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À Paris, violents incidents après la fin de la manifestation des anti-mariage pour tous
Le 24.04.2013 à 08h39 • Mis à jour le 24.04.2013 à 10h31
Les appels à la dispersion de la Manif pour tous en fin de rassemblement n'ont pas été suivis. Après plus d'une semaine de manifestations quotidiennes des anti-mariage homosexuel, de violents incidents sont venus clôturer une soirée de protestation contre la loi sur le mariage pour tous, mardi 23 avril, sur l'esplanade des Invalides à Paris. Un débordement sans doute prévisible : quelques heures plus tôt, vers 17 heures, la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe venait d'être solennellement adoptée par l'Assemblée nationale. Mais rien ne laissait présager une telle intensité dans la révolte.Il est 22 h 15 lorsque 100 à 200 manifestants se dirigent d'un pas déterminé vers l'entrée de la rue de l'Université, en direction de l'Assemblée. Le cortège de la Manif pour tous a été officiellement dissous une vingtaine de minutes plus tôt. Le dispositif de sécurité du collectif ne parvient pas à contenir les protestataires qui semblent bien décidés à jouer les prolongations. On voit les maillots rouge estampillés "Sécurité" être débordés, puis se dérober peu à peu, alors que des projectiles sont jetés contre les CRS barrant la voie.
DRAPEAUX VENDÉENS, PIRATEBouteilles en verre, cailloux et de nombreux pétards sont lancés en direction des forces de l'ordre.
"On est chez nous, on est chez nous",
"Hollande, ta loi on en veut pas", les slogans fusent en alternance avec le jet de bouteilles de bières. Masques, lunettes de ski, foulards, ceux qui ont décidé d'en découdre sont assistés de guetteurs munis de mégaphones. En face, la police ne répond pas.
Des manifestants affrontent la police après la fin de la manifestation contre le mariage pour tous, dans la nuit du 23 avril.
En quelques minutes, plusieurs centaines de personnes, issues de la manifestation précédente, observent et rejoignent le groupe des belligérants. On ne distingue plus ni le spectateur ni le supporter, et encore moins les meneurs de jeu. Seule reste une foule compacte de 500 à 1 000 personnes. Les pulvérisations de gaz lacrymogène se font rares. L'attroupement agressif redouble d'intensité. Animés par une colère non dissimulée, ils n'agitent pas de drapeaux roses, blancs et bleus. Leurs étendards sont plus imposants. Vendéens, pirates, fabrication maison, on ne sait pas bien à quelle organisation ils appartiennent.
Soudainement, aux alentours de 23 heures, un détachement de ces manifestants se met en tête de déloger les journalistes postés aux premières loges. Une course-poursuite s'ensuit, de la rue Constantine jusqu'au quai d'Orsay.
"Collabos, salauds, pourris", entend-on hurler. Plusieurs reporters sont projetés au sol. Journalistes et photographes témoignent sur leurs comptes Twitter avoir
"été tabassé" ou
"pris à partie". Les échauffourées ne s'arrêtent pas là. Une dizaine de personnes s'emparent de barrières, de barres de fer, de gaines électriques laissées sur un chantier du quai de Seine, pour les lancer sur la police.
Des manifestants affrontent la police après la fin de la manifestation contre le mariage pour tous, dans la nuit du 23 avril.
Face à une telle violence directe, les CRS et gendarmes mobiles resserrent les rangs. Les manifestants sont finalement regroupés sur les pelouses de l'esplanade, de part et d'autre d'un groupe de quelques 200 "veilleurs" agenouillés pacifiquement à la lueur de bougies.
Jusqu'à minuit, les pressions des manifestants ne cessent pas. Et comme si de rien n'était, certains s'extirpent de la foule, rangent leurs foulards dans leur poche intérieure de leur manteau et allument une cigarette, loin de l'agitation. Lorsque les "veilleurs" lèvent le camp en entonnant des chants scout, la fin des débordements semble proche. Il faudra pourtant attendre 1 h 10 du matin pour que le quartier retrouve son calme. Douze personnes ont été interpellées.