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Pécresse : «Aucun gouvernement n’a fait autant pour moraliser la fiscalité»
Publié le 08.01.2012, 09h32 PARIS (VIIème), VENDREDI. «La gauche rêverait que le président de la République s’enferme à l’Elysée et ne fasse plus rien jusqu’à l’élection. Mais sa stratégie, c’est l’action et cela le restera jusqu’à la dernière minute», avance Valérie Pécresse.
Personne ne doute de la volonté de Nicolas Sarkozy de faire un second quinquennat, assure la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, qui reproche à François Hollande d’avancer masqué.
Pourquoi lancer une réforme comme la TVA sociale en pleine période électorale?
VALÉRIE PÉCRESSE. Le président de la République a décidé de lancer avant l’élection une profonde réforme du financement de notre système de protection sociale pour favoriser l’emploi. En baissant le coût du travail, nous augmenterons la compétitivité des produits français. Il n’est plus légitime de faire supporter aux entreprises une part des dépenses de solidarité, alors que nous sommes dans une concurrence mondiale avec des pays dont les coûts de production sont inférieurs aux nôtres.
Mais vous aviez cinq ans pour vous attaquer à cette question…
On a fait les réformes progressivement, l’université, le crédit impôt recherche, les retraites… Jamais un gouvernement n’aura autant réformé en cinq ans!
L’opinion est majoritairement contre cette TVA sociale. Vous prenez un gros risque?Le plus gros risque, c’est l’inaction. La gauche rêverait que le président de la République s’enferme à l’Elysée et ne fasse plus rien jusqu’à l’élection. Mais la stratégie du président, c’est l’action et cela le restera jusqu’à la dernière minute. Face à une situation de crise et l’aggravation du chômage, nous ne pouvons rester les bras croisés.
Cette TVA sociale entrera-t-elle en vigueur avant la présidentielle?Le projet de loi de finances concrétisant cette réforme sera voté avant la présidentielle. Les modalités ne sont pas arrêtées. Nous organisons un sommet sur la crise le 18 janvier. Nous prendrons les décisions au vu des propositions des partenaires sociaux. Nous ne sommes bloqués sur aucun dispositif.
Les voitures produites par Renault au Maroc ou en Roumanie seront-elles touchées par la TVA sociale?Bien sûr. Les Renault fabriquées au Maroc seraient ainsi vendues en France plus cher. En taxant davantage les importations, nous inciterons les entreprises françaises à ne pas produire à l’étranger. Cela encouragera peut-être Renault à augmenter les capacités de ses usines françaises.
La gauche reproche à Nicolas Sarkozy d’être « le président des riches »…C’est un mauvais procès. Quand Lionel Jospin était Premier ministre, on pouvait gagner 1 M€ et ne pas payer d’impôts : tout simplement parce que les niches fiscales n’étaient pas plafonnées. Aujourd’hui, une personne gagnant 1 M€ paiera au minimum 325000 € d’impôts. Nous avons taxé les stock-options, les retraites chapeau et les plus-values sur les résidences secondaires. Aucun gouvernement n’a fait autant pour moraliser la fiscalité.
Comment jugez-vous la campagne de François Hollande?François Hollande avance masqué. Dans son adresse aux Français, il parle de rétablir les finances publiques et de désendetter la France. Mais il doit dire comment il compte faire et qui va payer. Il n’y a pas trente-six façons pour réduire les déficits : soit on baisse les dépenses, soit on augmente les taxes. La stratégie de Hollande, c’est de ne rien dévoiler de son projet. Les Français n’aiment pas la dissimulation.
L’UMP n’a toujours pas de candidat à trois mois de la présidentielle : n’est-ce pas hypocrite de la part de Nicolas Sarkozy?On est en crise, avec des Français qui souffrent. Le président est élu pour agir. Mais personne ne pense sérieusement qu’il y a un doute aujourd’hui sur la volonté de Nicolas Sarkozy de faire un deuxième quinquennat. Le processus de modernisation est d’une telle ampleur que je n’imagine pas que les Français ne veuillent pas le poursuivre.
Mais pourquoi ne pas se déclarer?Parce que les Français veulent un président qui préside.
Pourtant, sa cote dans les sondages reste très basse…
Notre responsabilité, c’est de dire la vérité, même quand elle n’est pas agréable à entendre, et de faire des propositions, même si elles peuvent heurter les idées reçues ou briser des tabous. Que ce soit sur le financement de la protection sociale ou sur l’Education nationale, il continue à être dans des réformes audacieuses.
Comment expliquez-vous alors qu’il ne remonte pas?Il y a un temps de mûrissement de la parole présidentielle. Il faut faire de la pédagogie, mais les Français sont très lucides sur la situation. Ils sont inquiets, mais ne sont pas encore dans le temps de la campagne. Ils attendent du candidat qui se présentera devant eux qu’il ait un vrai projet. On nous dit que Hollande accélère sa campagne, mais dans quelle direction?
Hollande a-t-il la carrure d’un président?Je n’attaque pas la personne, mais il disait que l’antisarkozysme est une paresse. Or, aujourd’hui, il cède à cette facilité avec la caricature, voire l’injure ou les petites phrases sur le président. Je demande à M. Hollande de ne plus être paresseux et d’apporter un projet pour la France. Comme dirait Mme Royal, il faut faire de la politique par la preuve. Il ne peut pas simplement nous dire qu’il va résoudre les déficits sans dire comment. Il ne joue pas cartes sur table.
Quand les Français vont-ils entrer dans la campagne?La cristallisation du vote du premier tour se fera dans les deux dernières semaines.
Les intentions de vote pour Marine Le Pen sont très élevées dans les sondages. Cela vous inquiète?Elle n’a aucune solution aux problèmes des Français. C’est un vote de rejet. L’antidote à Marine Le Pen, c’est l’action. Le gouvernement a un vrai bilan. Où en serait la France aujourd’hui sans la réforme des retraites, du service minimum ou des peines plancher?
Vous n’avez jamais d’états d’âme sur certaines prises de position, par exemple sécuritaires?Quand on est au gouvernement, on est solidaire. Je me suis toujours appliqué la devise de Chevènement : quand on n’est pas d’accord, on ferme sa gueule ou on démissionne. Je n’ai pas démissionné… Cela veut dire que je soutiens la politique du gouvernement.
Marine Le Pen doit-elle avoir ses 500 parrainages?Mais elle les aura! Pendant vingt ans, j’ai entendu Jean-Marie Le Pen prétendre ne pas avoir les parrainages et à chaque fois il a été candidat (NDLR : sauf en 1981, où il n’a pas pu se présenter)… Que ce soit difficile pour Marine Le Pen de les obtenir, c’est possible car certaines de ses prises de position sont choquantes. Dans notre démocratie, quelqu’un qui a son poids politique doit avoir ses parrainages et pouvoir être candidat. Mais ce n’est pas le rôle de l’UMP de les lui apporter.
Claude Guéant sera candidat aux élections législatives dans les Hauts-de-Seine. Les parachutages, cela marche encore?Vous connaissez la phrase d’Edgar Faure à ce sujet : « Je ne suis pas né dans ma circonscription, mais je promets de m’y faire enterrer. » Le rôle d’un député, c’est de s’engager pour une circonscription, que ses parents y habitent ou non n’a aucune importance.