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Pour Sarkozy, Jeanne d'Arc n'appartient à «aucun clan»
Publié le 06/01/2012 à 19:49 Nicolas Sarkozy devant une statue de Jeanne d'Arc ce vendredi.
Le chef de l'État a célébré le 600e anniversaire de la Pucelle d'Orléans.
C'est depuis la petite ville de Vaucouleurs que Nicolas Sarkozy a célébré le 600e anniversaire de la naissance de Jeanne d'Arc. Cette étape du chemin johannique, moins connue que les autres, n'avait pas reçu la visite d'un président de la République depuis celle du général de Gaulle, en 1961. Par chance pour cet hommage à haute portée politique, Vaucouleurs, qui domine le cours de la Meuse, à quelques kilomètres de Domrémy, était vendredi enluminé dans un ciel bleu. C'est de cette place forte, surnommée «la Ville du départ», que la Pucelle a lancé la petite armée qui la mènera jusqu'à Orléans, puis au sacre de Charles VII à Reims. Cette ville, symbole d'une reconquête, n'a pas été choisie au hasard par l'Élysée à la veille de cette campagne présidentielle.
«Le symbole de notre unité» Cet anniversaire est d'abord l'occasion idéale de refuser au Front national l'exclusivité de la Pucelle, car «Jeanne aime la France, elle n'appartient à aucun parti, à aucune faction, à aucun clan, Jeanne, c'est la France dans ce qu'elle a de plus singulier», a déclaré vendredi le président de la République. «Puissions-nous aussi continuer à penser à elle comme le symbole de notre unité et ne pas la laisser entre les mains de ceux qui voudraient s'en servir pour diviser», a-t-il dit. Un refus opposé aux prétentions du parti de Marine Le Pen à enrégimenter ce symbole du patrimoine national. Un refus dit sans effet de manche, en adoptant le ton présidentiel de rigueur.«Pour l'Égli­se, Jeanne est une sainte, pour la République elle est l'incarnation des plus grandes vertus françaises», a-t-il continué.
Pour évacuer toute accusation de récupération à la veille de la présidentielle, l'Élysée rappelle que François Mitterrand avait participé aux commémorations du millénaire capétien, en 1987, juste avant la présidentielle de 1988. Le numéro 2 du Parti socialiste, Harlem Désir, a néanmoins joint dans la même dénonciation le chef de l'État et la patronne du FN, les jugeant «les moins bien placés» pour célébrer Jeanne d'Arc, car «eux passent leur temps à diviser les Français et à jouer sur les peurs». En revanche, Vincent Peillon, chargé de l'éducation dans l'équipe de campagne de François Hollande, a jugé l'hommage présidentiel «tout à fait légitime, bien entendu». «Jeanne d'Arc appartient à notre histoire, elle joue un rôle symbolique éminent, elle n'est pas la propriété du Front national», a-t-il assuré.
Après une première étape à Domrémy, où il s'est recueilli dans la petite chapelle et devant sa maison, le chef de l'État a rejoint Vaucouleurs, accompagné notamment de son proche conseiller Patrick Buisson. Le patron de la chaîne Histoire a fait exceptionnellement le déplacement, car il a longtemps plaidé auprès du chef de l'État pour un hommage à cette «résistante, symbole de l'aristocratie du peuple».
«Politique de la mémoire»C'est la contribution de Buisson à la «métamorphose» de Sarkozy qui désormais incarne, à ses yeux, une «politique de la mémoire et de l'enracinement». La visite de la basilique du Puy-en-Velay, en février 2011, celle du petit village auvergnat de Montboudif pour le centenaire de la naissance de Pompidou, ou l'élargissement de la commémoration du 11 Novembre à tous les morts pour la France sont autant d'étapes voulues par le chef de l'État pour se placer dans une continuité historique, au moment où ses détracteurs ont toujours prétendu qu'il ne pensait qu'à être «moderne».
Finalement, le quinquennat se sera ouvert avec l'hommage au résistant communiste Guy Môquet -une initiative qui n'a pas été suivie par le corps enseignant. Il se termine avec l'hommage à Jeanne d'Arc.
Comme le montre l'exemple du 11 Novembre, le chef de l'État s'est placé dans la continuité d'une histoire, tout en dépoussiérant le rituel des commémorations. «Nous sommes les héritiers de cette histoire, commémorer, c'est d'une certaine façon remercier. Savoir dire merci à tous ceux qui ont fait cette grande nation qui compte dans le monde», a-t-il conclu.