Les Palestiniens refusent les solutions transitoires avec Israël
Par Agence | 09/12/2013 | 22:30
Les dirigeants palestiniens récusaient lundi l’idée d’un nouvel accord intérimaire et du maintien d’une présence militaire israélienne sur leur territoire, envisagés par l’administration américaine, exigeant une souveraineté complète après la conclusion d’un accord de paix.Le plan américain pour répondre aux préoccupations de sécurité d’Israël sur la création d’un Etat palestinien complique également la tâche du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui va se retrouver sous pression pour exposer ses positions sur les questions de fond, comme Jérusalem, les réfugiés, les colonies et les frontières, soulignent les commentateurs israéliens.
«Il n’y aura aucun accord sans les prisonniers, Jérusalem et les questions de statut final», a affirmé le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina.
Dans les propositions du secrétaire d’Etat américain John Kerry, «il est question d’un accord-cadre», a indiqué à l’AFP Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du Comité exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP).
«Qui a dit que nous voulions un accord-cadre? Nous voulons l’indépendance complète et résoudre toutes les questions de statut final, en vertu des accords et du droit international», a-t-il souligné, rappelant que M. Kerry s’était engagé lors du lancement des négociations à rechercher un accord global et non plus intérimaire.
Il a également dénoncé les idées présentées par M. Kerry sur la sécurité aux frontières d’un futur Etat palestinien avec la Jordanie, déjà qualifiées la semaine dernière par un responsable palestinien de «très mauvaises».
«Ces idées vont mener les efforts de Kerry dans l’impasse et à l’échec total», a renchéri M. Abed Rabbo.
Le président américain Barack Obama a prévenu samedi que les Palestiniens devraient accepter une «période de transition» après la signature d’un accord de paix, précisant qu’«ils ne pourraient pas obtenir tout ce qu’ils veulent dès le premier jour».
Les Etats-Unis ont trouvé les réponses aux préoccupations de sécurité d’Israël, a-t-il assuré, tout en s’en remettant à la décision du gouvernement israélien.
Revendications minimales des PalestiniensM. Netanyahu exige qu’un Etat palestinien soit démilitarisé et qu’Israël puisse y garder des forces à long terme dans la vallée du Jourdain. Les Palestiniens refusent toute présence militaire israélienne sur leur sol après un accord de paix mais acceptent une force internationale, une option rejetée par Israël.
Le commentateur politique du quotidien israélien Maariv souligne que la formule américaine prévoit le maintien de l’armée israélienne sur le Jourdain pendant des années, avec une réduction progressive. Il ajoute que sur les questions de fond, «il n’y a pas un gouvernement (en Israël) pour accepter les revendications minimales des Palestiniens».
Lors d’une réunion lundi de son parti, le Likoud, M. Netanyahu a d’ailleurs critiqué indirectement le ministre centriste Yaïr Lapid, chef de la deuxième formation de la coalition, qui avait évoqué un changement de la composition de celle-ci en cas d’avancées dans les négociations.
«Ce n’est pas la coalition qui dictera les progrès avec les Palestiniens, mais notre expérience», a rétorqué le Premier ministre.
L’éditorialiste du quotidien israélien Yediot Aharonot considère que les propositions américaines sur la sécurité forcent M. Netanyahu à abattre ses cartes, au risque de rouvrir le débat en Israël sur les frontières et menacer la cohésion de son gouvernement.
Maariv rapporte également que les services de M. Kerry ont informé les négociateurs palestiniens du report d’un mois de la libération du prochain contingent de prisonniers par Israël, perçu comme un moyen de pression pour les amener à accepter les arrangements proposés dans la vallée du Jourdain.
«Nous refusons catégoriquement tout report de la libération du troisième groupe de prisonniers, prévue le 29 de ce mois», a dit le négociateur palestinien Saëb Erakat, de Washington, où il doit rencontrer le secrétaire d’Etat américain.
Mahmoud Abbas s’est engagé à suspendre pendant les pourparlers de paix toute démarche d’adhésion de la Palestine aux organisations internationales, en échange de la libération en quatre phases des 104 Palestiniens emprisonnés avant les accords de paix d’Oslo de 1993, dont la moitié ont été relâchés.