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Israël accusé de maltraiter des enfants palestiniens
Mis à jour le 06/03/2013 à 22:19 | publié le 06/03/2013 à 22:16
Selon l'Unicef, les mineurs palestiniens, âgés d'au moins 14 ans, peuvent se voir condamnés jusqu'à dix ans pour des jets de pierre.
Selon un rapport de l'Unicef, les soldats israéliens infligent de mauvais traitements aux mineurs palestiniens qu'ils arrêtent, interrogent et placent en détention. L'Etat hébreu rejette en bloc ses accusations.L'Unicef affirme, dans un rapport publié mercredi, que des enfants palestiniens vivant en Cisjordanie subissent de mauvais traitements dans le système de détention militaire israélien. Des actes que l'agence onusienne qualifie de «répandus, systématiques et institutionnalisés» et qui violent les lois internationales. Le motif invoqué pour leur arrestation est souvent le même: avoir jeté des pierres sur les forces armées, ou être soupçonné de l'avoir fait. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance dénonce les tribunaux militaires pour enfants «uniques au monde», alors qu'ils n'existent dans d'autres pays qu'à titre exceptionnel.
Jusqu'à dix ans de prison pour des jets de pierreL'Unicef a travaillé sur ce phénomène des enfants prisonniers pendant un an. Elle s'est basée sur les témoignages de près de deuxcents enfants qui disent avoir été maltraités, des avocats palestiniens et israéliens, ainsi que des rapports de l'ONU et d'autres ONG présentes sur place. «En l'espace de dix ans, une estimation de 7000 enfants, majoritairement des garçons âgés de 12 à 17 ans (vivant en Cisjordanie), ont été détenus, interrogés, poursuivis et/ou arrêtés par le système judiciaire militaire israélien», détaille le rapport. Soit une moyenne de deux enfants par jour. Les peines de prison peuvent aller de 6 mois pour un enfant de 13 ans, jusqu'à dix ans pour un enfant de 14 ans, et parfois plus lorsqu'il atteint l'âge de 16 ans.
L'Unicef dresse un tableau précis des arrestations des enfants. Au milieu de la nuit, des militaires entrent sans prévenir à leur domicile et ordonnent à la famille de sortir. Des meubles et des vitres sont parfois cassés. L'enfant est emmené dans une jeep, sans autres précisions, sans qu'il ait pu changer de vêtements. Les soldats ne précisent pas aux familles où sont emmenés leurs enfants. Certains sont parfois arrêtés dans les rues à proximité de leur foyer.
De leur lieu d'arrestation jusqu'au lieu de l'interrogatoire, le transfert peut durer une journée entière. Des menaces et des accusations verbales sont proférées par des soldats. Les enfants ont les yeux bandés et les mains liées par des menottes en plastique qui leur écorchent la peau. Ils manquent d'eau, de nourriture, on les empêche de dormir, et ils ne peuvent aller aux toilettes.
Au cours de leur interrogatoire, aucun avocat ou membre de la famille n'est présent. Les enfants sont rarement informés de leur droit, et lorsqu'ils signent leur confession, cette dernière est rédigée en hébreu qu'ils ne comprennent pas. Cet interrogatoire est un «mélange d'intimidation, de menaces et de violences physiques, avec le but évident de forcer l'enfant à se confesser», explique le rapport de l'Unicef. Puis, en attendant l'audience du tribunal, les enfants sont détenus dans une cellule d'isolement pendant une période pouvant aller jusqu'à un mois. Une fois jugés, beaucoup d'entre eux plaident coupable de peur de voir leur peine augmenter.
La loi du silencePourquoi arrêter des enfants alors qu'ils ne jettent que des pierres? Un membre de l'Unicef explique, sous couvert d'anonymat, que l'armée souhaite faire régner en Cisjordanie la loi du silence. Il suppose que si l'armée israélienne emprisonne des enfants, même innocents, c'est pour que les familles palestiniennes préviennent d'autres enfants, afin qu'ils évitent la prison, en arrêtant de jeter des pierres. Lorsqu'ils sortent de prison, la plupart d'entre eux sont traumatisés par leur expérience. Ils évitent de sortir dans la rue et se mettent à fuir lorsqu'ils croisent un soldat.
Yigal Palmor, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, a déclaré que les autorités ministérielles et militaires avaient collaboré avec l'Unicef sur ce rapport, dans le but d'améliorer le traitement des mineurs palestiniens en détention. Mais, à l'Unicef, on se fait peu d'illusions quant aux promesses des autorités israéliennes, parce que «les autorités militaires ont rejeté en bloc et violemment les accusations», tout en confirmant qu'il existait «quelques petits problèmes».
L'un des cadres supérieurs du bureau du procureur général de l'armée israélienne a nié le fait que les mineurs n'aient pas le droit de voir leur famille ou leur avocat pendant leur interrogatoire. «Peu de parents prennent le temps de venir (au poste de police)», a-t-il précisé. Il a déclaré qu'en 2011, l'un des jeunes palestiniens emprisonnés, âgé de 17 ans au moment de son interpellation, a poignardé à mort deux colons juifs et trois de leurs enfants, dont l'un était âgé de trois mois.