WEB - GOOGLE - ACTUALITE > International Libye : des ministères encerclés par des miliciens
Mis à jour le 29/04/2013 à 09:22 - Publié le 29/04/2013 à 09:19
Des véhicules surmontés de canons antiaériens, dimanche, devant le ministère des Affaires étrangères.
À Tripoli, des hommes armés exigent l'exclusion de hauts responsables du ministère des Affaires étrangères, notamment. Le pouvoir appelle la population à lutter contre ces appels aux purges massives.
Les coups de force des groupes armés se multiplient pour purger les administrations des ex-kadhafistes. Dimanche, des milices ont encerclé à Tripoli le ministère des Affaires étrangères, avant de tenter de prendre le ministère de l'Intérieur et le siège de l'agence nationale de presse (Lana). Lundi matin, le ministère de l'Intérieur et le siège de la Lana étaient dégagés. En revanche, les Affaires étrangères restaient encerclées par des hommes en armes qui réclament l'adoption d'une loi qui exclurait les anciens kadhafistes des postes de haut rang dans la nouvelle administration.
«Le ministère des Affaires étrangères restera fermé jusqu'à la mise en œuvre de la loi sur l'isolement politique (des anciens responsables kadhafistes, ndlr)», a averti le commandant de la milice.
Dimanche, une trentaine de véhicules, dont plusieurs armés de canons antiaériens, ainsi que des dizaines de miliciens, ont encerclé le bâtiment. Un responsable du ministère des Affaires étrangères a déploré des méthodes «extrêmement offensantes», même si les demandes sont «légitimes», soulignant que cela ne justifiait pas de «paralyser le travail de tout un ministère».
Appel aux citoyensCette offensive des groupes armés coïncide avec l'examen par la plus haute autorité politique, le Congrès général national (CGN), de la loi sur l'exclusion politique des collaborateurs du régime déchu, qui risque de mettre sur la touche plusieurs hauts responsables. Cette loi provoque des remous au sein de la classe politique libyenne. Récemment, les membres du CGN avaient été encerclés durant plusieurs heures par des miliciens, qui s'en étaient pris ensuite à leur président, Mohammed al-Megaryef.
Le pouvoir, qui a du mal à asseoir son autorité à travers le pays face aux nombreuses milices armées, paraît décidé à contrer ces actions. Au cours d'une conférence tenue dimanche, le premier ministre Ai Zeidan a appelé la population à se placer du côté des autorités contre les miliciens. «Il y a des gens qui veulent déstabiliser le pays et terroriser les étrangers et les ambassades. J'espère que les citoyens leur feront face», a-t-il ajouté.
M. Zeitan a estimé que le siège du ministère des Affaires étrangères, qui intervient cinq jours après l'attentat perpétré contre l'ambassade de France à Tripoli, est de nature à «faire fuir les étrangers, les compagnies et les ambassades occidentales».
«L'exclusion politique est une obligation», lui a répondu un protestataire devant le ministère des Affaires étrangères.
Ces développements rappellent la débaassification forcée conduite par les nouveaux maîtres de l'Irak à la chute du dictateur Saddam Hussein en 2003, avant de se raviser quelques années plus tard sous le poids des réalités, lorsque les violences se sont nourries du vide créé par la purge des anciens cadres du régime irakien.