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Un espoir de vaccin contre l'hépatite C
Publié le 10/01/2012Test de dépistage rapide de l'hépatite C. En attendant la création d'un vaccin, des antiviraux très efficaces permettent d'ores et déjà d'éradiquer le virus dans 70% des cas.
Un essai mené sur des volontaires sains a donné des résultats intéressants.
Un essai britannique montre la faisabilité d'un vaccin contre l'hépatite C, alors que l'on pensait cet objectif inatteignable étant donné que ce virus mute tout le temps: dix fois plus que celui du sida! Les résultats publiés la semaine dernière dans la revue américaine Science Translational Medicine mettent en évidence un effet biologique apparemment protecteur. Reste à démontrer qu'il est efficace dans la «vraie vie».
Pour obtenir une réponse immunitaire, l'équipe de l'université d'Oxford, à l'origine de l'essai, a dû ruser. «Les gènes codant pour des protéines appartenant à la structure du virus de l'hépatite C ont été recombinés avec un adénovirus de chimpanzé inactivé pour servir de vecteur et ainsi former un vaccin injecté à 41 volontaires sains», explique le Dr Lawrence Serfaty, hépatologue au CHU Saint-Antoine à Paris Pourquoi un virus de chimpanzé? «C'est simple, il était moins intéressant d'utiliser un adénovirus humain contre lequel beaucoup de personnes ont déjà une immunité préexistante et qui aurait donc été éliminé par l'organisme.Grâce à ce subterfuge, la réaction immunitaire obtenue a été forte et surtout durable: au moins une année, sans effet secondaire majeur.» Pour autant, la route avant la commercialisation d'un vaccin (si elle se concrétise) est encore longue: une dizaine d'années environ.
170 millions d'humains infectésAlors, réel progrès ou effet d'annonce pour une infection virale délétère pour le foie et touchant au moins 170 millions d'humains selon l'Organisation mondiale de la santé? «Dans les pays où l'on compte encore des centaines de milliers de nouveaux infectés par le virus de l'hépatite C, notamment en raison de pratiques chirurgicales à risque (pas de matériel à usage unique, mauvaise stérilisation), la mise au point d'un tel vaccin représenterait évidemment une avancée considérable, souligne le Pr Christine Silvain, chef du service d'hépatogastroentérologie au CHU de Poitiers. Mais pour un pays comme le nôtre où l'on estime qu'il y a chaque année 2500 à 3000 nouveaux cas diagnostiqués, la portée serait plus limitée. La population à risque est en effet très ciblée, surtout limitée aux milieux de la drogue. Dans ces conditions, on imagine mal que l'on puisse un jour proposer ce vaccin à tous nos nourrissons, comme c'est le cas du vaccin contre l'hépatite B, alors que seuls ceux qui toucheront aux drogues plus tard encourront un risque important.»
Prévention et dépistageFinalement, c'est plutôt l'usage thérapeutique qui pourrait être fait de ce vaccin qui intéresse nos médecins. On compte environ 370.000 porteurs du virus de l'hépatite C. Or, parmi ces personnes qui contractent le virus, 20 % d'entre elles arrivent à s'en débarrasser spontanément et de façon très efficace, sans doute par le biais de leurs lymphocytes tueurs. «Si l'on arrivait à mimer cette réponse grâce à la vaccinothérapie, ce serait une avancée vraiment intéressante pour les personnes infectées», poursuit le Pr Silvain.
En attendant d'y arriver, les maîtres mots pour combattre l'hépatite C restent «prévention» et «dépistage», d'autant qu'environ la moitié des Français contaminés ne savent pas qu'ils le sont. Certains antécédents devraient pourtant les alerter. Avoir reçu une transfusion sanguine ou subi une intervention chirurgicale lourde avant la mise en place d'un test de dépistage performant du virus de l'hépatite C sur les dons de sang (début des années 1990) sont des facteurs de risque classiques. Utiliser des seringues souillées (drogues injectables) ou recourir à des pailles (ou autres objets) déjà utilisées, pour sniffer des drogues, en sont d'autres. «Enfin, se faire un tatouage ou un piercing avec du matériel déjà utilisé et non stérilisé, aller faire des soins dentaires ou une chirurgie esthétique à l'étranger sans s'être renseigné au préalable sur les conditions d'asepsie, c'est aussi prendre des risques inutiles, même s'ils sont plus faibles que pour le virus de l'hépatite B», insiste le Pr Silvain.
Et comme une hépatite C peut évoluer durant des années sans le moindre symptôme, il n'y a pas le choix: au moindre doute, il faut faire une prise de sang à la recherche d'anticorps dirigés contre le virus de l'hépatite C, à compléter par des examens du foie en cas de résultat positif. C'est d'autant plus important que 20 % des personnes porteuses du virus de l'hépatite C vont présenter une fibrose du foie sévère, susceptible d'évoluer en cancer. «Or il existe d'ores et déjà des antiviraux très efficaces, permettant d'éradiquer le virus dans 70 % des cas. Encore faut-il consulter avant que la cirrhose ne soit constituée, faute de quoi, même si le virus est ensuite éradiqué, la maladie hépatique peut continuer d'évoluer pour son propre compte», conclut le Dr Serfaty.