Jamel Administrateur
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| Sujet: Des milices islamistes apparaissent en Egypte Dim 17 Mar - 8:00 | |
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Des milices islamistes apparaissent en Égypte
Mis à jour le 16/03/2013 à 18:18 | publié le 15/03/2013 à 19:19
Manifestation de soutien à la police égyptienne contre les miliciens islamistes, vendredi au Caire. Pour combler le vide sécuritaire, des groupes formés par la Jamaa Islamiya entendent faire régner l'ordre.Combien sont-ils? Nul ne le sait, mais leur percée est source d'inquiétude en Égypte. Voilà plusieurs jours que la presse locale évoque l'existence de ces nouveaux miliciens islamistes qui menacent de faire la loi pour répondre au vide sécuritaire provoqué par la récente grève des policiers. Sur une vidéo qui circule sur YouTube, on les voit parader à moto dans les rues d'Assiout, en Haute-Égypte. L'organisation à l'origine de ces comités populaires religieux n'est autre que la Jamaa Islamiya, un ex-groupe djihadiste converti à la politique depuis la chute de Moubarak et l'élection d'un islamiste à la présidence. Contacté par Le Figaro, Assem Abdel Maged, membre du bureau politique de la Jamaa Islamiya, déclare sans détours: «Que les fonctionnaires de police qui entendent poursuivre leur grève sachent qu'ils ne retrouveront pas leur poste une fois que nous aurons pris la relève. Une chose est sûre: nous ne laisserons pas la situation sécuritaire se détériorer.» Il fait là référence à cette nouvelle vague de violence suscitée la semaine dernière par le verdict du procès lié à une bousculade meurtrière, l'année dernière, dans le stade de Port-Saïd. Déjà impopulaire sous Moubarak, et aujourd'hui accusés par les opposants de servir de bras armé au président Morsi, les policiers ont fini par déclarer forfait dans la cité portuaire au motif qu'ils étaient injustement instrumentalisés par le pouvoir. Depuis, leur grève s'est étendue à d'autres villes du pays, dont Asiout. «Là-bas, précise Assem Abdel Maged, nous avons commencé à organiser des comités permettant de combler le vide et de maintenir l'ordre.» Quand on l'interroge sur le nombre, la formation et l'armement de ces nouveaux miliciens, il se contente de répondre: «Avec l'aide de Dieu, nous protégerons le peuple.» À Assiout, des témoins racontent avoir déjà vu ces miliciens à l'action à certains carrefours, où ils remplacent les agents de circulation. Également repérés dans d'autres villes, dont Suez et Minya, on ignore à ce jour s'ils ont mené des perquisitions. «Pour résoudre la crise sécuritaire, il faut des actes et pas seulement des mots», prévient cependant Assem Abdel Maged, en s'appuyant sur un obscur article du code pénal, récemment mis en exergue par le procureur général du Caire, et qui permettrait l'arrestation de «voyous» par des civils. Les Frères nient en blocAccusés par l'opposition laïque de cautionner ces milices pour terroriser les manifestants, les Frères musulmans, dont est issu le président Morsi, nient tout en bloc. «C'est la police, et seulement la police, qui doit être en charge de la sécurité. Nous refusons l'existence de ces milices, car elles sont sources de désordre», insiste Mohammed Makawy, un des porte-parole du parti Liberté et justice, la branche politique de la confrérie. Visiblement soucieux de calmer le jeu, Mohammed Morsi s'est déplacé en personne, ce vendredi, dans un centre de la police, où il a salué dans un élan inhabituel le rôle de la police «dans la protection du pays», tout en mettant les Égyptiens en garde contre des «rumeurs qui pourraient diviser les rangs». Son discours n'a pas convaincu les associations de défense des droits de l'homme. Pour elles, le chef d'État soutient indirectement ces milices parallèles par le seul fait qu'il les laisse s'organiser en toute impunité. Certains activistes craignent également que les miliciens de la Jamaa Islamiya n'en viennent, à l'avenir, à épauler ou suppléer les forces de l'ordre dans de futures manifestations. Le cheikh Alaa Sadek, membre du Parti de la reconstruction et du développement, l'antenne politique de la Jamaa, s'en cache à peine. «La révolution a offert la liberté à tous, mais de nombreuses personnes en abusent pour faire du sabotage, brûler des bâtiments et servir leurs propres intérêts», confie-t-il au Figaro. En ajoutant: «L'objectif de la Jamaa est d'aider à la mise en place du projet islamique modéré en veillant au respect des lois. Nous ne laisserons personne mettre en péril cet objectif.» Une initiative dangereuseSes paroles suscitent la vigilance des observateurs. «D'après moi, la création de cette milice répond plus à une volonté de la Jamaa Islamiya de montrer qu'elle a suffisamment de poids pour peser sur la scène politique et rassembler ses membres en temps de crise. Mais cette initiative est dangereuse: elle pourrait inciter d'autres forces politiques, y compris libérales, à créer leurs propres milices, ce qui enfoncerait le pays dans une crise encore plus profonde», observe Ali Bakr, spécialiste des mouvances islamistes au Centre al-Ahram pour les études politiques et stratégiques. | |
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