­sième cause de mortalité après les ­affections cardio-vasculaires et les cancers.
La BPCO est due à l'inhalation de toxiques respiratoires, essentiellement la fumée de tabac, mais aussi d'autres toxiques de l'environnement, notamment professionnels (agriculture, bâtiment ou industrie du textile, par exemple). Ces toxiques inhalés engendrent une destruction progressive et irréversible du système respiratoire avec une obstruction des bronches et une destruction des alvéoles pulmonaires (emphysème pulmonaire). L'impossibilité du poumon à correctement oxygéner le sang dans les formes les plus graves définit l'insuffisance respira­toire. Il existe une prédisposition individuelle à cette maladie car tous les fumeurs ne développent pas une BPCO. Aucun test actuel ne permet de le prévoir. Un phénomène récent: elle touche de plus en plus la femme jeune.
Une perte de qualité de vieDès lors, quels symptômes doivent alerter et faire penser à une BPCO? La manifestation la plus invalidante est un essoufflement. Il apparaît d'abord pour des efforts importants, puis pour ceux de la vie quotidienne. Le sujet adapte ses activités physiques à son essoufflement, cause d'un déconditionnement physique, d'une sédentarité et d'une perte de qualité de vie. L'essoufflement est précédé souvent par une toux chronique avec des crachats quotidiens, c'est la bronchite chronique. Cette toux fréquemment banalisée, «la toux du fumeur», doit déjà attirer l'attention. Parfois, la maladie est révélée par une complication fréquente, l'exacerbation ou aggravation des symptômes, provoquée par les infections respiratoires ou la pollution
L'évolution lente et insidieuse de la BPCO conduit les patients à sous-estimer fréquemment leurs symptômes, rendant le diagnostic tardif. Près de 75 % des patients atteints d'une BPCO ne se savent pas malades et 37 % des patients souffrant d'une BPCO sévère estiment leur maladie légère à modérée. Donc, la BPCO devrait être évoquée chez tous les sujets de plus de 40 ans fumeurs ou exposés à des toxiques, essoufflés ou qui toussent et crachent au moins trois mois par an. Le diagnostic nécessite la mesure du souffle: c'est la spirométrie, qui met en évidence l'obstruction des bronches et en détermine la sévérité.
D'autres pathologies associéesEn outre, la BPCO s'associe fréquemment à d'autres maladies (dépression, ostéoporose, perte musculaire, obésité ou amaigrissement…) en particulier cardio-vasculaires. Un patient avec une BPCO a un risque plus élevé d'angine de poitrine, d'insuffisance cardiaque et de troubles du rythme. Dans l'année qui suit un infarctus du myocarde, la mortalité est doublée.
L'arrêt du tabagisme est la seule mesure actuellement capable de freiner l'évolution de la maladie, c'est dire son importance pour tous les fumeurs avec ou sans BPCO. Des traitements médicamenteux spécifiques existent et améliorent le souffle, la qualité de vie et limitent le nombre d'exacerbations. Cependant, ils ne guérissent pas la maladie. L'activité physique est une composante indispensable du traitement des BPCO, car elle favorise le déconditionnement.
Un conseil simple et efficace: bougez plus! Une marche quotidienne de 30 minutes diminue la sédentarité. Le patient peut aussi se faire aider, dans des centres spécialisés de réhabilitation respiratoire ou par des kinésithérapeutes de ville.
Tout est donc réuni pour que la BPCO soit mieux connue et diagnostiquée le plus précocement possible. Fréquente, grave et invalidante, elle peut être prévenue et traitée. Notre objectif doit être une meilleure connaissance de la BPCO par les professionnels de santé et à terme du grand public. Comme l'écrivait M. Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, en 2004: «Tout doit être entrepris pour maintenir le “capital souffle” de chacun et donc mieux connaître la BPCO.» Chiche!